Dans l’œuvre de Frank Wedekind dont est librement inspirée cette pièce, l’expression et la découverte de la sexualité sont censurées par la religion.
L’histoire que propose David Paquet se déroule à notre époque. La religion n’a plus autant de pouvoir, mais la société moderne a hérité de plusieurs de ses idéaux hétéronormatifs qui nuisent à l’épanouissement sexuel des adolescents mis en scène.
L’éveil du printemps propose un parallèle poétique entre la destruction de la biodiversité et celle de la diversité humaine. Même si la comédie domine cette histoire, on constate que ces deux formes de destruction ont des conséquences tragiques.
C’est dans la forêt que les jeunes échappent au monde contraignant des adultes et qu’ils se sentent libres de faire des expériences.
Mystérieuse, cette magnifique forêt occupe la partie la plus reculée de la scène. Ce qui s’y déroule est en partie caché par des cordes évoquant des arbres. La scénographe Amélie Trépanier a fait un travail génial.
Une large pente trône au milieu de la scène et rend les déplacements des protagonistes plus sportifs. Le corps s’impose. Il accapare les personnages comme les interprètes.
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En plus d’être divertissantes, les superbes chorégraphies imaginées par le metteur en scène Olivier Arteau et le chorégraphe Fabien Piché renforcent la présence des corps dans cette histoire de puberté qui n’a rien de cliché.
Place aux ados!
À travers les expériences de six adolescents, L’éveil du printemps ose parler du plaisir sexuel, des différentes sources d’où il peut provenir ainsi que de l'hypocrisie de notre société.
Wendla (Sarah Villeneuve-Desjardins) accorde peu d’importance à l’amour et à la sexualité, mais, partout autour d’elle, le désir se réveille.
Le jour de ses 14 ans, elle reçoit deux affreuses robes de la part de sa mère. Ce cadeau peu flatteur doit la protéger des "ours" en couvrant autant de sa peau que possible. Mais l’adolescente n’a pas l’intention de brimer sa liberté par peur d’exciter l’appétit des bêtes.
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Maladroit et prisonnier de stéréotypes genrés, Otto (Gabriel Lemire) ne sait que faire de son attirance pour Wendla. Son rapport aux émotions et à la sexualité est pollué par le capitalisme qui l’attire rapidement vers une masculinité toxique.
La charmante Melchior (Claude Breton-Potvin) semble avoir une longueur d’avance sur ses amis même s’il lui reste d’autres facettes du plaisir à découvrir... D’ailleurs, elle aimerait bien raconter à sa classe le merveilleux orgasme qu’elle a eu dans la forêt, mais son école la censure systématiquement.
Cette adolescente bien dans sa peau a tôt fait de constater qu’on montre plus volontiers un corps ensanglanté qu’un mamelon.
Son amie Martha (Carla Mezquita Honhon) tente de l’encourager, mais, malgré ses bonnes intentions, elle se heurte à sa propre censure : la honte et le désir luttent en elle.
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Alors que certaines personnes se masturbent en regardant des images de Jeff Bezos et d’autres de Bambi, Mortiz (Gabriel Favreau) n’a pas encore trouvé ce qui l’attire. Et pas seulement en matière de sexualité. L’adolescent a de la difficulté à l’école et ne sait pas trop quoi faire de sa vie.
Son père (Sébastien Rajotte), un homme pragmatique, aimerait que son fils rentre dans le moule plutôt que de se poser des questions. Comme les autres adultes mis en scène, il est un peu ridicule.
Hilarantes, les mères incarnées par Marie-Josée Bastien se révèlent moins naïves que ce que leurs enfants pourraient penser. Alors que sa fille entre dans la puberté, la mère de Wendla entre dans la ménopause. Comme quoi chaque période de la vie nous fait réévaluer notre rapport au corps.
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Ariel Charest rivalise en comédie avec sa consœur à travers ses différents rôles d’adultes. Convaincants et modernes, les dialogues sont très comiques!
Enfin, il y a Ilse (Lé Aubin) pour qui chaque expérience est une première fois parce que chaque expérience est unique.
Absolument divertissante, cette satire propose aussi des moments touchants au cours des 110 minutes pendant lesquelles elle se déploie. Ne vous privez pas du plaisir d’assister à cette intelligente coproduction du Trident et du Théâtre Denise-Pelletier qui est présentée jusqu’au 18 février.
Et puisque les jeunes sont à l’honneur dans cette œuvre, le Trident propose un tarif spécial de 25,50$ pour les 25 ans et moins.