Une tournée fructueuse marquée par l’inquiétude

La tournée de Guy Cormier auprès des jeunes gens d’affaires a pris fin mardi soir à Québec.

La tournée de Guy Cormier auprès des jeunes gens d’affaires a pris fin mardi soir à Québec. L’exercice a été stimulant, mais il s’est déroulé dans un climat d’inquiétude.


Inflation, hausse des taux d’intérêt, pénurie de main-d’oeuvre… Les jeunes entrepreneurs (ou futurs entrepreneurs) font face à de nombreux enjeux qui, combinés, forment un nuage noir au-dessus de leur tête. Tout ça doublé d’un désir de faire sa part pour le développement durable, soutient le président du Mouvement Desjardins, rencontré quelques heures avant le dernier rendez-vous.

Au terme d’une tournée de six rencontres qui l’a mené dans autant de villes du Québec, M. Cormier a donc pris le pouls des craintes légitimes de la relève entrepreneuriale.

«Ils sont comme enveloppés d’un paquet de nouvelles négatives, alors c’est sûr qu’ils sont inquiets», affirme M. Cormier, qui a prononcé un discours devant un peu plus de 200 jeunes gens d’affaires, mardi soir au Hilton. «Mais en même temps — je suis généralement optimiste de nature — j’ai constaté que ce sont des jeunes qui sont engagés, branchés. Ils ont une perspective mondiale, les jeunes d’aujourd’hui.»

Et cette nouvelle génération n’aura pas le choix de les relever, croit Pierre Graff, pdg du Regroupement des jeunes chambres de commerce (RJCCQ), qui a organisé cette tournée.

En raison de la transition démographique, des personnes beaucoup plus jeunes que dans les dernières années seront appelées — «dès 2030», dit M. Graff — à occuper des postes de gestionnaire.

«On va peut-être assister à une cassure entre deux générations car il n’y aura pas assez de Y pour combler les postes laissés vacants par les baby-boomers, et c’est directement les Z qui vont embarquer», explique M. Graff, qui a aussi constaté une inquiétude généralisée chez ses membres.



Pierre Graff, pdg du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec

«Lorsqu’on veut prendre une grosse décision stratégique liée à des investissements et que le contexte économique est incertain, que les taux d’intérêt sont prohibitifs, forcément ça ne met pas les gens en confiance pour oser. Et l’entrepreneuriat avant tout, c’est oser», résume Pierre Graff.

La relève entrepreneuriale a besoin d’incitatifs supplémentaires pour alléger la pression financière «vraiment insoutenable» qui pèse sur elle, croit-il, comme des congés de paiement ou l’instauration de taux d’intérêt préférentiels.

Briser l'isolement

Le RJCCQ a profité de cette tournée pour consulter de façon directe les gens qu’il représente. Et de mieux cerner les enjeux sur lesquels mettre l’accent dans les prochains mois.

«Forcément, lorsqu’on a la chance de pouvoir s’aligner avec une organisation telle que Desjardins, un porte-parole tel que Guy Cormier, qui a vraiment la jeunesse à coeur, ça nous a permis de renforcer l’attraction et les moyens permettant de consulter ces jeunes gens d’affaires et d’adresser les enjeux de leur temps.»

Ces rencontres ont aussi permis aux jeunes entrepreneurs d’échanger entre eux, de briser l’isolement qui les a frappés pendant la pandémie, soutient M. Cormier.

«Ils ont besoin de connecter ensemble, de se parler beaucoup plus, de rattraper le temps perdu. Et devant l’ampleur des défis qu’ils ont, ils sont aussi dans un esprit de se dire : “Comment on trouve des solutions à tout ça?”»

La tournée de Guy Cormier auprès des jeunes gens d’affaires a pris fin mardi soir à Québec.

Mardi soir, les quelque 200 jeunes invités étaient divisés en groupe de neuf. Autour de chacune des tables, un(e) entrepreneur(e) chevronné(e) prêt(e) à répondre à leurs questions.

En plus de M. Cormier, Isabelle Hudon (Banque de développement du Canada) et Bernard Leblanc (Simons) ont livré un témoignage devant l’assemblée. 

M. Graff dit avoir atteint ses cibles de participation. Un peu plus de 700 jeunes entrepreneurs auront assisté à l’une ou l’autre des six rencontres de cet exercice, qui ont eu lieu à Trois-Rivières, Saint-Jean-sur-Richelieu, Rivière-du-Loup, Saint-Jérôme, Drummondville et Québec.

«C’est quelque chose qu’on souhaite répéter année après année», avance même le pdg du RJCCQ, qui regroupe 42 jeunes chambres de commerce.