Deux laboratoires géants pourraient être construits à Sainte-Marie

Sur la photo, un projet d'AcoustiTECH pour développer des solutions acoustiques pour des constructions en bois massif.

Un District de la construction innovante (DCI) pourrait voir le jour d’ici 2025 à Sainte-Marie. Un projet de 20 M$ pour répondre aux exigences du marché et à la pénurie de main-d’œuvre grâce à la robotisation et à l’automatisation des usines manufacturières du secteur de la construction.


«C’est un projet qui va complètement changer la performance de nos entreprises de la construction. On va regrouper sous un même toit, des chercheurs et des professionnels de ce secteur afin de passer à la vitesse supérieure. Les entreprises doivent se robotiser et s’automatiser pour rester compétitives face à la concurrence étrangère», explique la Directrice des opérations et commissaire industrielle chez Développement économique Nouvelle-Beauce, Marlène Bisson.

La région de Chaudière-Appalaches — particulièrement en Nouvelle-Beauce — est l’une des régions où l’on retrouve le plus grand nombre d’industries œuvrant dans la deuxième et la troisième transformation du bois.

Selon Mme Bisson, les entreprises québécoises de la construction connaissent un retard d’innovation par rapport à des sociétés étrangères, ce qui les prive de plusieurs contrats. 

«De gros joueurs à l’international en construction intégré ont déjà commencé à percer le marché canadien. L’entreprise Polonaise Polcom a construit deux hôtels avec le Groupe Germain, à St. John’s et à Calgary», donne-t-elle en exemple.

Des laboratoires géants

Grâce à ce centre d’innovation, les milieux académiques et industriels travailleront ensemble à un même endroit. «Ces collaborations sont essentielles pour résoudre des problématiques de productivité, d’innovation et de commercialisation rencontrées dans l’industrie de la construction. Une maison préfabriquée, par exemple, pourra être entièrement imaginée et testée au DCI», insiste Mme Bisson.

En plus de remédier au manque de main-d’œuvre et répliquer à la menace étrangère, le futur District de la construction innovante permettra de faire face aux enjeux environnementaux. Il augmentera aussi la performance des bâtiments et apportera des solutions aux besoins croissants de formation spécialisée pour les travailleurs du secteur.

Deux laboratoires géants seront bâtis. Le premier accueillera des projets de recherches de grandes dimensions :  fabrication de prototypes et développement de solutions numériques (4.0, usine intelligente) et virtuelles.

Mécanium, un centre d’innovations en mécatronique et mécanique industrielle, situé à Saint-Georges, utilisera 10 000 pieds carrés de ce futur laboratoire. 

Un des espaces de Mécanium dédié aux bancs d'essai à Saint-Georges.

«L’espace du laboratoire à Sainte-Marie nous permettra de développer de nouveaux équipements et de les tester grandeur nature avant l’installation chez nos clients. Ce qu’on ne peut pas faire à Saint-Georges, faute d’espace», relate le directeur général de Mécanium.

Le second laboratoire sera dédié à l’acoustique, un domaine souvent considéré comme le parent pauvre dans le secteur de la construction.

«Or, ça ne coûte pas nécessairement plus cher d’intégrer le confort de l’acoustique lors de l’élaboration des plans. Par contre, ça revient très cher si on le fait en cours de route ou après la construction», soutient Vincent Moreau, vice-président de AcoustiTECH, une division du Groupe Finitec, dont il est copropriétaire. 

Actuellement, il n’existe qu’un seul laboratoire acoustique au Canada. Il est intégré au Conseil national de recherches Canada à Ottawa. Les normes canadiennes sont également inférieures à celles des États-Unis. 

«Avec le DCI à Sainte-Marie, nous allons avoir accès à laboratoire de très haut niveau qu’on n’aurait pas pu construire chez AcoustiTETCH. On sera en relation directe avec des professionnels de la construction pour innover ensemble et les aider à intégrer l’acoustique en amont», souligne-t-il.

Développement économique Nouvelle-Beauce attache ces jours-ci les dernières ficelles du projet avant d’envoyer une demande de financement au programme «centre innovation» du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE). Une première mouture avait été présentée en 2020, mais celle-ci ne cadrait pas dans le programme «zone d’innovation» du MEIE. «Nous avons bonifié le projet en ajoutant un laboratoire acoustique», a mentionné Marlène Bisson. 

Plusieurs centres de recherche, dont l’Université Laval et des ressources spécialisées comme l’accélérateur CENTECH coopèrent au futur DCI.