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Le taux d’inoccupation des logements locatifs a chuté à 0,8 % en 2022, selon le dernier rapport sur le logement de la SCHL. Autrement dit, presque tout ce qui existe comme logements sur le marché est déjà occupé… bonne chance si vous cherchez un logement!

Le taux d’inoccupation n’a pas été si bas à Gatineau depuis 20 ans. Pourtant, il se construit beaucoup de nouveaux logements locatifs à Gatineau. Allez vous promener dans le secteur du Plateau ou d’Aylmer pour vous en convaincre. Autour de chez moi, les champs se sont remplis d’immeubles à appartements au cours des 10 dernières années…

C’est juste que la construction de nouveaux logements n’arrive pas à surpasser la demande. Demande provenant, en majeure partie, de l’immigration internationale — qui a repris avec la fin des restrictions sanitaires. Mais également des résidents non permanents (travailleurs étrangers, étudiants internationaux, réfugiés). La demande provient aussi des gens d’Ottawa qui déménagent à Gatineau — même si la SCHL note un ralentissement de la migration Ontario-Québec depuis un an.

Alors oui, les loyers explosent. Comme jamais.

Le loyer moyen d’un appartement de 2 chambres à coucher à Gatineau a battu, en 2022, le record de 2021 qui était déjà le record des 30 dernières années. Il atteint maintenant 1269$ par mois (contre 1625$ à Ottawa).

Qui fait les frais de cette flambée des loyers?

Les plus démunis, bien sûr. Le FRAPRU, un organisme de défense des mal-logés, s’attend d’ailleurs à une année difficile au Québec. Le droit au logement pourrait en prendre pour son rhume. Peu de logements disponibles, des loyers qui montent en flèche… «Nous ne sommes pas loin de la tempête parfaite, si on prend également en compte le nombre élevé d’évictions dues à la spéculation», a réagi sa porte-parole, Véronique Laflamme.

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Je parlais de l’urgence d’agir…

La mairesse France Bélisle en est bien consciente, elle qui a fait de la construction de logements sociaux sa priorité en 2023. Gatineau s’est vu octroyer 850 unités de logements sociaux au cours des dernières années. Mais elles n’ont toujours pas été construites, souvent en raison du manque de fonds pour boucler le montage financier. La Ville de Gatineau est désormais ouverte à piger dans ses surplus pour aller au-delà de la part de 15% qu’elle finance historiquement dans ce genre des projets.

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C’est très bien, mais il faut s’empresser d’amener la question au conseil municipal et en discuter. Voilà plus d’un an que la mairesse a mis sur pied son comité choc sur l’habitation, avec la promesse d’actions rapides. Je comprends que le logement est de compétence provinciale et que Gatineau ne peut régler le problème à elle seule. Mais la ville a en main un certain nombre de leviers qui lui permettent d’avancer.

Ainsi, Gatineau a des terrains pour construire du logement. À commencer par le site de l’ancien aréna Guertin et la friche industrielle située derrière le Pilon Pal Dépôt. Deux grands terrains dont le développement pourrait aider à mieux redéfinir le centre-ville, tout en venant soulager la crise du logement. Des architectes ont même lancé l’idée, pas farfelue du tout, de transformer le dernier tronçon de l’autoroute 50 en boulevard urbain. Un boulevard qui permettait de relier les deux secteurs. Et peut-être aussi un troisième, soit les terrains de la Fonderie, aussi pressentis pour accueillir de nouvelles habitations.

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«L’idée n’est pas de nous, elle est déjà dans le PPU toujours en vigueur, c’est dans les documents officiels de la Ville, note Sophie Lamothe, architecte associée chez A4 Architecture. Il n’y a cependant eu aucune action de menée dans ce dossier. Après avoir discuté avec le service de l’urbanisme, on a compris qu’il n’y avait eu aucun plan concret et que s’il y avait une pression citoyenne en faveur d’une telle transformation, ça aidera la Ville à obtenir la collaboration nécessaire du gouvernement du Québec pour le faire.»

De fait, cette vaste transformation est bien cachée derrière des dizaines d’autres priorités identifiées dans le PPU adopté en 2009. Pourtant, transformer la fin de l’autoroute 50 en boulevard urbain permettrait de connecter trois secteurs névralgiques pour l’avenir du centre-ville; le site Guertin, le secteur de la Fonderie et la friche industrielle derrière le Pilon devenue aux yeux de plusieurs un anachronisme urbanistique.

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«Est-ce que c’est encore pertinent aujourd’hui d’avoir un site industriel d’une aussi grande superficie dans le périmètre du centre-ville? demande M^meLamothe. Juste en changeant la vocation de ce site pour y faire un quartier mixte, on améliorerait la connexion et on pourrait y ajouter des liens de transport efficaces. La revitalisation du ruisseau de la Brasserie est une idée qui ne sera jamais possible dans la réalité si on ne transforme pas l’autoroute et le site industriel. Il y aurait beaucoup trop de freins à utiliser le ruisseau et ses abords à son plein potentiel. Toute la rive ouest demeurerait une simple friche végétalisée. L’intérêt de développer uniquement la rive est ne sera jamais assez grand s’il n’y a pas de possibilité sur l’autre rive aussi.»

Plus de 4000 logements

M^me Lamothe et ses collègues chez A4 Architecture sont d’avis que le site industriel derrière le Pilon, de par sa position géographique, serait idéal pour accueillir des édifices de grande hauteur. Le site de l’aréna Guertin pourrait accueillir aussi beaucoup de logements, mais aussi les équipements de loisirs et sportifs dont le secteur manque cruellement. Le site de la Fonderie accueillerait aussi une quantité importante de nouveaux logements, mais aurait pour sa part une vocation davantage économique, avec l’aménagement de la zone d’innovation en cybersécurité. Ces sites pourraient accueillir plus de 4000 nouveaux logements, note Mme Lamothe, soit l’équivalent de l’objectif du PPU adopté il y a 15 ans.

Préparer le terrain

La firme d’architecture s’est associée à l’Association des résidents de l’Île-de-Hull (ARIH) afin de présenter officiellement son projet de revitalisation du centre-ville lors d’un forum qui aura lieu le 8 février prochain, en soirée, au centre communautaire Fontaine. «Moi, je ne veux pas attendre une consultation publique formelle organisée par la Ville pour parler d’urbanisme et d’aménagement du centre-ville, lance M^me Lamothe. Je crois que plus on en parlera, plus il y aura de réflexion, plus tout le monde en bénéficiera. Nous avons présenté cette proposition à l’ancien directeur de l’urbanisme de Gatineau, Mathieu Bélanger, au printemps. Il a trouvé ça intéressant et il trouvait que c’était une bonne idée qu’on en parle, que ça fasse partie de l’espace public. C’est ce que nous faisons.»

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Ce ne sont pas les idées qui manquent. Faisons-les avancer!

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