Les cégépiens ne veulent plus d’enseignement à distance

La transition du secondaire vers le cégep à été difficile pour près du deux tiers des jeunes sondés par le CIRÉ.

Ils ont terminé leur secondaire en pleine pandémie et amorcé leur parcours collégial à distance, branchés sur un ordinateur. La presque totalité d’entre eux (94 %) ne voudrait pas revenir à cet enseignement, révèle une étude du Comité interordres de la relève étudiante (CIRÉ).


« Dans la vie scolaire, toutes les transitions sont des moments sensibles. On anticipait des moments plus difficiles pour ces jeunes-là », souligne la présidente du Conseil supérieur de l’éducation, Monique Brodeur.

Plus de 1000 étudiants inscrits dans les collèges de 13 régions, dont le Saguenay-Lac-Saint-Jean, ont répondu au sondage. La moitié estime que l’enseignement à distance ne lui a pas été bénéfique.



Olivier Joly fait partie de ces cégépiens. Il terminera ce printemps trois années d’études, dont seulement la dernière a été normale. « Quand j’ai fait ma demande d’admission, on n’était pas encore dans la pandémie. Lorsque j’ai reçu mon acceptation, on était dans ce qu’on pensait les deux semaines de vacances. On pensait bien qu’en août tout serait correct. Finalement, je suis arrivé au Cégep de Jonquière en pleine pandémie. »

Il a tout de même réussi à être assez motivé pour suivre ses cours et les réussir, mais il raconte que certains ont échoué parce qu’ils n’en pouvaient plus d’être assis devant un écran.

Une autre étudiante qui termine cette année son parcours collégial, Laurence Tremblay, raconte la même chose. « Je n’ai pas vraiment de difficulté à l’école, mais ce n’était pas captivant et motivant. Bien souvent, je faisais autre chose pendant que le cours se déroulait. Je sens que j’ai été impactée. Le cégep c’est un très gros changement et c’est censé être très social. »

D’abord devant des écrans noirs, puis avec des masques, les personnes qui ont commencé le cégep à l’automne 2020 ont été pratiquement 18 mois sans voir le visage en entier de leurs collègues. « Ma première session j’ai eu quelques cours sans masque et rapidement ça a changé. Ensuite, mon premier cours sans masque, c’était la dernière semaine en deuxième année. C’était bizarre. On a pris quelques minutes pour se regarder », raconte Olivier.



Plus éprouvant dans les centres urbains

Cette période de leur vie ne reviendra pas. C’est pour cela qu’Olivier dit en avoir profité grandement et qu’aujourd’hui, il accepte toutes les offres d’activités qui passent.

L’étude révèle par ailleurs que 36 % des personnes qui étudiaient en région urbaine pendant la pandémie ont répondu avoir trouvé leur transition entre l’école secondaire et le cégep difficile. C’est 10 % de plus qu’en région. « L’hypothèse qu’on peut en tirer, c’est qu’en milieu urbain, les règles sanitaires étaient beaucoup plus strictes et elles se sont étalées sur une plus longue période. Pour les jeunes qui souhaitent socialiser, c’était difficile », avance Mme Brodeur. La taille des établissements expliquerait aussi les variations régionales, conclut le rapport.

Autre différence, la cohorte de 2021 a mieux vécu cette transition entre le secondaire et le cégep que celle de 2020. « Le milieu était déjà mieux équipé. En 2020, les établissements n’ont eu que quelques mois pour préparer la session qui se ferait à distance », indique la présidente du Conseil supérieur de l’éducation. Aussi, ces jeunes avaient vécu la fin de leur secondaire principalement de façon virtuelle.

Aujourd’hui, Olivier Joly est d’avis, tout comme 46 % des répondants, qu’un enseignement hybride serait utile à certains moments. Il pense, entre autres, à cette fille dans son cours de philosophie qui pouvait uniquement le suivre à distance puisqu’à cette heure, elle n’avait pas de gardienne pour son enfant.

Monique Brodeur croit qu’effectivement, il faut voir les bons coups du système d’éducation qui a eu une belle capacité d’adaptation dans cette période de grands bouleversements. Un grand sentiment d’efficacité organisationnel en a émané.

Des impacts à long terme

Pour plusieurs, ils vivront une transition prochainement du collège vers l’université ou vers le marché du travail.



Olivier l’a déjà compris. Il confie que « c’est important de bien aller et de ne pas avoir honte de le dire si ça ne va pas. Aussi, il faut sortir faire des activités parce qu’on ne sait pas si ça peut s’arrêter. On en profite. »

De son côté, Laurence est heureuse de vivre une vraie fin cette fois.

« On a au moins une finalité. Le bal de finissant. Les stages. Tout va être normal. On n’a pas eu de bal. On n’a pas eu de fin à notre secondaire. Ça me manque vraiment. »