Le thérapeute du sport des Remparts s’en va avec un pincement au coeur

En raison du départ de Steve Bélanger, le prochain thérapeute du sport des Remparts sera Félix-Antoine Lavoie.

Il faisait partie des meubles, et à vrai dire, à peu près tout le monde pensait qu’il avait un poste à vie. Mais même un loyal et fidèle employé ne pouvait pas refuser une occasion en or de participer au développement de la relève de sa profession.


Samedi, Steve Bélanger «disputera» son dernier match comme thérapeute du sport avec les Remparts de Québec. Il sera dorénavant responsable de la clinique universitaire de l’UQTR, où il complète présentement une maîtrise.

«Ça s’est fait vite, j’ai vu passer une offre d’emploi [de thérapeute du sport en charge de la clinique universitaire], j’ai posé ma candidature, passé l’entrevue et on m’a fait une offre. J’avais un petit pincement au coeur, car ça commençait au début du mois de janvier, et que nous avons une pas pire équipe, mais il fait saisir ce genre d’opportunité lorsqu’elle passe», racontait Bélanger pendant l’entraînement des Remparts, mardi, dans son local au Centre Vidéotron.

Steve Bélanger en est à sa 23e saison avec les Remparts. Il était celui qui comptait le plus d’ancienneté avec l’équipe après Nicole Bouchard, souvent qualifiée de «directrice générale» par Patrick Roy.

«Les Remparts, c’est presque la moitié de ma vie. J’ai 51 ans, ça fait 23 ans que je suis ici, c’est une décision déchirante de partir», admettait celui qui réfléchissait depuis quelque temps à l’idée de se joindre au centre de l’activité physique de l’UQTR.

Sans que cela n’en soit pas la principale raison, la possibilité que l’entraîneur-chef Patrick Roy quitte son poste à la fin de la présente saison a pesé un peu dans la balance.

«Il y avait une complicité entre nous, ça fait 23 ans qu’on travaille ensemble. On savait où chacun s’en allait. Il est le premier à qui j’en ai parlé, il était content pour moi.»

Roy a toujours eu beaucoup de respect envers lui et n’a jamais remis en doute un quelconque diagnostic. Il n’a jamais cherché à le convaincre de permettre le retour au jeu d’un joueur qui n’était pas prêt à le faire.

«Il a toujours protégé les joueurs, peu importe la blessure. Il avait le logo des Remparts sur le coeur, ce n’est pas une décision facile. Il s’est donné corps et âme pour nous, on est très content d’avoir pu l’aider dans son cheminement. On tourne une page de notre histoire», admettait Roy, qui perd aussi un défenseur à sa manière.

Bélanger n’était pas sur la patinoire, à moins d’une blessure à un joueur, mais il voulait gagner comme tout le monde et il lui arrivait de prendre la défense de son patron, à l’occasion. Comme cette saison, où il a été expulsé d’un match pour avoir dit un mot plus haut que l’autre.

«Écoute, il arbitrait à la balle, il sait comment ça marche. Il prenait sa voix d’arbitre!», blaguait Roy.

À l’UQTR, Bélanger travaillera avec les étudiants pour qu’ils pratiquent sur le terrain ce qu’ils auront appris en classe. Il ne se voyait pas ne faire que de la théorie.

«Je veux les aider à devenir le meilleur thérapeute du sport possible. Le plus dur, ce sera d’être loin de la «game», mais je vais venir faire mon petit tour à l’occasion. À quel vais-je m’ennuyer de l’action? Je pourrai répondre à cela dans deux ou trois mois…», disait celui qui a souvent accueilli des stagiaires avec les Remparts, comme Félix-Antoine Lavoie qui assurera sa succession à son poste.

Steve Bélanger était le thérapeute du sport des Remparts depuis 23 ans.

Des joueurs et des souvenirs

Steve Bélanger était un homme discret et réservé. Il dévoilait des secrets médicaux seulement quand le diable rouge en chef nous invitait à aller lui demander l’état de santé d’un joueur. On en a profité pour lui poser quelques questions supplémentaires.

Son plus beau souvenir: «La Coupe Memorial [2005-2006]. Ce fut un moment extraordinaire de se rendre jusqu’au bout avec les gars. Quand tu n’as jamais gagné et que ça arrive, tu comprends tout.»

Le moment le plus stressant: «On les oublie, mais j’en ai peut-être eu plus à l’extérieur du hockey. Il y a eu Mikaël Tam, mais je n’étais pas, j’étais à l’école… Il y a eu Kurt Etchegary, mais il n’était pas tombé sur la glace, c’était sa condition. Sauf que si nous n’avions pas été proactifs, ça aurait été un cas spécial.»

Le meilleur joueur qu’il a vu avec les Remparts: «Radu, un mille devant les autres.»

Un joueur qui l’a marqué: «Depuis la saison 2000-2001, j’ai côtoyé des personnes extraordinaires. Robert Pearce était un bon gars. Il a souvent été blessé, on avait développé quelque chose. Je pense aussi à Charle Truchon, à Brent Aubin, à Marc-Édouard [Vlasic] qui ne disait pas un mot, mais qui est rendu à 1200 matchs dans la LNH.»

L’évolution de la profession: «À mon arrivée, je ne sais pas s’il y avait un thérapeute certifié dans la Ligue, alors qu’aujourd’hui, ils ont tous un titre professionnel. On l’a vu au football [lundi], ça prend du monde bien formé. Il ne peut rien se passer pendant quelques matchs, mais quand ça arrive, ils sont contents qu’on soit là, ça n’a pas de prix.»

Des remerciements: «Les joueurs ne nous le disent pas toujours, mais je sais qu’ils apprécient ce qu’on fait. Plusieurs m’appellent encore pour me de demander des conseils. Nick Sorensen a dit dans un article [du Soleil] que Québec était l’endroit où il avait été le mieux traité.»

La barre haute

Pendant que Steve Bélanger rencontrait les membres des médias, les Remparts retournaient sur la glace en préparation pour leur match de mercredi à Drummondville et le programme double à Québec contre les Olympiques de Gatineau, vendredi et samedi. Ils avaient encore en mémoire leur défaite de 5-2 contre Sherbrooke devant plus de 16 000 spectateurs, le 31 décembre.

«On n’a pas joué un mauvais match, mais ça dépens où l’on veut mettre la barre. Toutes les excuses sont bonnes, mais pas pour nous, parce que la barre, on veut qu’elle soit haute et que nos joueurs répondent à cela. Nous sommes les Remparts de Québec, on veut faire partie de l’élite de la Ligue, et j’aurais aimé qu’on joue avec plus de mordant. Il n’y a pas de garantie pour les matchs contre Drummondville et Gatineau, mais on sait qu’il s’agit de deux bonnes équipes et qu’ils seront prêts pour nous. La barre doit être haute, elle ne peut pas être dans le milieu et se dire, tout est OK, tout est beau.»

Blessé à un genou à Baie-Comeau, le défenseur nouvellement acquis Thomas Darcy pourrait revenir au jeu dans une dizaine de jours. En raison d’un surplus de joueurs et l’acquisition du vétéran Jérémy Langlois, le joueur recrue Vincent Murray a été retourné à son club M18 AAA de Gatineau pour y terminer la saison.