La promesse surréaliste de Québec solidaire

Lors de leur conseil national de la fin de semaine, les dirigeants de Québec Solidaire ont avoué que, lors du dernier scrutin, leur promesse de créer diverses taxes leur avait sans doute nui, parce que «mal expliquée». Sans doute. Je pense à la promesse de taxer les avoirs d’un individu de plus d’un million$.


Je ne veux pas juger ici de la pertinence de la promesse mais de sa faisabilité. Comment établir la valeur des avoirs d’un.e contribuable? Visiblement, les auteurs de cette trouvaille fiscale n’y ont pas pensé longtemps. On l’a vu quand, dès le lendemain, devant les questions des journalistes, on a admis qu’on n’avait pas tenu compte que la majorité des exploitations agricoles valent plus d’un million$. Et on a improvisé de les exclure.

Les avoirs incluent tout ce qu’un individu possède: ses comptes de banque ou de caisse, ses REER, son CELI, ses pensions, sa maison, son chalet, ses placements, sa participation dans une entreprise, son auto, sa tente-roulotte, son vélo, ses électroménagers, ses toiles, ses meubles et peut-être son commerce. Donc, il faudra créer un fichier unique pour assembler la valeur de tout cela pour les millions de contribuables du Québec.



Imaginez la bureaucratie gigantesque à venir: par exemple, il faudra inspecter l’intérieur de chaque domicile pour établir la valeur éventuelle des œuvres d’art, des électroménagers ou des meubles qui s’y trouvent; par exemple, il faudra évaluer chaque commerce du Québec à chaque année, pour établir sa valeur. Il faudra réunir en un seul fichier toutes les évaluations municipales du Québec (et les propriétés à deux partenaires). Imaginez la bureaucratie à mettre en place, les registres délirants, les centaines d’inspecteurs dépêchés dans les domiciles et les commerces... Ce serait hallucinant.

Cette promesse de taxation des avoirs est proprement inapplicable et surréaliste. Il ne s’agit pas simplement de «mieux l’expliquer» la prochaine fois, comme disait GND. Dans une société qui est la plus taxée en Amérique du nord selon le Centre de recherche en fiscalité de l’université de Sherbrooke, une telle taxe semble simple en apparence, mais serait en réalité kafkaïenne.