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Lancée en mars 2022, la tournée d’Eden, un concert à visée écolo, se terminera l’an prochain après plus de 45 étapes sur cinq continents. Il ne s’agit pas d’un spectacle comme les autres. La mezzo-soprano états-unienne a fait appel au réputé orchestre baroque italien Il Pomo d’Oro ainsi qu’à une équipe artistique pour la mise en espace et l’habillage visuel.

La chanteuse commence la soirée dans la pénombre à l’arrière du parterre, d’où elle chante la partie solo – habituellement confiée à la trompette – de la Question sans réponse de Charles Ives en s’avançant vers la scène. C’est au centre de celle-ci, installée sur un podium circulaire placé au milieu de l’orchestre, qu’elle donne vie au spectacle.

Autour de cette estrade se mettent ensuite rapidement en mouvement deux immenses cercles, dont le plus petit est amputé d’un segment. On comprend qu’il s’agit de l’être humain, incomplet sans son lien avec la nature. Les deux cercles se contournent en chien de faïence pendant longtemps, avant d’être réunis à la toute fin, une fois le petit cercle enfin complété.

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C’est simple et efficace (on a vu beaucoup abscons comme «concept» scénique…). Est-ce que cela apporte quelque chose par rapport à un concert «traditionnel» chant et piano? La mise en espace a bien sûr l’avantage de donner au spectateur un fil auquel s’accrocher.

Car le texte, même s’il est projeté au-dessus de la scène, reste dans un registre généralement très poétique. On disserte sur la mer, les arbres, les étoiles, mais c’est surtout la beauté de la musique qui nous accroche. Le répertoire, soigneusement choisi, met en valeur des compositeurs et des œuvres rarement entendus, mais toujours captivants.

L’extrait des Scherzi e canzone du Vénitien Biagio Marini, une émule de Monteverdi (cela s’entend!) est un des moments les plus irrésistibles de la soirée, avec ses rythmes endiablés et l’adéquation idéale entre la voix de DiDonato et l’œuvre.

Mentionnons également un très intéressant air de l’oratorio Adam et Ève de Josef Mysliveček, un Tchèque ami de la famille Mozart. La mezzo-soprano est particulièrement à son aise dans le répertoire des XVII^e et XVIII^e siècles, même si elle est loin de démériter chez Copland et Mahler.

On déplorera seulement l’arrangement des deux Rückert-Lieder de ce dernier, faisant étrangement intervenir le clavecin. On comprend qu’il était impossible de trimballer une centaine de musiciens, mais Mahler avec orchestre baroque, c’est un peu spécial…

Une fois le dernier morceau chanté («Ich bin der Welt abhanden gekommen» de Mahler), la mezzo-soprano est rejointe sur scène par la Maîtrise des petits chanteurs de Québec pour une chanson environnementale composée pour l’événement et un plaidoyer pour un monde meilleur, avant un «Ombra mai fu» de Haendel en rappel. Certains trouveront cela adorable, d’autre un peu appuyé, même si la sincérité de la chanteuse ne fait aucun doute.

Il s’agit finalement d’un spectacle généralement très solide sur le plan musical, malgré quelques aigus plus serrés ou chevrotants (il faut dire que la chanteuse chante dans des positions pas toujours confortables). L’apport d’un chef – c’est la violon solo Zefira Valova qui dirige en jouant – aurait également donné plus de relief à l’accompagnement.

Ce genre de spectacle conduit finalement à se demander si la seule beauté musicale suffit à rendre meilleur, ou s’il faut ajouter une couche par-dessus. Surtout avec un public comme celui du Club musical, probablement déjà gagné aux questions écologiques de par ses caractéristiques socio-économiques. Une question sans réponse?

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