Pas moins de 81 % des résidents de la grande région de Québec sont d’accord pour qu’une intervention du gouvernement force un changement de gestionnaire.
Le regroupement Avenir Mont-Sainte-Anne, une coalition créée par Les Amis du Mont-Sainte-Anne, réclame cette intervention depuis déjà quelques années. Avec les pépins qui s’accumulent sur la montagne, plusieurs ont rejoint leurs rangs.
Plus précisément, 48 % des répondants se disent totalement en accord avec une intervention gouvernementale, et 33 % se disent plutôt en accord. Le taux d’appui à une intervention gouvernementale est plus élevé chez les 55 ans et plus, à 89 %.
Lien brisé
Simplement, le lien de confiance est brisé entre la population et Resorts of the Canadian Rockies (RCR), qui ne fait pas les travaux ou les investissements nécessaires pour bien s’occuper de la montagne.
La chute de la télécabine a ajouté de l’huile sur le feu, avant même le début officiel de la saison de ski. La Régie du bâtiment du Québec avait ordonné la fermeture des remontées mécaniques jusqu’à ce que les ajustements et vérifications adéquates soient réalisés. La montagne a pu finalement accueillir les skieurs le 8 janvier, après les vacances des Fêtes : un coup dur pour les abonnés et les commerçants près de la montagne.
Ajoutons aux déceptions l’annulation de la coupe du monde de snowboard cross, qui devait se tenir au MSA du 3 au 5 février. La Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS) nomme des problèmes météorologiques… et techniques pour justifier sa décision.
Les difficultés des remontées mécaniques du MSA ont donc eu un impact sur la décision de tenir la coupe du monde dans la région de Québec.
La cueillette de données a été réalisée par sondage Omniweb entre le 6 et 8 janvier auprès de 502 répondants, 66 % d’entre eux sont résidents de la ville de Québec et 34 % des répondants demeurent à l’extérieur de la ville, mais dans la grande région de Québec. Plus de la moitié des répondants sont des travailleurs, alors que 30 % sont retraités et 7 % sont des étudiants.
«Ça avance»
L'organisme à but non lucratif Les Amis du Mont-Sainte-Anne a été créé en 2019 et compte maintenant plus de 500 membres.
«Je sens que notre cause avance, honnêtement. C’est réconfortant le sondage, on n’est pas seuls à penser qu’il y a des problèmes et que ça prend des changements. Les gens nous appuient», indique le président des Amis du Mont-Sainte-Anne, Yvon Charest, joint par téléphone.
Le groupe avait fait signer une pétition il y a deux ans, à leurs débuts dans la bataille contre RCR. Plus de 40 % de la population de Saint-Ferréol-les-Neiges avait appuyé la cause.
«Est-ce que c’est juste local? Il fallait aller voir la population de Québec pour savoir ce qu’elle en pense. Le sondage, ça veut dire que tout le monde pense ou connaît quelqu’un qui pense que le Mont-Sainte-Anne manque d’amour.»
La chute de la télécabine a évidemment remis le sujet sous les projecteurs, mais Yvon Charest croit aussi que l’offre refusée du Massif de Charlevoix pour acheter la montagne a fait avancer le dossier au gouvernement.
«Le gouvernement était hésitant à serrer la vis. Il se disait que si RCR était écarté, il allait être obligé d’assumer les opérations de la montagne. Avec l’offre du Massif pour racheter le contrat de RCR, ça permet au gouvernement d’être plus courageux», explique M. Charest.
«Nous, ça fait longtemps qu’on sait que l’avenir de la montagne doit se faire sans RCR. On arrive à la conclusion que RCR est un opérateur qui n’est pas sécuritaire et ne mérite pas d’avoir de la subvention. On veut assurer la pérennité de la montagne et c’est clair que ça ne se fera jamais avec RCR», ajoute le président du groupe.