Disponible à compter de jeudi sur Club Illico, la télésérie réalisée par Podz marque aussi le retour officiel au petit écran, après une pause salutaire, de Claude Legault, vu brièvement au dernier Bye Bye dans la peau du premier ministre François...Legault.
Le comédien incarne l’alter ego de Sylvain Parent-Bédard, Marc, père du jeune Antoine et président-fondateur de la firme ComediHa! de Québec, celui dont s’est amourachée Julie (Cathleen Rouleau), il y a neuf ans. La jeune comédienne de formation ne se doutait alors pas que sa vie allait changer radicalement - difficilement au début, mais pour le mieux avec le temps - au contact de cet adolescent atteint d’autisme et de déficience intellectuelle, incapable de parler ni de marcher. Le jeune Antoine Parent-Bédard tient son propre rôle dans la série.
Ambiance cacophonique
Les quatre premiers épisodes dévoilés à la presse, mercredi matin, au studio MELS de Longueuil, gravitent autour du choc, puis du lent apprivoisement de sa nouvelle existence. Julie doit non seulement apprendre à composer avec les multiples soins que requiert l’état d’Antoine, sujet à des crises d’épilepsie, mais aussi à faire sa place dans ce clan tissé serré.
L’ex (Fanny Mallette), qui fait la garde partagée d’Antoine, n’est jamais loin. Plutôt distante à son égard au début, celle-ci baissera graduellement la garde en constatant son implication et son dévouement à l’égard de son enfant.
Il y a aussi la mère hyper énergique de Claude (Micheline Bernard), son autre jeune fils Georges (Édouard B.-Larocque) et ses deux frères (Marcel Sylvain et Hugues Frenette). Dans la grande et cossue maison familiale, il règne parfois une joyeuse cacophonie. De quoi faire regretter à Julie ces moments de douce quiétude, auprès de ce chum qu’elle a quitté pour écouter son coeur.
À travers le brouhaha de sa nouvelle vie, Julie cherche aussi à mettre sa carrière de comédienne sur les rails. Son ex (Iannicko N’Doua), lui-aussi comédien, réapparaîtra d’ailleurs dans le décor en lui donnant la réplique dans une pièce où elle a décroché un rôle. De quoi la faire douter de son choix. À suivre...
Une grande et belle famille
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/BIGN32M3AZEBHPSVYP2UOCWFCM.jpg)
Une vive émotion étreignait Cathleen Rouleau et son conjoint Sylvain Parent-Bédard lors de la présentation pré-projection mercredi. Et pour cause. À propos d’Antoine, c’est leur vie atypique et méconnue qu’ils ont choisi d’exposer au plus grand nombre dans l’espoir qu’elle fasse œuvre utile auprès de parents d’enfants différents. Mais c’est surtout «l’histoire d’une belle et grande famille», résume la comédienne.
La télésérie de dix épisodes, tournée à Québec dans une trentaine de lieux différents, s’inspire «dans une grande proportion» de faits véridiques, mais «romancés, bien sûr» explique en table ronde Sylvain Parent-Bédard, qui agit comme producteur en collaboration avec Québecor Contenu.
Au-delà de la grande satisfaction d’avoir mené à terme un projet aussi audacieux, l’homme d’affaires se réjouit surtout de l’impact positif que l’expérience a eu sur son fils, que d’aucuns croyaient incapable de participer à un tel projet. «Le tournage l’a stimulé. Ses crises (d’épilepsie) ont diminué. Ç’a été du plaisir pour lui, un camp de vacances. Il a connu plein de petites victoires.»
Pour Cathleen Rouleau, qui signe sa première série de fiction, Antoine est un être d’exception. Une scène très intense - «un moment de grâce», dit-elle - le montre d’ailleurs l’enlaçant tendrement alors que son personnage doute de sa capacité à s’intégrer dans cet univers familial inédit. «Cet enfant-là ne parle pas, mais il le fait avec ses yeux.»
Plus de transparence
Cinéaste habitué à relever des défis techniques – qu’on pense seulement à la fameuse scène de fusillade de 19-2 dans une école, tournée en un plan séquence d’une douzaine de minutes – Claude «Podz» Grou a plongé dans À propos d’Antoine sans trop s’arrêter à ce que représentait celui de tourner avec un enfant polyhandicapé. «Si tu penses aux problèmes en partant, tu ne le feras jamais. Il ne faut pas que tu sèmes le doute.»
De son propre aveu, Podz explique qu’il n’a jamais été le plus loquace sur un plateau de tournage. Son travail avec Antoine l’a forcé à modifier sa façon de travailler. Car, au regard de son handicap, l’adolescent ne pouvait être dirigé de la même façon qu’un autre acteur. «J’ai appris à être beaucoup plus transparent dans ma façon de faire les choses. Je ne parle jamais dans mon processus, mais là, il fallait que je le fasse.»
La touche du réalisateur des longs-métrages Mafia inc. et King Dave, est reconnaissable dans la télésérie à travers quelques plans séquences et le soin apporté à l’environnement sonore. L’introduction, où le personnage de Cathleen Rouleau perce le quatrième mur pour confier ses doutes et angoisses à la caméra, est particulièrement originale.
Un retour angoissant
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/LT7U4GYTC5GUBA7GI3CB2HHXYM.jpg)
À propos d’Antoine marque le retour de Claude Legault dans l’oeil du public. La nature audacieuse du projet lui a tout de suite donné le goût de sauter dans l’aventure, lui qui a mis sa carrière d’acteur sur pause pendant deux ans.
«Je connaissais bien Sylvain Parent-Bédard et un peu Cathleen, alors j’avais un gros boutte de fait. Quand Podz s’est greffé (à l’équipe), il ne me restait plus grands raisons pour refuser», dit-il en entrevue au Soleil, au sujet de son ami qui l’a dirigé sur plusieurs productions, dont 19-2 et Minuit le soir.
Malgré sa longue feuille de route, le comédien a vu l’angoisse l’envahir la veille du début du tournage de la télésérie, comme s’il repartait à zéro. «C’est fou, j’ai 25 ans de métier dans le corps, mais je ne savais plus jouer, apprendre mes lignes, c’est fucké, hein? La confiance, ça prend des années à se gagner, mais ça se perd en une seconde. C’est fragile.»
Une comédie romantico-dramatique comme À propos d’Antoine requiert une grande habileté à faire l’équilibriste, entre drame et légèreté, ajoute-t-il. «Ce n’est pas simple à jouer. Il faut que tu cherches la vérité. Il faut que tu sois vrai.»
En fin d’entrevue, les artisans de la télésérie ont fait savoir qu’une deuxième saison se profile à l’horizon, au grand bonheur de Claude Legault. «Je rembarque demain matin.»
Histoire de mieux comprendre la dynamique de cette famille hors du commun, on vous recommande le visionnement du documentaire Antoine le merveilleux, disponible sur TVA+.