Un chauffard multirécidiviste fait «souffler» son ado pour pouvoir conduire

Faire souffler son fils de 16 ans dans l’éthylomètre pour pouvoir conduire son véhicule? «C’est odieux», commente le juge Steve Magnan de la Cour du Québec en condamnant un multirécidiviste de l’alcool au volant à 12 mois de prison.


Le 13 juin 2021, Sébastien Émond de Québec, alors âgé de 46 ans, rentre d’un chalet avec ses deux fils âgé de 10 et 16 ans. C’est l’adolescent, muni d’un permis d’apprenti, qui conduit le véhicule sur l’autoroute Laurentienne.

À un certain moment, le fils veut céder sa place derrière le volant. Il s’arrête dans le stationnement d’un restaurant.

Émond veut absolument poursuivre sa route. Sachant qu’il a bu, le père demande à son fils de souffler à sa place dans l’éthylomètre de la voiture.

Sébastien Émond devait utiliser un éthylomètre depuis sa plus récente condamnation pour conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool, sa quatrième à ce moment-là, en 2018.

Un automobiliste voit le véhicule maintenant conduit par Émond en train de louvoyer sur l’autoroute et il prévient les services d’urgence.

Lorsque les policiers interceptent le récidiviste, ils remarquent ses yeux rougis et se demandent bien pourquoi le véhicule est en fonction malgré l’éthylomètre.

L’alcotest démontrera que Sébastien Émond roulait avec un taux d’alcoolémie de 0,16, soit le double de la limite permise.

Il a plaidé coupable aux accusations de conduite avec les capacités affaiblies et de conduite pendant interdiction.

Cinq ans d'interdiction

Sébastien Émond avait dû payer des amendes lors de ces trois premières condamnations pour conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool en 1995, 1998 et 2004. En 2018, il a été condamné à 45 jours de prison à purger de façon discontinue.

Cette fois-ci, le procureur de la Couronne Me Maël Tardif et l'avocat de la défense Me Rénald Beaudry ont suggéré au tribunal d'impose une peine de 12 mois pour tenir compte de plusieurs facteurs aggravants, soit le détournement de l’éthylomètre, la présence des enfants et le taux d’alcoolémie élevé.

Le juge Steve Magnan de la Cour du Québec a entériné cette suggestion de peine, qui aurait pu être plus sévère encore, signale-t-il. «C’est odieux, considère le juge. On vous interdit de conduire et vous trouvez une façon de contourner le système qui vous permettait de conduire quand vous êtes sobre.»

Sébastien Émond a fait une thérapie de six mois, mais a malgré tout rechuté. L’agente de probation qui l’a évalué estime que son risque de récidive reste élevé.

Au terme de sa peine de 12 mois, le chauffard aura une interdiction de conduire pour cinq ans, dont les deux premières sans possibilité d’éthylomètre. Il lui est déjà interdit de conduire depuis juin 2021.

Après sa peine, il sera soumis aux diverses mesures d’examen de la SAAQ avant d’espérer retrouver un permis de conduire.