Vous avez sans doute vu les images du point de presse d’après-match de l’entraîneur-chef des Flames de Calgary, Darryl Sutter, interrogé sur les débuts de Jakob Pelletier dans la LNH, samedi soir.
Dans les vidéos rendues publiques sur les réseaux sociaux, on aperçoit le pilote de 64 ans sortir ses lunettes de vue de sa poche de chemise, jeter un coup d’oeil sur le bilan statistique de la partie, remportée 6 à 3 contre le Lightning de Tampa Bay, avant de s’interroger à voix haute.
«Jakob Pelletier? quel numéro portait-il?» demande Sutter, avant de débiter froidement les statistiques du petit numéro 49.
Jakob Pelletier? What number is he? 😳
— FlamesNation (@FlamesNation) January 21, 2023
🎥: @NHLFlames | #Flames pic.twitter.com/mYoiXCwBqD
Impertinent.
Surréel.
La liste des qualificatifs pourrait être longue.
Des questions
Comment un champion de deux Coupes Stanley peut-il feindre de ne pas trop savoir de qui on parle et ne rien avoir de plus constructif à dire que de réciter de simples statistiques?
Tout ce que Sutter a trouvé d’intéressant à ajouter au fait que le natif de Québec ait joué 6 minutes et 50 secondes, effectué 14 présences sur la glace et ait obtenu un tir au but en plus de donner une mise en échec, fut de dire que Pelletier n’avait que 21 ans et qu’il a «encore beaucoup de chemin à faire» dans la LNH.
Peu édifiant pour un homme de son expérience, surtout quand on considère qu’il a fait poireauter le choix de premier tour des Flames en 2019 pendant deux semaines avant de lui donner une première audition dans le meilleur circuit de la planète.
Et le développement?
À cinq pieds neuf pouces et 160 livres, Pelletier, n’est peut-être pas le prototype de joueurs dont raffole Darryl Sutter. C'est connu et personne n'est vraiment surpris. N’empêche, l’ancien des Wildcats de Moncton et des Foreurs de Val-d’Or est tout de même le seul joueur repêché par les Flames depuis cinq ans à avoir joué une partie dans la LNH.
Il était donc de son devoir, comme entraîneur, de mettre en valeur le potentiel du jeune espoir de l'organisation. Ça n'aurait strictement rien changé, si ce n'est de nous priver d'une autre farce plate dont l'un des frères Sutter a l'habitude devant les micros.
Il est incompréhensible que l’entraîneur-chef des Flames, le récipiendaire du trophée Jack-Adams l’an dernier dans la LNH, n’ait rien trouvé de mieux à ajouter à propos de Pelletier. Le Québécois n’a peut-être pas connu un grand match, c’est vrai, mais il méritait mieux que l’indifférence pure et simple de son nouvel entraîneur.
Il va rebondir
Jakob Pelletier, véritable petit guerrier, en a vu d’autres et ne va pas se laisser abattre par le manque de sensibilité — devrait-on dire de jugement? — de Darryl Sutter.
L’ancien du Blizzard du Séminaire Saint-François ne peut rien dire publiquement contre son entraîneur, qui fait de moins en moins rire les partisans des Flames depuis quelques mois.
Je me demande toutefois ce que le directeur général Brad Treliving, un homme de classe, a pu penser de la réaction de son homme de confiance derrière le banc.
Si on se fie au déferlement de réactions négatives des partisans des Flames sur les réseaux sociaux, on peut facilement imaginer que Treliving ne l'a pas trouvée drôle lui non plus...
Le cas Bruce Boudreau
À 1000 kilomètres de là, à Vancouver, l’épouvantable gestion du dossier de l’entraîneur-chef Bruce Boudreau a éclaboussé la haute direction des Canucks pendant une bonne partie de la fin de semaine.
En somme, Boudreau, dans le hockey professionnel depuis un demi-siècle, s’est pointé au boulot pour les deux parties des siens en sachant fort bien qu’il serait congédié et remplacé prochainement. L'annonce de la venue de Rick Tocchet devait tomber lundi, mais le verdict a finalement été rendu dimanche soir en raison de l'ébruitement de la nouvelle dans les médias.
En mêlée de presse, samedi, Boudreau a bien failli craquer, ne sachant plus à quel saint se vouer... sinon que de continuer à chercher des solutions et d'honorer son contrat au meilleur de ses capacités. Il a gardé la tête haute jusqu'à la fin, même s'il était humilié publiquement.
«Tu ne sais jamais si c'est terminé...» soupirait-il, les yeux remplis de larmes, en soirée samedi.
Bruce Boudreau's goodbye to Canucks fans last night 😢
— Hockey Night in Canada (@hockeynight) January 22, 2023
(🎥: @Sportsnet)pic.twitter.com/0fzml2ylcJ
La scène, où on le voit, la main sur le cœur, remercier les partisans en train de scander «Bruce there it is», est gênante, à la fois pour les Canucks, mais aussi pour la Ligue nationale de hockey.
Où est passé le respect?
Ces deux cas d'espèce, bien différents, mais similaires à la fois, illustrent très bien à quel point le sport professionnel peut parfois être complètement déconnecté des règles les plus élémentaires de la saine gestion.
Du respect, c'est la moindre des choses que peuvent souhaiter les athlètes, des êtres humains d'abord et avant tout.
En fin de semaine, la LNH a échoué le test de vérité.
Deux fois plutôt qu'une.