Ce n’est pas le cas.
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Après un premier automne sans restriction, les Québécois n’ont pas repris leurs habitudes en ce qui concerne les activités hors de la maison. Le milieu culturel ne serait pas le seul touché par ce phénomène.
«Ça ne me surprend pas», mentionne Pascale Bédard, professeure de sociologie à l’Université Laval.
«Deux ans, c’est long quand même. Les gens ont pris des habitudes différentes», ajoute la sociologue.
Évidemment, les Québécois sont beaucoup plus confortables chez eux en 2023 qu’ils ne l’étaient en 1923 et, même si l’être humain est un animal social, il demeure que «l’enfer, c’est les autres», fait valoir Mme Bédard.
Certaines personnes ont vraisemblablement perdu l’habitude des petits désagréments liés à la présence des autres et ceux-ci seraient devenus plus dissuasifs qu’avant.
«Peut-être que tu vas avoir de la misère à te trouver un parking, peut-être que tu n’auras pas la place que tu veux au cinéma, peut-être qu’il va y avoir quelqu’un qui va parler», énumère la professeure.
À l’inverse, les désagréments liés au fait de rester chez soi seraient devenus habituels et moins dérangeants.
Le Plan pour consolider, faire briller et propulser le milieu culturel (2022-2025) déposé en avril 2022 par le ministère de la Culture et des Communications du Québec prévoit 9 M$ sur deux ans pour «recréer les habitudes» des spectateurs et attirer de nouveaux publics.
L’objectif s’annonce de taille.
Il sera probablement plus laborieux de changer les habitudes de la population sans le contexte de la pandémie, croit Isabelle Morin, professeure et coordinatrice du programme de Sciences humaines du Cégep Limoilou.
Il lui semble également probable que la pandémie ait exacerbé une tendance déjà présente avant la crise sanitaire, et qui est notamment portée par les offres en matière de culture et de divertissement en ligne.
«Pourquoi se déplacer? La pandémie a mis en lumière cette offre», postule la professeure de sociologie qui, comme plusieurs, est devenue plus agile avec la technologie au cours des dernières années.
Les technologies modifient notre rapport au temps, affirme Mme Morin. Même avant la pandémie, elle voyait la culture de l’instantanéité gagner du terrain auprès des nouvelles générations.
«C’est très difficile de concurrencer les réseaux sociaux et Internet», sympathise la professeure.
La pandémie est-elle terminée?
Sans être les principales sources d’hésitation au moment d’acheter un billet, les risques associés à la propagation des virus (dont la COVID) et la possibilité qu’il y ait des mesures sanitaires à respecter ou que le spectacle soit annulé sont mentionnés par plus de 25% des personnes sondées.
Selon la sociologue Pascale Bédard, la pandémie peut avoir été vécue comme un traumatisme par certaines personnes. Même si le danger n’est plus nécessairement présent, il faut du temps pour se remettre d’un traumatisme.
De plus, comme le rappelle la sociologue Isabelle Morin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé à la fin du mois de janvier qu’elle maintenait le niveau d’alerte maximale pour la COVID.