Nouvel accident sur Dufferin-Montmorency, Guilbault fait confiance au radar

L'autoroute Dufferin-Montmorency 440 près de la sortie Francois-de Laval, à Beauport

Au lendemain d'une autre collision sur l’autoroute Dufferin-Montmorency et alors que le maire de Québec réclame un boulevard urbain, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, estime que le nouveau radar photo installé vendredi dernier suffira à ralentir la circulation dans cette zone accidentogène. La preuve : 68 contraventions ont été données en seulement quatre jours.


L’accident est survenu tout près du radar photo mis en service plus tôt cette année, pour faire ralentir les conducteurs dans ce secteur dangereux. Pendant un court tronçon, la vitesse passe de 100 km/h à 70 km/h. 

Vers 18h45, une voiture en a embouti une autre qui patientait au feu rouge pour se diriger vers le boulevard François-de-Laval. Les circonstances de cet accident rappellent celles du terrible drame survenu en septembre 2021, où quatre personnes de la famille Fletcher ont perdu la vie, dont deux enfants. 

Un chauffard, sous l’influence de l’alcool et de drogues, avait percuté de plein fouet le véhicule au feu rouge, à la même intersection. 

Cette fois-ci, la Sûreté du Québec assure qu’aucun élément criminel n’est en cause dans cette collision. Même si les véhicules sont une perte totale, personne n’a été blessé.

«Le radar est entré en fonction vendredi dernier et il y a eu quand même 68 contraventions qui ont été données depuis vendredi, depuis quatre jours», a révélé la ministre Guilbault, mardi, en entrevue dans les couloirs du parlement de Québec.

«Ça démontre que ça fonctionne, au sens où des gens qui ont fait des excès de vitesse ont reçu une contravention», a-t-elle poursuivi.

À titre comparatif, le radar installé à l'intersection de l'autoroute Charest ouest et de l'avenue Saint-Sacrement a donné 2756 constats pendant le mois de janvier 2023. Pour l'année 2022, environ 100 conducteurs ont été pincés chaque jour. Chaque année, il s'agit du radar le plus lucratif pour le gouvernement dans la région de Québec. Reste à savoir si le radar de Dufferin-Montmorency le détrônera. 

Marchand officialise sa demande de boulevard urbain

Les autorités de la Ville de Québec, menées par le maire, et les députés locaux de Québec solidaire, Sol Zanetti et Étienne Grandmont, réclament la transformation de cette section de l'autoroute en boulevard urbain.

Dans une lettre signée par Bruno Marchand, transmise fin janvier aux ministres Geneviève Guilbault et Jonatan Julien et déposée mardi soir au conseil municipal, le maire réclame prioritairement le réaménagement de ce tronçon à haute vitesse, surtout entre le boulevard Henri-Bourassa et le pont de l'Île d'Orléans.

«La Ville demande au gouvernement d'amorcer, dès que possible, les études techniques complémentaires et de conception routière requises pour la transformation de l'autoroute Dufferin-Montmorency en boulevard urbain sur son territoire», écrit-il. 

Il s'agit, selon lui, ni plus ni moins, d'«un enjeu de sécurité et de qualité de l'air».

Avant les Fêtes, le conseil municipal avait adopté à l'unanimité la résolution pour demander au gouvernement du Québec d'entamer les étapes préalables aux travaux de conversion de ce secteur. 

Le ministère des Transports disait nécessiter une résolution municipale pour évaluer l'option. Il peut donc se mettre en branle dès à présent, invite le maire Marchand.

«Les radars sont efficaces»

Mais jusqu'à nouvel ordre, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) n'empruntera pas cette avenue.

«En ce moment, le radar, c’est le geste qu’on pose pour sécuriser l’intersection, affirme Mme Guilbault. On va évaluer les effets du radar et, au besoin, on ajustera. Mais pour l’instant, les radars sont efficaces pas mal partout au Québec. Il faut passer le message à tout le monde : sachez qu’il y a un radar dans ce coin-là. Il est là, il fonctionne. Que les gens sachent qu’il est là et qu’il faut ralentir à 70 km/h, maximum.»

La vitesse maximale, elle, est identique à ce qu'elle était auparavant. La mesure dissuasive, c'est le nouveau radar photo.

La ministre croit que le radar obtiendra tout son effet quand les automobilistes seront habitués à sa présence et, en conséquence, qu'ils ralentiront à l'approche de cette zone. 

«À mesure du temps, que les gens vont savoir qu’il y a un radar, ils vont adapter leur conduite et il va y avoir moins d’excès de vitesse et moins de risque d’accident. C’est ce qu’on souhaite», dit la ministre Guilbault.

Elle ajoute que le radar photo fournira des données sur le flot de la circulation, la vitesse moyenne des véhicules qui passent par là et le niveau de risque d'accident qui en découle.

Un rapport du coroner rendu public en décembre portant sur le décès de la famille Fletcher recommandait d'ailleurs un «réaménagement du secteur» afin de «réduire la vitesse et le risque d’accident».

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Chez Québec solidaire, l'élu Zanetti dénonce l'«indifférence» de la ministre «envers les gens de l'est de Québec». Sa circonscription de Jean-Lesage arrive à proximité de l'intersection, tandis que celle de Mme Guilbault, Louis-Hébert, se trouve dans l'ouest de la ville de Québec.

«Pourquoi tient-elle tant à préserver cette autoroute dangereuse? Pour faire déboucher le troisième lien ? Pour priver le monde de Beauport d'un vrai accès au fleuve ? Cette autoroute est surdimensionnée pour la circulation réelle qu'on y trouve. La ville veut un boulevard urbain, les communautés de l'est veulent un boulevard urbain. Ce serait-tu possible que la ministre Guilbault écoute la population, pour une fois ?» a déclaré le député solidaire.

À l'hôtel de ville de Québec, les partis d'opposition sont sur la même page. 

«L'aménagement permet ce genre d'accident-là, quelque soit la signalisation qu'on va ajouter, ça va continuer d'être possible d'avoir ce genre de collision. On est chanceux qu'il n'y ait pas eu de décès cette fois-ci et selon nous, il faut aller jusqu'à aménager un boulevard urbain», presse le chef de l'opposition officielle, Claude Villeneuve.

Le président de l'arrondissement de Beauport et conseiller municipal de Chute-Montmorency—Seigneurial est lui aussi d'avis que le radar «n'enlève pas la dangerosité de ce tronçon». Stevens Mélançon promet de ne pas relâcher la pression. «On va refaire des coups de téléphone», jure-t-il.