«Le CIO est un promoteur de la guerre, du meurtre et de la destruction. Le CIO regarde avec plaisir la Russie détruire l’Ukraine et offre ensuite à la Russie une plateforme pour promouvoir le génocide» des Ukrainiens, a lancé sur Twitter le conseiller de la présidence Mykhaïlo Podoliak.
«Il est évident que l’argent qui achète l’hypocrisie olympique n’a pas l’odeur du sang de l’Ukraine. N’est-ce pas, M. Bach ?» a-t-il lâché, visant personnellement Thomas Bach, le président allemand de l’instance olympique.
Le CIO, qui avait «recommandé» fin février 2022 aux fédérations internationales d’exclure les Russes et Bélarusses de leurs compétitions après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, n’a pour l’heure rien décidé et laisse à chaque fédération le soin de les réintégrer ou de les maintenir à l’écart.
Mais mercredi dernier, après une série de consultations à huis clos de représentants des sportifs et du monde olympique, l’organisation basée à Lausanne a proposé une feuille de route pour organiser le retour des bannis sous drapeau neutre, pour peu qu’ils n’aient «pas activement soutenu la guerre en Ukraine».
«Non-discrimination» des sportifs
«Aucun athlète ne devrait être interdit de compétition sur la seule base de son passeport», a réaffirmé dans un communiqué l’exécutif de l’instance olympique, une proclamation de principe soutenue ce week-end par l’Association des comités nationaux olympiques.
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Côté fédérations internationales, seules habilitées à décider qui participe à leurs compétitions, la gymnastique et le judo - deux sports olympiques majeurs - ont salué vendredi le principe de «non-discrimination» des sportifs, et «d’indépendance» du sport face à la politique.
«Il reste de nombreux obstacles à surmonter avant de permettre aux gymnastes russes et bélarusses de concourir lors des compétitions internationales. Mais le sport consiste à rendre possible l’impossible», ajoutait la Fédération internationale de gymnastique.
Mais en attendant que chaque instance se détermine pour sa discipline, le CIO concentre les critiques de Kiev, qui a menacé jeudi de boycotter les Jeux olympiques de 2024 à Paris, ainsi que du gouvernement britannique et du comité olympique danois, opposés à une participation russe.
D’autant que les propositions du CIO mercredi ont constitué une claire fin de non-recevoir aux réclamations de l’Ukraine, qui entendait voir les Russes et Bélarusses exclus par avance des Jeux olympiques 2024, sans attendre l’évolution du conflit.
L’armée au coeur du sport russe
Furieux, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé vendredi l’»hypocrisie» du CIO et invité Thomas Bach à visiter Bakhmout, l’un des points les plus chauds de la guerre avec la Russie. Sollicitée par l’AFP, l’instance olympique n’a pour l’heure commenté ni cette proposition, ni les critiques ukrainiennes.
Dimanche, dans son adresse quotidienne, le chef de l’État ukrainien a indiqué avoir écrit une nouvelle lettre au président français Emmanuel Macron à ce sujet. «L’olympisme et les États terroristes ne doivent pas se croiser», a lancé M. Zelensky.
Lundi matin, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba a pour sa part souligné que 45 des 71 médailles russes aux Jeux olympiques 2020 de Tokyo - remportées sous bannière neutre puisque le pays était exclu pour dopage organisé - avaient été remportées par des sportifs membres du CSKA, le Club de sport central de l’armée russe, soit «l’armée qui commet des atrocités, tue, viole et pille».
«Voilà qui le CIO ignorant veut mettre sous drapeau blanc pour leur permettre de concourir», a fustigé le ministre.
Selon le site du ministère russe de la Défense consacré au CSKA, le club comptait environ 10 000 licenciés en 2020, et avait remporté 1 399 médailles dans l’histoire olympique.