Un Super Bowl LVII sous le signe de la surconsommation 

Les Chiefs de Kansas City et les Eagles de Philadelphie s'affronteront dimanche à Phoenix pour remporter le Super Bowl LVII. 

Pourquoi regardez-vous le Super Bowl ? Les vrais amateurs du football répondront pour le match entre les deux meilleures équipes de la NFL. Mais la majorité d’entre vous dira pour tout ce qui entoure l’évènement. Bienvenue dans un monde où le sport n’est plus le maître du jeu.


Dimanche, 192,9 millions d’Américains adultes prévoient regarder le match entre les Chiefs de Kansas City et les Eagles de Philadelphie, selon un sondage de Prosper Insights & Analytics pour la Fédération nationale américaine du commerce de détail (NRF).

Parmi eux, quelques milliers de personnes assisteront au match au State Farm Stadium, domicile des Cardinals de l’Arizona. Le site Bookies.com a calculé qu’en moyenne deux personnes débourseront plus de 18 000 $US pour une paire de billets, un aller-retour en avion, deux nuits d’hôtel, un stationnement, un hot-dog et des boissons. 

Toujours selon Bookies.com, une Bud Light vaudra environ 17,50 $. L’achat de deux bières reviendra en moyenne à 35 $ US.

La NRF a quant à elle estimé que les dépenses totales en nourriture, boissons, vêtements, décorations et autres achats pour la journée devraient atteindre 16,5 milliards $US, soit 85,36 $US par personne.

Et qu’est-ce qu’on mange ce jour-là? Des ailes de poulet bien sûr. Le Conseil national du poulet aux États-Unis s’attend à une consommation de 1,45 milliard d’ailes de poulet. Soit une augmentation de 2 % par rapport à l’an passé, l’équivalent de 84 millions d’ailes supplémentaires.

Du côté des paris sportifs, l’Association américaine des paris s’attend à un montant record de 16 milliards $ US.

Le Super Bowl bien implanté au Canada

La fièvre du Super Bowl LVII s’emparera également des Canadiens. Selon un sondage de Time2play auprès de 1000 Canadiens en janvier, 52,6 % d’entre eux auront les yeux braqués sur un téléviseur.

Cependant le match en lui-même intéresse seulement 16,6 % des répondants. Le spectacle de la mi-temps attire à lui seul 31,6 % des Canadiens. Cette année, Rihanna en sera la vedette.  

Mais quelle que soit la raison pour laquelle on regarde le Super Bowl, il s’agit de l’un des évènements sportifs les plus importants pour les bars avec la Coupe du monde de soccer et les Jeux olympiques. 

La soirée du Super Bowl représente 15 à 20 % des ventes pour La Cage - Brasserie sportive. Dans les quatre dernières années, plus de 160 000 ailes de poulet ont été vendues en restaurant et plus de 180 000 ont été livrées chez des clients.

«Avant la pandémie, on était très axé sur les restaurants. Pendant la COVID, on a créé un kit destiné à la livraison. Il est resté. Les gens aiment venir à La Cage, mais ils apprécient aussi recevoir à la maison pour le Super Bowl», souligne M. Bédard.

Sept millions $US pour 30 secondes de pub 

S’il y a un évènement encerclé en rouge dans toutes les agences de publicité américaines, il s’agit bien de la finale de la NFL. Pour chaque 30 secondes, les marques ont dû débourser sept millions $US. 

Pour Frank Pons, professeur et doyen de la Faculté des sciences de l’administration de l'Université Laval, sept millions $ US ne représente pas tant d’argent si on regarde les répercussions. «Le coût peut paraître astronomique, mais pas tant que ça si on le ramène à l’audience. Les gens sont captifs. Environ 20 % des gens regardent le match pour les pubs, mais ceux qui sont là pour voir du football restent également devant leur écran pour les publicités. Les retombées économiques sont faramineuses pour les marques.»

La diffusion en continu tisse sa toile 

Le sport attire toutes convoitises y compris les entreprises de diffusion en continu. Amazon et Apple convoitent de plus en plus les parts de marché jusque-là réservées à la télévision traditionnelle. 

L’entente signée en 2021 entre la NFL et les câblodistributeurs rapportera 110 milliards $US sur 11 ans à la ligue. Fox, CBS, NBC, ESPN et ABC se partagent la diffusion. 

Cependant de plus en plus de personnes résilient le câble pour se tourner vers les plateformes numériques. Apple vient de dépenser 250 millions $US pour devenir pendant cinq ans le commanditaire du spectacle de la mi-temps. Pepsi avait payé le même prix, mais pour 10 ans.

«Dans le cas d’Apple, ce n’est pas négligeable. Ils sont actuellement dans une logique d’achat de droits d’évènements sportifs. Amazon possède déjà les droits de la NFL le jeudi. YouTube va diffuser les matchs de la NFL du dimanche après-midi. Et ces nouveaux joueurs utilisent les bonnes vieilles recettes de la télévision traditionnelle en introduisant de plus en plus la publicité dans leurs offres de forfaits», évoque Luc Dupont. 

Fin de l’exclusivité pour Anheuser-Busch

Un autre vent de changement plane sur le Super Bowl et la NFL. Le géant de la bière, Anheuser-Busch, a renoncé à son exclusivité après 33 ans sans partage. 

Pour la première fois depuis 1989, d’autres marques de bières et d’alcool vous pouvoir mettre de l’avant leurs produits. 

«C’est un changement important dans la mesure où, d’une part, durant le seul match du Super Bowl, il se vend pour 1,2 milliard $US de bière. Donc, c’est évidemment un terrain de jeu extraordinaire pour l’industrie, non seulement de la bière, mais aussi de l’alcool de façon plus général», se réjouit M. Dupont.

Molson Coors, Rémy Cointreau, Diageo avec le whisky Crown Royal et Sam Adams n’ont pas hésité à débourser des millions de dollars pour se retrouver au cœur de la grande messe du football américain.

Le Super Bowl aura lieu le 12 février à partir de 18h30. En français, il est diffusé sur RDS au Québec.