24e Mois Multi: entrer dans la danse des robots sapiens

<em>Robot sapiens kimbalambala </em>de Precy Numbi

En passant la porte de l’Espace 400e pour visiter les installations du Mois Multi, petits et grands trouveront des portails vers des univers étranges, où leurs sens seront sollicités.


«Je voulais quelque chose d’accessible, d’interactif, pour toute la famille, pour qu’on comprenne tout de suite qu’au Mois Multi, on vient jouer avec des œuvres», expose le commissaire Emile Beauchemin.

Les visiteurs rencontreront d’abord les robots sapiens kimbalambala de Precy Numbi, qui sont un peu les emblèmes de la thématique de cette 24e édition du festival : monstres, martyrs et cieux. Ces sculptures faites de déchets de l’Amérique du Nord et d’Europe envoyés dans la République démocratique du Congo, d’où provient l’artiste, peuvent être portées comme des armures. «Ces monstres, ou éco-héros, se battent contre notre surconsommation et portent un discours sur notre rapport à la machine», explique Emile Beauchemin.



Le terrain de jeu numérique, qui se trouvait à l’étage supérieur l’an dernier, a été déplacé au rez-de-chaussée. On pourra y essayer plusieurs expériences de réalité virtuelle et de réalité augmentée et des jeux vidéo d’art avant de découvrir l’exposition Escape de l’Institut français, qui rassemble des œuvres qui parlent de la culture et de l’évolution d’Internet.

<em>LIMINAL</em> de Louis-Philippe Rondeau

Puis, LIMINAL de Louis-Philippe Rondeau permettra, en traversant une arche, de transformer son image en flux lumineux et de la faire danser sur une trame sonore, elle aussi générée par notre passage.

Dans le ventre du Saint-Laurent

On devrait avoir un peu l’impression de se trouver dans le ventre du fleuve Saint-Laurent en interagissant avec les œuvres du duo Béchard-Hudon. Alors que fleuve 1 et fleuve 2 amalgament des images vidéo prises à fleur d’eau et sous la surface, L’en deçà transforme le corps du visiteur en caisse de résonance de sons sous-marins.

<em>L’en deçà </em>de Béchard-Hudon

Dans la même veine, Cascade de l’Espagnol Marc Vilanova retransmet les infrasons de chutes d’eau qui se trouvent un peu partout sur la planète. «Ils aident les animaux à se géolocaliser, mais avec les bouleversements climatiques, ces fréquences-là changent et certaines espèces migratoires ne sont pas capables de s’y retrouver», explique Emile Beauchemin. Cent cinquante petits haut-parleurs créent un mur de fibre optique et une mince couche de son, que l’on perçoit lorsqu’on traverse une chute de lumière.



<em>Cascade</em> de Marc Vilanova

Envoûtements lumineux 

Amélie Brindamour a créé En oscillation, une œuvre lumineuse et contemplative qui se déploie sur les murs, au plafond et au sol. Elle évoque le réseau invisible des champignons qui court sous la forêt boréale. La présence de visiteurs déclenche une trame sonore flottante et organique, annonce Emile Beauchemin.

<em>En oscillation</em> d’Amélie Brindamour

The Carousel de Peter William Holden est une tour de huit rétroprojecteurs datant des années 80. Des triangles ont été insérés à la place des diapositives et leur défilement crée une animation géométrique en temps réel. «C’est une œuvre pour s’arrêter et respirer», note le commissaire.

<em>The Carousel</em> de Peter William Holden

Au 3e étage, Aquaphoneia de Navid Navab et Michael Montanaro, créée à partir d’une machine Edison trafiquée, promet de susciter fascination et ravissement. La voix, dirigée dans un grand cornet, est transformée en air, qui est chauffé, envoyé dans un cylindre, puis changé en vapeur d’eau, qu’on peut faire danser en variant la fréquence des sons qu’on produit.

<em>Aquaphoneia</em> de Navid Navab et Michael Montanaro

Deux premières œuvres suspendues

Le début du festival est l’occasion pour Recto-Verso de lancer le parcours L’Espace suspendu, qui permettra de visualiser, à l’aide d’un appareil électronique, de grandes sculptures flottantes et animées à certains points précis du quartier Saint-Roch.

Rendre visible, une nymphe géante signée Carol-Ann Belzil-Normand, élira domicile devant le YMCA, alors que Fonction chromatique de Ludovic Boney se dressera sur la terrasse de la côte d’Abraham, à la pointe de Méduse.

Le coup d’envoi sera donné mercredi soir, puis les installations seront accessibles gratuitement jusqu’au 19 février, de 13h à 21h, du mercredi au vendredi, et de 10h à 17h la fin de semaine. Info : moismulti.org

* L’autrice de ces lignes a brièvement siégé, jusqu’en octobre 2022, au conseil d’administration des Productions Recto-Verso, l’organisme qui pilote le Mois Multi.