Hommes blancs: Ottawa n’assouplira pas les critères

Pour atteindre les cibles d’équité, de diversité et d’inclusion fixées par le gouvernement fédéral, l’Université Laval exclut de facto les hommes blancs non handicapés de certains appels de candidature.

Le gouvernement fédéral n’a pas l’intention d’assouplir les critères d’équité, de diversité et d’inclusion du Programme des chaires de recherche du Canada, comme le réclament notamment la classe politique québécoise, l’Université Laval et des associations étudiantes.


Ces quotas imposés par Ottawa pour octroyer les fonds du Programme des chaires de recherche du Canada ont été largement dénoncés au Québec au cours des derniers mois et encore tout récemment. 

Pour atteindre les cibles d’équité, de diversité et d’inclusion fixées par le gouvernement fédéral, l’Université Laval exclut de facto les hommes blancs non handicapés ou non autochtones de certains appels de candidature, déplore-t-on. 

Début décembre, les élus de l’Assemblée nationale ont adopté unanimement une motion dénonçant «l’ingérence du gouvernement fédéral qui finance des programmes de chaires de recherche selon certains critères qui ne reflètent pas la spécificité du Québec». 

«La promotion d’une plus grande représentativité des groupes cibles sous-représentés doit toujours s’effectuer dans une logique de compétence égale», soulignait-on également dans la motion déposée par la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. 

La motion faisait suite à la sortie de l’historien et professeur au Collège Dawson Frédéric Bastien contre l’appel de candidatures lancé à l’automne 2021 par l’Université Laval pour le poste de titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire, réservé aux «personnes candidates possédant les compétences requises ET s’étant auto-identifiées comme membre d’au moins un de ces quatre groupes sous-représentés (femmes, autochtones, personnes en situation de handicap et personnes appartenant aux minorités visibles)». 

S’estimant lésé dans ses droits, Frédéric Bastien, qui a été candidat à la course à la chefferie du Parti Québécois en 2020, a porté plainte auprès des Commissions des droits de la personne du Québec et du Canada.

Le sujet est revenu dans l’actualité au cours des derniers jours avec la dénonciation de six associations étudiantes de l’Université Laval, qui jugent les exigences du Programme des chaires de recherche du Canada superficielles, discriminatoires et contre-productives. 

Selon elles, les objectifs d’équité, de diversité et d’inclusion du Programme devraient viser à promouvoir les meilleures pratiques plutôt qu’à appliquer un système de quotas «qui pousse les universités à adopter des procédures préférentielles ou exclusives néfastes».

Au terme d’une rencontre tenue lundi avec des représentants de ces associations, la direction de l’Université Laval a dit souhaiter elle aussi un assouplissement des critères, affirmant être en discussion avec le gouvernement fédéral à ce sujet. 

Rappelant que les quotas imposés par Ottawa sont les mêmes peu importe l’emplacement géographique des établissements universitaires, le vice-recteur responsable de l’équité, de la diversité et de l’inclusion, François Gélineau, a souligné que l’atteinte des cibles était plus difficile pour les universités de milieux moins diversifiés comme Québec. 

Mais Ottawa n’a pas l’intention de modifier quoi que ce soit, indique-t-on au cabinet du ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne. 

Dans une déclaration écrite transmise au Soleil, la directrice des communications du cabinet du ministre Champagne, Laurie Bouchard, souligne que les objectifs d’équité utilisés par le Programme des chaires de recherche du Canada sont «une exigence juridiquement contraignante qui fait suite à une ordonnance de la Cour fédérale exigeant que des mesures spécifiques soient mises en œuvre dans le programme pour éliminer les obstacles systémiques et accroître la représentation des personnes appartenant aux quatre groupes désignés : les femmes et les minorités de genre, les personnes handicapées, les peuples autochtones et les personnes racialisées».

Mme Bouchard assure que «tous les titulaires d’une chaire de recherche du Canada sont recrutés en fonction de l’excellence de leur dossier». 

«Avant de se voir attribuer une chaire de recherche du Canada, les candidats doivent d’abord se soumettre à un processus d’évaluation rigoureux fondé sur le mérite afin de s’assurer qu’ils répondent aux critères d’excellence du programme», précise-t-elle.

Le cabinet du ministre Champagne fait également valoir que «la forte augmentation des candidats de ces groupes au programme depuis 2017 et la constance du taux de réussite du programme avant et après ce moment démontre concrètement toute l’étendue du bassin de candidats d’excellents chercheurs».