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À l’ouverture du caucus présessionnel de la Coalition avenir Québec (CAQ), jeudi dans un chic hôtel de Laval, le ministre de l’Éducation a accaparé l’attention en énonçant les sept chantiers auxquels il compte s’attaquer.

Il n'a toutefois pas annoncé le montant des investissements nécessaires pour réaliser son plan.

Parmi ses priorités : avoir deux adultes par classe «partout où c’est possible», en maximisant le temps que les éducatrices en service de garde passent à l’école.

Réduire de moitié, de 60 à 30 crédits universitaires, comme auparavant, la durée de la formation complémentaire pour que le détenteur d’un diplôme universitaire dans une discipline comme le français, les mathématiques, l’histoire ou les sciences puisse devenir enseignant en bonne et due forme. À l’heure actuelle, autour de 4000 enseignants non légalement qualifiés travaillent dans nos écoles.

Que toutes les écoles secondaires publiques du Québec offrent des projets pédagogiques particuliers, que ce soit programmes de concentration, sport-études, art-études ou autres. Au moins un.

C'est ce qui a donné naissance à ce que d'aucuns ont baptisé l'école à trois vitesses : école publique en programme régulier, école publique en projet particulier et école privée.

En ce moment, 44 % des élèves du secondaire public suivent un projet particulier, soit 156 729 jeunes, révèle le ministre. Cela se passe dans 270 des 491 écoles, soit 55 %. M. Drainville souhaite atteindre 100 %.

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Depuis plusieurs années, les projets particuliers sont très populaires avec les élèves du secondaire. Ça motive les jeunes à réussir, ça crée un sentiment d’appartenance à l’école, ça permet aussi à l’école de s’adapter aux intérêts des élèves

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Mais ces concentrations spéciales ou projets particuliers restent réservés à un nombre restreint d’enfants et causent beaucoup de déception, a-t-il constaté sur le terrain.

«Pendant ma tournée des écoles, j’ai entendu l’expression : les élèves qui sont dans rien! Ça me fait mal au cœur. Je ne peux pas accepter ça. Qu’est-ce que c’est ça, cette affaire-là!» lance le ministre Drainville, avant de concéder qu’un aménagement d’horaire s’avère toujours nécessaire.

Il ajoute que les projets ne seront pas identifiés du haut du ministère, mais par le conseil d’établissement de chaque école.

Concurrencer le privé

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Chez les syndicats, la présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui s’était déplacé au même hôtel pour réagir devant les médias, convient que de multiplier les projets pédagogiques particuliers s’avère positif, en principe.

Mais encore plus, elle prône davantage de gratuité et la fin de la sélection pour ces programmes.

«Ce dont le ministre Drainville ne parle pas, par contre, c’est que ces programmes ont été créés ont été offerts par souci de concurrencer l’école privée», a déclaré Mélanie Hubert, présidente de la FAE.

«On a créé tout ça pour rendre l’école publique attractive parce qu’il y a une désertion de nos élèves vers les écoles privées. Et ça, on comprend que c’est un problème auquel le ministre n’a pas l’intention de s’attaquer», a constaté la présidente de la FAE.

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Mme Hubert se dit aussi partiellement d’accord avec l’idée de raccourcir la formation complémentaire pour accélérer la diplomation de nouveaux profs. Par contre, la FAE avait déjà proposé un programme de 45 crédits et non 30.

«Mais ce qui nous préoccupe, c’est qu’au-delà de qualifier les gens qui ne sont pas qualifiés, on sait que les gens désertent massivement dans le réseau, depuis plusieurs années. Ça fait 25 ans que j’enseigne et ça fait au moins 20 ans qu’on nous parle de la désertion des profs. Ces gens-là sont qualifiés et peuvent être prêts demain matin pour venir travailler. La grande question que M. Drainville doit se poser, c’est comment convaincre ces gens que les conditions dans le réseau ont changé et que ça sera intéressant de revenir travailler», a résumé la syndicaliste.

Mme Hubert souligne que sur l’ensemble du plan du ministre, «certaines idées peuvent paraître intéressantes a priori. Mais pour le moment, on n’est ni dans les moyens, ni dans les échéanciers, ni dans les budgets».

À la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), par communiqué, le président Éric Gingras affirme que M. Drainville a présenté «un bon tour d’horizon d’enjeux actuels». «On prend la balle au bond quand le ministre fait appel aux différents partenaires du réseau, mais nous souhaitons faire véritablement partie des échanges pour mettre en place des solutions» dit le président de la CSQ.

À l'aube des négos

Tout cela s’inscrit dans le contexte du début des négociations pour le renouvellement des conditions de travail entre le gouvernement et ses employés, dont les enseignants.

Comme les syndicats, le parti d’opposition Québec solidaire souligne l’absence de mention d’amélioration à venir des conditions de travail dans le réseau scolaire.

«Le ministre ne sait pas combien d’argent va être investi dans son plan et il est incapable de dire combien de profs manquent actuellement dans le réseau. C’est de l’amateurisme. Après trois mois comme ministre de l’Éducation, Bernard Drainville n’a pas fait la démonstration qu’il a une vision claire pour assurer la réussite de nos enfants : pour le moment, il échoue au bulletin», a déclaré par communiqué la députée et porte-parole solidaire en éducation solidaire Ruba Ghazal.

Un plan «gruyère»

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Le ministre de l’Éducation doit «mieux faire ses devoirs» parce qu’il a présenté jeudi un «plan pas de plan» qui contient plein de «non-réponses», a fustigé l’opposition libérale.

Le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay, s’est étonné en point de presse à Québec que M. Drainville ne sache pas combien il manque d’enseignants dans le réseau et qu’il présente un plan non chiffré. «Ce qu’on reproche à ce plan-là, c’est d’être un gruyère, d’avoir de gros trous, a-t-il déclaré. Ça n’a pas de bon sens, ils sont dans leur cinquième année. On dirait que la Coalition avenir Québec vient d’être élue!»

Le mouvement l’École ensemble dénonce pour sa part que «les écoles privées subventionnées et publiques sélectives pourront continuer à choisir elles-mêmes à quels enfants elles enseignent ou non». Pendant que «les élèves vulnérables eux sont regroupés dans les écoles publiques ordinaires. Comment cette injustice flagrante peut ne pas être prioritaire?» questionne l'École ensemble.

Après presque 100 jours à la tête du ministère de l’Éducation du Québec – 98, en réalité –, M. Drainville et son équipe de trois députés adjoints parlementaires et gouvernementaux ont visité 50 écoles à travers le Québec.

Voici les sept chantiers auxquels ils sont arrivés :

Revaloriser l’enseignement du français.
Rétablir une voie rapide vers le brevet d’enseignement.
Offrir du renfort à nos enseignantes et enseignants.
Avoir des projets pédagogiques particuliers plus accessibles et plus nombreux.
Investir dans la formation professionnelle.
Rendre notre réseau scolaire plus performant.
Poursuivre la rénovation et la construction des écoles.

Vendredi matin , ce sera au tour de Jean-François Roberge, entre autres ministre de la Langue française, des Relations canadiennes et de la Laïcité, de faire son annonce. Avec La Presse Canadienne

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