«Ça serait un monde idéal. Il y a déjà eu des réflexions qui ont été faites [là-dessus]», souligne celui qui a décrété le contrat de service avec les organisations ambulancières privées en 2017.
L’ancien élu libéral cite en exemple l’organisme public Urgences-santé, créé en 1989, qui dessert les régions de Montréal et de Laval. Selon lui, la création d’une entité panquébécoise s’en inspirant favoriserait une «uniformisation des services» à l’échelle provinciale.
«C’est techniquement faisable, car c’est extrêmement protocolaire. Il y a deux grandes composantes dans les services préhospitaliers d’urgence: les paramédics et leurs véhicules, ainsi qu’un centre de répartition. Quand vous appelez au 9-1-1, ce n’est pas au bon vouloir de la personne qui répond. Elle a un écran et elle doit suivre un protocole. Ensuite, ça devient une question de géolocalisation, de qualité des véhicules et de formation du personnel», explique-t-il.
Un autre ex-ministre de la Santé, Rémy Trudel, ne croit pas que la solution passe par la nationalisation de l’ensemble des services préhospitaliers d’urgence. «On n’a pas besoin d’une autre super organisation bureaucratique» comme Urgences-santé, estime l’ancien élu péquiste, qui enseigne maintenant à l’École nationale d’administration publique (ENAP).
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La responsabilité de l’État est toutefois de s’assurer que «les services sont rendus à un juste prix, avec une reddition de comptes», ajoute Rémy Trudel. «On est capable de faire affaire avec des entreprises privées qui ont l’obligation de faire de la reddition de comptes. Tout le secret est là, dans la reddition de comptes», insiste le professeur.
Manque de transparence
Questionné à savoir si Québec fait preuve de laxisme en matière de reddition de comptes d’entreprises privées qu’il finance en grande partie, Gaétan Barrette mentionne que «l’État fait preuve, dans beaucoup de cas, d’indulgence» et que «les standards dans le monde préhospitalier ne sont pas appliqués à la grandeur du Québec». Il note également qu’il existe «des inégalités, en compétence et en qualité physique des services, qui sont difficiles à justifier».
Dans le cadre des négociations avec les organismes privés ayant mené au contrat de service de 2017, l’ancien ministre a été à même de constater que certains d’entre eux n’étaient pas naturellement portés à faire preuve de transparence, notamment en ce qui a trait à leurs états financiers.
«Quand je négociais avec qui que ce ce soit, peu importe l’organisation à laquelle je faisais face, quand elle était privée, je demandais d’ouvrir leurs livres. Il y en avait qui les ouvraient plus que d’autres. Ça nous permettait de voir si les marges de profit étaient raisonnables ou déraisonnables. C’est ça qui est l’enjeu. Je n’ai pas de problème à ce qu’une entreprise privée fasse un profit raisonnable. Mais il y a en a qui voient le gouvernement comme une machine à imprimer des piastres», laisse-t-il tomber, se refusant à cibler une organisation.