«Ça fait des mois que le maire Bruno Marchand dit qu’il va faire une campagne de marketing pour faire monter l'acceptabilité sociale et ça n'augmente pas pantoute», lance le chef conservateur Éric Duhaime, farouchement opposé au tramway.
Depuis deux jours, les résultats d’un sondage de la firme SOM commandé par Le Soleil montrent que l’adhésion de la population au projet de tramway stagne. Si 44 % des répondants se disent toujours favorables, leur appui est loin d'être indéfectible.
En effet, des surcoûts, même inférieurs à 500 millions $, pourraient plomber considérablement l’appui du projet chez les citoyens de Québec, révèle le coup de sonde.
La question du prix du réseau structurant de transport en commun fait débat presque quotidiennement. Au conseil municipal, le maire Bruno Marchand est talonné par les oppositions, qui lui demandent de révéler au plus vite la facture à jour du tramway.
Cette mise à jour budgétaire est prévue au cours des prochaines semaines, mais on sait d’ores et déjà que les coûts seront assurément plus élevés que les 3,965 milliards $ annoncés.
Présumant une hausse qui se chiffre en milliards $, le parti municipal de la deuxième opposition, Équipe Priorité Québec, est clair: «Il faut tirer la plug et recommencer. Il faut arrêter ce projet-là, c'est une folie», lance son chef Patrick Paquet.
Représentant la seule formation opposée au tramway à l’hôtel de ville de Québec, M. Paquet conclut qu’«à la lueur de ce qu'on peut voir dans le sondage et de ce que les citoyens nous donnent comme information, on n’a pas le bon projet».
«Les citoyens ont parlé et ils envoient un message à l'administration Marchand et au gouvernement, dit-il. Ils disent ''nous ne sommes plus d'accord avec ce projet-là’’. Ça ne peut pas être plus clair».
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Même s’ils se sont séparés de leur ancienne équipe, les deux conseillers municipaux indépendants Jean-François Gosselin et Bianca Dussault la rejoignent dans le discours, toujours résolument en défaveur du grand projet.
Ils sont d’ailleurs élus dans Sainte-Thérèse-de-Lisieux et Val-Bélair, couronnes nord de l’est et de l’ouest, où l’appui est le plus faible de toute la ville de Québec. À Beauport et dans La Haute-Saint-Charles, seulement un tiers des citoyens se dit favorable au tramway.
«Les coûts, ça commence à inquiéter beaucoup de gens, autant des pro-tramways que des gens qui sont contre. Il n'y a aucun appétit de ce projet [dans nos districts]. À part la facture, nos citoyens n'ont rien d'autre», pointent les deux élus.
Le fait que près de 6 personnes sur 10 estiment préférable que la Ville reprenne l’appel d’offres pour le matériel roulant afin de susciter la concurrence constitue «un autre risque qui est très élevé», selon M. Gosselin.
«La balle est dans le camp du maire, pointe-t-il, mais les choix politiques qui sont faits ont un impact direct sur les coûts».
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Québec appelé à trancher
Selon Éric Duhaime, il revient maintenant au gouvernement du Québec, principal bâilleur de fonds de ce projet, de tirer un trait sur le tramway. «C’est lui qui signe le chèque. C’est lui qui doit dire : “on a une limite. Les contribuables ont assez payé”», soutient-il.
Au municipal, Équipe Priorité Québec est du même avis. Un tel déficit d’acceptabilité sociale, croit le chef Patrick Paquet, est devenu «indéfendable».
À partir de maintenant, il invite l’équipe du maire à prendre «un pas de recul» à «refaire ses devoirs», lui rappelant qu’elle s’était engagée à ne pas réaliser un tramway «à n'importe quel prix» pendant la campagne électorale de 2021.
Mercredi, le ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien, reconnaissait que l’adhésion au projet de tramway demeurait un «défi».
Silence chez les pro-tramways
Les défenseurs du tramway sont toutefois restés silencieux devant ces résultats, dans les derniers jours.
Absent de la ville depuis mercredi pour un court séjour d’affaires à Vancouver, le maire Marchand n’a pas souhaité commenter les résultats du sondage SOM-Le Soleil. Aucun élu de son équipe n’était non plus disponible pour réagir, a fait savoir son cabinet.
Les oppositions municipales qui se rangent elles aussi derrière le mégaprojet sont également demeurées silencieuses, déclinant toute demande de commentaires.
À l’Assemblée nationale, tant le Parti libéral que le Parti québécois n'ont pas souhaité réagir. Même chose pour le député solidaire de Taschereau et fervent défenseur du projet, Étienne Grandmont. «Aucun commentaire à faire», a simplement répondu son attachée de presse, Camille B. Vincent.