Sur l’affiche de cette aventure marine attendue juste à temps pour la relâche scolaire figurent des noms connus comme Ginette Reno, Yves Jacques, Ludivine Reding, Mario Saint-Amant ou Guylaine Tremblay.
Ils prêtent leur voix à des bélugas solidaires, un esturgeon rigolo ou un épaulard sanguinaire. Et c’est eux qu’on pourra entendre en France et ailleurs dans la francophonie.
«C’est sûr que ça donne une super belle opportunité au film. C’est notre version qui va être distribuée. Ça ne va pas être redoublé. Je suis très contente de ça», confie la fondatrice de 10e Ave Productions, Nancy Florence Savard.
Avec des mammifères marins comme personnages principaux, l’histoire de Katak, le brave béluga se déroule majoritairement sous l’eau. Une particularité qui explique le fait que ce projet né autour de 2006 dans la tête de la scénariste — et navigatrice — Andrée Lambert arrive maintenant au grand écran.
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«On n’avait pas à ce moment les technologies et les budgets nécessaires», note Nancy Florence Savard, dont l’entreprise a depuis offert aux familles cinéphiles des œuvres comme La Légende de Sarila, Le coq de St-Victor, Nelly et Simon : Mission Yéti et plus récemment Félix et le trésor de Morgäa, dont les droits ont été cédés dans quelque 170 pays et territoires.
Quand Katak et ses complices émergent, des paysages bien de chez nous se dévoilent aux spectateurs : la baie de Tadoussac, les îles de Mingan, Natashquan...
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«Quand on me demande pourquoi faire des films d’animation ici alors qu’on est bien servi, semble-t-il, par nos amis états-uniens, je réponds qu’on raconte des histoires qu’ils ne feraient pas. On essaie de mettre de l’avant la faune et la flore d’ici, mais aussi nos artistes et nos créateurs», explique Nancy Florence Savard.
«Faire refléter des histoires qui sont universelles, mais qui sont bien ancrées dans le décor québécois, jusqu’à présent, ça nous a bien servi», ajoute-t-elle.
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Quête d’émancipation
Emprunté à la langue innue, Katak suggère un côté lointain, une distance à parcourir. C’est le nom choisi par Andrée Lambert pour le héros de son histoire, un béluga qui n’a pas perdu sa couleur grise à un âge où il devrait être devenu blanc.
À cause de ce retard de croissance, il ne peut pas aller vivre avec les mâles, restant plutôt avec les femelles du clan, dont sa mère, qui le surprotège.
Alors que le stress causé par l’activité humaine rend la reproduction plus difficile dans la communauté de bélugas, Katak sent poindre la fin d’une époque. Sa Mamie se fait vieille et fatiguée. Elle voudrait revoir son grand amour avant de partir.
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Le jeune acceptera la mission d’aller chercher son aïeul au Nord. Seront témoins ou acteurs de son périple un esturgeon, des phoques, des bernaches et un redoutable épaulard dont la fille végane est aussi en quête d’émancipation.
Katak, c’est aussi le nom du voilier d’Andrée Lambert, qui a mis sa griffe sur des émissions jeunesse comme Cornemuse, Toc toc toc ou Salmigondis et qui signe son premier scénario pour le grand écran.
Les personnages qu’elle a écrits pour Katak, elle les a vus encore et encore sur son bateau.
«Je voulais parler d’un enfant qui n’était pas comme les autres, mais qui finissait par s’accepter et surtout à changer le regard que les autres posaient sur lui», raconte l’autrice, qui ne savait pas au départ s’il prendrait une forme humaine ou animale.
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«Par une belle journée, je suis arrivée en voilier à l’embouchure du Saguenay, devant la baie de Tadoussac. Il y avait une douzaine de bélugas qui s’ébattaient autour du bateau. J’ai su que mon histoire allait se passer là et que mon petit héros serait un béluga», reprend-elle.
Andrée Lambert évoque les phoques «curieux et comiques» qu’elle a rencontrés au fil de ses navigations. Puis les bernaches qui s’installent pour l’été dans la marina de Cap-à-l’Aigle.
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Elle cite cet épaulard qui a dans la vraie vie été baptisé Jack-Knife par des biologistes et qui a «terrorisé» la région pendant un moment.
«Les bélugas, je me suis attachée à eux, ajoute-t-elle. Je les ai beaucoup observés, en gardant mes distances. Sans en faire la trame principale, j’ai ancré l’histoire dans le contexte du déclin de la population des bélugas dans le Saint-Laurent, en espérant sensibiliser certaines personnes au problème.»
Katak, le brave béluga est attendu au cinéma le 24 février.
Faire honneur aux lieux
Avec une famille ancrée à Baie-Sainte-Catherine et dans les environs, la réalisatrice Christine Dallaire Dupont, qui signe Katak, le brave béluga avec Nicola Lemay, était soucieuse de faire honneur aux lieux qui accueillent le périple des personnages.
«Le gros défi de ce film était de marier nos contraintes techniques avec la beauté de l’art et des lieux, indique-t-elle. Il fallait consolider ces trois aspects et arriver avec une esthétique qui se tient.»
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Elle décrit l’eau du Saint-Laurent qui n’est pas bleue, mais souvent verte, voire opaque. Elle évoque également un rapport au temps qui est peut-être un peu différent loin de la ville.
«C’est un lieu que je connaissais beaucoup. C’est aussi un lieu qui est lent. Quand on parle de ne pas le dénaturer, c’est en termes de visuel, mais aussi de rythme. Ce n’est pas là où il y a de gros partys ou beaucoup d’action. On va là pour respirer, écouter, se laisser bercer au rythme des vagues», décrit la réalisatrice.
«Un béluga qui plonge, ça prend son temps, reprend-elle. Je pense qu’on détonne un peu du modus operandi qu’on voit souvent en animation et qui est très frénétique. On est allé à l’opposé. C’est un risque qu’on a pris et qui est assumé.»
Au-delà du doublage
Alexandre Bacon connaît bien le doublage. Il a notamment prêté sa voix au Spider-Man incarné par Tom Holland au cinéma ou au cowboy Andy dans Histoire de jouets 3.
L’interprète du personnage de Katak a vécu une expérience différente en studio. Il n’y avait pas d’images auxquelles il fallait se modeler dans ce film en création et pensé dès le départ en français. C’était à lui de donner son souffle au jeune béluga.
«C’était la première fois que ça m’arrivait. C’était vraiment un projet inspirant», confie le comédien.
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Immense voix de la chanson québécoise, Ginette Reno campe dans Katak une Mamie enveloppante, mais encourageant les envies de liberté de son petit-fils. Pour la petite histoire, la chanteuse avait d’abord rencontré les Productions 10e Ave avec une idée de film de Noël. Des délais trop serrés ont réorienté la collaboration vers ce nouveau film d’animation.
«On lui a proposé de venir voir comment ça se passait à l’intérieur et de prêter sa voix à un personnage. Comme c’est une version originale française, on lui a dit qu’elle pourrait insuffler de sa personnalité. Elle a sauté sur l’occasion», relate la productrice Nancy Florence Savard.