Chronique|

Au Guatemala pour leur dire merci

Propriétaire du Jardin du coin, Stéphane Brisson est du retour du Guatemala où il a rendu visite à ses six travailleurs étrangers temporaires. Pour l’occasion, il était accompagné de German qui est également originaire de ce pays de l’Amérique centrale.

CHRONIQUE / Stéphane Brisson a le teint basané et la tête pleine de souvenirs, mais c’est un sentiment de vive reconnaissance qui l’habite surtout en ce moment. L’homme de 55 ans rentre tout juste du Guatemala où habitent ses six infatigables employés. Il a tenu à leur exprimer sa profonde gratitude, sur place, en personne.


Chaque année, et ce, pendant plusieurs mois, Antonio, Carlos, Selven, Oscar, Kevin et German laissent ce qu’ils ont de plus précieux derrière eux pour venir travailler à ses côtés. Ils le font sans relâche et avec loyauté, afin d’améliorer le sort de leurs proches restés au loin.

Ce sont des travailleurs étrangers temporaires, des hommes qui ont le coeur à l’ouvrage, à l’exemple de leur patron soudainement ému en disant: «Ils sont comme ma deuxième famille.»

Stéphane Brisson est propriétaire du Jardin du coin, à Trois-Rivières. Le 7 janvier dernier, il s’est rendu au Guatemala pour rendre visite à ses employés qu’il considère comme des amis. Ces derniers lui ont présenté les membres de leur famille avant de parcourir avec lui les quatre coins de leur pays de l’Amérique centrale. Un superbe voyage donc.

«Ce sont les personnes les plus accueillantes que j’ai jamais vues!», s’exclame Stéphane Brisson qui fait appel à des travailleurs guatémaltèques depuis cinq ans. Leur période d’embauche varie de quelques mois à deux ans. C’est le cas de German, 21 ans. Le jeune homme était présent lors de mon passage dans les serres qui nous font oublier que c’est janvier à l’extérieur.

Contrairement à ses collègues qui retournent au Guatemala entre deux saisons, German est demeuré en Mauricie pour affronter les tempêtes d’hiver et continuer de prêter main-forte à Stéphane Brisson qui a besoin de bras à l’année.

Nos champs sont peut-être recouverts de neige en ce moment, mais dans les serres, la culture de fleurs annuelles et de plantes tropicales nous rappelle que le printemps reviendra plus vite qu’on le pense.

Cela dit, German n’est pas resté dans notre belle province lorsque son patron s’est envolé pour le Guatemala. Celui-ci a payé le billet d’aller et retour à son fidèle employé qui a ainsi pu revoir sa famille, sa mère et ses sœurs qu’il n’avait pas serrées dans ses bras depuis près d’un an.

Ce fut des retrouvailles émouvantes, témoigne Stéphane Brisson. Le Trifluvien n’avait pas pris l’avion depuis 22 ans, lui qui voyageait régulièrement avant de mettre toutes ses énergies et ses économies sur l’entreprise commerciale qui ne cesse de prendre de l’expansion, avec les défis de recrutement qu’on peut imaginer.

Stéphane Brisson était très heureux de retrouver ses amis guatémaltèques, le temps de partager dix jours de vacances avec eux.

Heureusement, la dure besogne n’effraie pas German et ses cinq compatriotes qui reprendront graduellement du service au cours des prochains jours et plus tard, en février. Après quelques mois passés auprès des leurs, ils sont prêts à revenir au Québec, en exécutant des tâches généralement boudées par la main-d’oeuvre de leur terre d’accueil.

Stéphane Brisson en aurait long à dire à ce sujet-là. Il préfère témoigner de nouveau sa grande reconnaissance envers les travailleurs guatémaltèques sur qui il peut compter.

«Ils n’ont pas de caprices. C’est toujours ‘‘oui’’. Ce sont des personnes fiables et débrouillardes.»

Sourire sincère compris.

Stéphane Brisson a récemment reçu le texto d’un employé qui devait arriver jeudi matin, à Trois-Rivières. Or, il se disait prêt à reprendre du service le jour même, une fois sa valise déposée dans l’un des logements aménagés à l’étage supérieur du commerce.

«Je peux commencer à 13h», a-t-il écrit à Stéphane Brisson qui n’en demandait pas tant, mais qui n’est pas surpris non plus. Cet homme n’est pas différent des autres travailleurs étrangers temporaires qui veulent accumuler des heures.

L’entrepreneur leur verse le salaire minimum, une rémunération qui change littéralement leur vie une fois de retour dans leur pays. Ces ouvriers peuvent s’offrir une plus grande maison, une moto, de meilleurs soins pour leurs proches, un téléviseur, un micro-ondes et autres produits et services qu’ils n’auraient peut-être pas la possibilité de se payer sinon.

Un employé lui a déjà écrit, en direct du Guatemala: «Stéphane, grâce à toi, j’ai maintenant de l’eau chaude dans ma maison.»

Oui, mais c’est d’abord et avant tout grâce à lui. Cet homme a pris la décision de s’éloigner de son épouse et de ses enfants, de plonger dans l’inconnu le temps qu’il faut, dans l’espoir de bonifier la qualité de vie de tout un chacun.

«Des gens extrêmement courageux...», a constaté Stéphane Brisson qui n’en revient pas de l’accueil que ses travailleurs et leur famille lui ont réservé durant son séjour au Guatemala.

Stéphane Brisson a fait deux heures de route, debout dans «une boîte de pick-up», pour se rendre à la mer. «C’était plus confortable qu’assis. J’avais au moins de la suspension dans mes jambes!» rigole-t-il.

«Je suis quelqu’un de sensible. J’avais souvent les larmes aux yeux», dit-il en parlant de ces gens fiers qui vivent modestement, en se contentant de peu.

Comme il le fait ici, Stéphane Brisson a voulu prendre soin de ses employés en leur offrant des vacances bien méritées.

«Je ne voulais pas leur occasionner des dépenses en m’accueillant au Guatemala. C’est déjà difficile de vivre là-bas. J’ai payé le voyage au complet, pour toute la gang: les restaurants, les hôtels, les excursions, etc.»

Pour lui, ça allait de soi.

«Ça m’a fait plaisir de le faire. Je voulais passer du bon temps avec eux. Lorsqu’ils sont ici, on travaille beaucoup. Je les ai gâtés, mais ils m’ont gâté aussi.»

Et des liens ont été soudés à jamais.