{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fdd0a7892-b8ba-49de-9fc9-86120d1ee872.png&width=1024&stripmeta=true","description":{},"email":"ylaprade@lenouvelliste.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ffdb1f335-edb1-4090-8d02-4fd92c1c3934.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Trois-Rivières","name":"Yvon Laprade","source":"Collaboration spéciale"}],"channel":"Yvon Laprade","chapters":[{"position":0,"text":"

Cela fait des années, voire des décennies, que ça dure. Cela fait des années et des décennies, aussi, que le Québec ferme les yeux pour ne pas voir la réalité en face.

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Une statistique à la fois choquante et non moins révélatrice: en 2021, ces grands utilisateurs ont versé la modique somme de trois millions en redevances en échange de leur consommation de 811 milliards de litres d’eau.

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Pourquoi si peu pour d’aussi grandes quantités?

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Il faut savoir qu’au Québec, la redevance exigée aux embouteilleurs n’est que de 70 dollars par million de litres d’eau. En Ontario, c’est 500 dollars, en raison de la surprime qui s’applique.

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Deux provinces, deux approches. Chose certaine, nos voisins ontariens ont compris ce que nous commençons tout juste à assimiler: l’eau n’est pas une ressource inépuisable et les grands utilisateurs de la trempe de Coca-Cola, Pepsi et Nestlé doivent accepter de verser leur juste part s’ils veulent continuer de s’abreuver à grand débit.

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Un projet de loi attendu

C’est là que ça devient intéressant...

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Il y a quelques jours, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a confirmé au Devoir ce qu’on attendait depuis un bon bout de temps: le mois prochain, dès la reprise des travaux parlementaires, il déposera le projet de loi 42 sur les redevances exigibles pour l’utilisation de l’eau.

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En entrevue, le ministre s’est avancé le bras en annonçant une «hausse significative des redevances», qu’il a qualifiées de «ridicules» et «d’insuffisantes».

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Il a également dit souhaiter pouvoir mettre fin au secret commercial entourant la consommation de ces grands utilisateurs. Cela peut être interprété comme un spectaculaire revirement de situation, quand on sait que le gouvernement a toujours refusé de dévoiler ces données au nom de la sacro-sainte confidentialité pour des raisons de compétitivité.

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Il faudra voir ce que renferme le projet de loi avant de s’énerver le poil des jambes. Il y a lieu de croire, toutefois, que cette législation va faire des mécontents du côté des utilisateurs, qu’on pense aux minières, aux papetières, aux producteurs d’engrais dans le secteur agricole, à l’industrie de la transformation alimentaire et bien sûr, aux grands embouteilleurs.

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C’est d’ailleurs silence radio dans tous les cas. Ce qui n’est guère étonnant. Mais cette fois, le lobby des grands consommateurs aura du mal à renverser la vapeur compte tenu de la prise de conscience citoyenne sur la valeur de l’eau.

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Le modèle ontarien?

Québec va-t-il s’inspirer du modèle ontarien en exigeant une surprime de 500 dollars? Va-t-il relever le tarif de base – qui se situe actuellement à 2,50 dollars pour chaque million de litres d’eau – pour le porter à 3,71 dollars, comme c’est le cas en Ontario?

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Va-t-il commencer à «facturer» à partir de 50 000 litres, comme chez nos voisins ontariens? Il faut savoir qu’au Québec, l’eau est gratis jusqu’à 75 000 litres...

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Mais plus important encore: prévoit-on exiger l’installation de compteurs d’eau pour la collecte de données?

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Ce sont là des questions pertinentes et l’organisme Eau secours, tout naturellement, se dit en droit d’obtenir des réponses satisfaisantes.

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Quelles sont ses attentes avec le projet de loi du ministre Charette?

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«On est très contents de la réaction du gouvernement d’aller de l’avant, c’était une promesse électorale qui va se concrétiser», souligne la directrice générale, Rébecca Pétrin.

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Elle se garde toutefois une petite gêne. «Est-ce que ce sera aussi audacieux qu’on le prétend? La nouvelle redevance exigée sera-t-elle augmentée de façon vraiment significative?»

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La dirigeante insiste sur l’importance d’une plus grande transparence afin qu’on sache comment et combien les industries puisent l’eau douce dans nos lacs, nos rivières et nos sources souterraines.

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Où va l’argent?

Il est bon de savoir que le gouvernement entend créer un Fonds bleu avec le montant des redevances qui seront bonifiées. Ce fonds qui sera administré par le ministère de l’Environnement – et qui pourrait atteindre 150 millions -, est voué à la... protection de l’eau.

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Mais ça ne réglera pas tout. En 2023, les municipalités n’ont toujours aucun pouvoir de taxation auprès des industries – lire: les embouteilleurs – qui prélèvent l’eau dans les cours (d’eau) à des fins commerciales.

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Le Québec n’est pas la Californie, où l’eau a été «privatisée». Dans la Belle Province, nous le savons tous et toutes: l’eau coule... de source. Ce n’est pas une raison, plaide la directrice générale d’Eau secours, de garder le bar ouvert.

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En 2018, les embouteilleurs qui font de la business au Québec ont prélevé 2 milliards de litres d’eau et versé la modique somme de... 150 000 dollars au gouvernement.

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En Ontario, pour la même consommation, les redevances se sont élevées à... 23 millions de dollars.

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Souvenons-nous les propos tenus par le premier ministre François Legault, en décembre 2022, lors de la COP15 à Montréal: «Dans les prochaines années, les réserves d’eau douce vont devenir de plus en plus précieuses. On doit les protéger.»

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Il a aussi déclaré que ce n’est «pas acceptable» que les grandes industries ne versent pas leur juste part pour avoir accès à l’or bleu.

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On attend la suite des choses.

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***

Journaliste depuis plus de 45 ans, Yvon Laprade a couvert à peu près tout au cours de sa carrière avant de se spécialiser en économie. Il a travaillé et collaboré pour quelques quotidiens montréalais en plus d’être l’auteur de cinq livres, notamment Autopsie du scandale Norbourg. Il se passionne pour l’actualité et il juge essentiel de donner la parole à ceux qui ont des choses à dire. Il croit également au pouvoir des régions et il se fait le défenseur d’une information de qualité aux quatre coins du Québec.

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