Chronique|

L’inexplicable gaffe du CF Montréal

Le président et chef de la direction du CF Montréal, Gabriel Gervais

CHRONIQUE / Le CF Montréal a commis un autre gênant cafouillage, en début de semaine, en nommant Sandro Grande comme entraîneur-chef de son équipe de réserve, avant de rétroagir, moins de 24 heures plus tard. Un gênant faux-pas du plus gros club de soccer de la province, qui vient de saboter une autre occasion de gagner la confiance d’un plus grand nombre de Québécois. 


Les reproches adressés à Grande rassemblaient les élus de tous les horizons politiques après sa nomination. Ce n’est pas tous les jours que l’Assemblée nationale du Québec, l’Hôtel de Ville de Montréal et le Parlement fédéral parlent d’une seule voix, mais le CF Montréal a réalisé l’exploit!

Cette gênante unanimité était surtout attribuable aux propos inacceptables émis par Grande, en 2012, au lendemain de l’attentat du Métropolis commis contre la première ministre, Pauline Marois.

Sur Twitter, Grande avait plongé dans les égouts des réseaux sociaux en écrivant que «la seule erreur que le tireur a commise la nuit dernière, c’est de rater sa cible. Marois! La prochaine fois mon gars! J’espère!» délirait Grande, avant de paniquer et de plaider le piratage informatique.

Des propos pathétiques et dégueulasses, que n’a pas cru bon de tenir compte la direction du CF Montréal, dans sa réflexion dans les jours précédent l’annonce de sa nomination. Ce qui est décrit comme un «manque de sensibilité» par le président et chef de la direction de l’équipe, Gabriel Gervais relève plutôt d'un manque de jugement, purement et simplement.

Que se passe-t-il avec le CF?

Encore plus de la part d’un club qui vient de perdre des éléments importants de sa dernière édition, au premier chef l’entraîneur Wilfried Nancy, parti pour Columbus dans des circonstances nébuleuses en raison de sa relation trouble présumée avec le propriétaire Joey Saputo. 

Cela s’ajoute aussi au fait que la patience et la confiance des partisans du club ont été mises à dure épreuve dans les dernières années, notamment dans l’interminable saga du changement de nom et de logo de l’Impact.

Le bilan des courses est navrant pour le CF Montréal, qui venait pourtant connaître une saison prometteuse sur le terrain. Cet énième cafouillage jette un ombrage supplémentaire sur l’organisation alors qu'elle devrait se concentrer à faire rêver ses partisans en vue de la prochaine campagne.

Le sport pardonne

Depuis toujours, le sport professionnel a l’habitude de ces pardons élastiques. De tous les grands circuits du globe, la Ligue nationale de football (NFL) est probablement le circuit qui a passé l’éponge le plus souvent. Gestes racistes et xénophobes, dossiers criminels, tricherie, violence, trafic illégal de drogues ou d’armes à feu, on a tout vu et tout entendu. 

Les grandes équipes de sport professionnel sont enclines à offrir une deuxième chance, à réhabiliter des athlètes qui n’auraient jamais pu profiter de cet état de grâce dans d’autres sphères de la société, que ce soit en politique ou dans les plus hautes fonctions de l’administration publique.

Pourquoi? Probablement au nom de la victoire et de la prise de risques inhérente à la pratique sportive, c’est vrai, mais aussi et surtout parce qu’il y a des millions de dollars en jeu. 

C’est ce qu’il y a de plus gênant dans le cas du CF Montréal. La nomination de Sandro Grande, qui n'était pas le sauveur de l'organisation, ne relevait pas de raisons financières.

Déconnecté?

La seule conclusion possible, c’est qu’il s'agit d’une autre preuve de la déconnexion totale entre la haute direction de l’équipe de soccer et le Québec, ce que s'acharnent à répéter bien des amateurs en coulisses depuis longtemps.

Le plus récent manque de jugement du CF Montréal est troublant. À faire rougir de honte les valeureux fondateurs de l’Impact...