Legault entre barrages et tunnel

«Moi, je ne l’ai pas vue. Mais le ministère des Transports nous a promis de nous livrer ça dans les prochaines semaines», a déclaré le premier ministre du Québec, vendredi, dans son point de presse de clôture du caucus des élus de la Coalition avenir Québec (CAQ), à Laval.

Tout en clamant son ambition de faire du Québec le premier État carboneutre en Amérique du Nord, François Legault attend toujours une étude à jour sur son projet de tunnel routier entre Québec et Lévis.


«Moi, je ne l’ai pas vue. Mais le ministère des Transports nous a promis de nous livrer ça dans les prochaines semaines», a déclaré le premier ministre du Québec, vendredi, dans son point de presse de clôture du caucus des élus de la Coalition avenir Québec (CAQ), à Laval.

Lors de la récente campagne électorale, en septembre, M. Legault avait reconnu qu’aucune étude à jour n’existait sur la version réduite bitube à quatre voies présentée en avril précédent.

Il avait alors promis de rendre publique la nouvelle étude d’opportunité attendue au début de l’année 2023.

Amené vendredi à préciser le moment où il prévoit l’avoir en main, puisqu’on est au début de 2023, le premier ministre a simplement rétorqué : «Bientôt!»

Sa ministre des Transports, Geneviève Guilbault, était justement à ses côtés. Elle est aussi vice-première ministre. Le ministre de la Justice et leader du gouvernement en chambre, Simon Jolin-Barrette, complétait le trio pour ces 52 minutes de questions-réponses où les deux ministres n’ont pas pipé mot.

À la blague, à la fin, le patron leur a souligné comment ils ont «été bons».

Les deux sont souvent perçus comme d’éventuels successeurs à M. Legault à la tête du parti et, peut-être, du gouvernement du Québec.

Sur la livraison de l’étude d’opportunité du futur tunnel Québec-Lévis, on a entendu dans les coulisses du caucus caquiste que le «début de 2023» peut équivaloir au premier trimestre de l’année. Pas impossible, donc, que l’étude ne soit connue qu’en mars.

Mme Guilbault est une élue de Québec et a occupé le poste de ministre régionale durant le premier mandat de la CAQ, de 2018 à 2022.

Quatre ou cinq projets de barrages

Il a beaucoup été question d’efficacité énergétique, durant le point de presse de M. Legault.

Qui a d’ailleurs vite précisé ne pas vouloir discuter du moment où les Québécois devront partir leur lave-vaisselle. Terrain glissant où s’était aventuré son ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, il y a quelques semaines.

Les Québécois auront bientôt besoin de 100 térawattheures (TWh)d’électricité de plus par année, répète le premier ministre. Production supplémentaire d’«un demi-Hydro-Québec», la société d’État produisant en ce moment environ 200 TWh.

Parmi les solutions, M. Legault continue d’évoquer la possibilité de construire de nouveaux barrages hydroélectriques.

Il s’appuie sur la liste de projets de barrages qui lui a été présentée à son entrée en poste, en 2018, par le président-directeur général d’Hydro d’alors, Éric Martel. Parmi lesquels la rivière Magpie, sur la Côte-Nord.

M. Martel lui avait aussi alors dit que le Québec bénéficierait de surplus d’électricité pour encore au moins une vingtaine d’années. Ce qui, cinq ans plus tard, n’est plus vrai. On manque maintenant d’électricité à certains moments de l’année.

Sur le contrat de Churchill Falls avec Terre-Neuve, au Labrador, qui se termine dans 18 ans : «On est capables de construire des barrages avant 2041», tranche le premier ministre Legault.

À court terme, son ministre Fitzgibbon déposera un projet de loi sur l’efficacité énergétique des entreprises, à l’automne.

Les rabais sur l’électricité dont bénéficient plusieurs entreprises seront revus en fonction de deux principaux critères. D’abord, leur production de gaz à effet de serre (GES) en vue de les réduire au minimum et de viser une décarbonation complète d’ici 2050. Puis les retombées économiques et entrées d’argent dans les coffres de l’État que ladite entreprise.

Le développement de l’énergie éolienne et solaire fait aussi partie des solutions.

Legault compte pénaliser les entreprises plus polluantes

«Ce sera très difficile» pour les entreprises polluantes «qui émettent des gaz à effet de serre (GES) d'obtenir des rabais sur l'électricité», a indiqué le premier ministre François Legault vendredi.

Son gouvernement a ainsi l'intention de réviser les tarifs d'Hydro-Québec réservés aux entreprises, notamment le tarif L, en fonction de leurs économies d'énergie et de la réduction de GES.

En conférence de presse vendredi, au terme d'un caucus de deux jours des élus de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans un hôtel de Laval, il a justifié le tour de vis qu'il veut donner aux industries plus polluantes,

M. Legault a rappelé que le Québec s'est engagé à réduire à néant ses émissions de GES d'ici à 2050, en conformité avec les engagements internationaux. Or les industries émettaient encore en 2020 30 % des GES du Québec.

Et en outre, le chef du gouvernement a également rappelé que les surplus d'électricité d'Hydro-Québec fondent à vue d'?il et qu'il faudra même de surcroît 100 térawatt-heure pour décarboner complètement le Québec d'ici à 2050.

«On va être parcimonieux, on va faire attention, il y a des emplois et des retombées économiques» en jeu, a-t-il toutefois tenu à ajouter.

Le chef caquiste a d'ailleurs évoqué plus précisément qu'il faudrait quatre ou cinq barrages de plus pour fournir de l'électricité, en évitant soigneusement de préciser où ils seraient construits - tout comme la société d'État qui indique être en processus de révision des rivières qui auraient un potentiel pour être harnachées.

M. Legault n'écarte pas des formes d'entente avec des entreprises énergivores créatrices d'emplois, notamment dans le domaine de l'aluminium, pour par exemple tirer profit de la plus-value de leurs produits considérés comme plus écologiques parce que conçus avec de l'hydro-électricité.

«Tout est possible, il faut être créatif», a-t-il commenté. Avec La Presse Canadienne