Les Québécois boivent près de 500 verres d’alcool par année

En moyenne, les Québécois boivent 1,35 consommation alcoolique par jour.

Les Québécois boivent trop d’alcool, pense le médecin spécialiste en santé publique Dr Éric Lampron-Goulet.


Selon les données de 2020-2021 publiées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), les Québécois consomment en moyenne 8,4 litres d’alcool pur par année, soit l’équivalent de 494 consommations. 

« Et c’est une moyenne pour les gens de 15 ans et plus, précise le Dr Lampron-Goulet. Ce n’est pas tout le monde qui consomme. Il y en a qui sont au-dessus et des gens qui n’en consomment presque pas. »

L’étude démontre que 81 % des Québécois de 12 ans et plus ont bu de l’alcool au moins une fois.

Une statistique qui inquiète le Dr Lampron-Goulet, qui explique que l’alcool est une substance cancérigène, et ce, dès le premier verre. « Le risque de cancer est considéré comme étant faible lorsqu’on consomme moins de sept boissons par semaine. Mais peu importe la quantité d’alcool qu’on va prendre dans la semaine, on va considérer que c’est une substance cancérigène », explique-t-il. 

Selon lui, « on consomme vraiment trop d’alcool de manière générale dans la société ». « C’est un enjeu de communications. Les gens ne réalisent pas jusqu’à quel point la consommation zéro d’alcool est meilleure pour la santé », décrit-il, affirmant cependant que la cible de zéro alcool ne sera pas atteinte par tout le monde. 

« L’idéal serait de ne pas consommer d’alcool. Mais on sait très bien que les gens vont continuer de le faire, alors aussi bien le faire de façon modérée, de façon sécuritaire et d’avoir des comportements sécuritaires après la consommation », conseille le médecin. 

Or, selon la directrice générale d’Éduc’alcool, Geneviève Desautels, la modération et l’éducation ont meilleur goût que l’absence totale d’alcool. 

« C’est la même chose avec les écrans. Je pourrais dire aux enfants de ne pas regarder le téléphone, la tablette et la télé. Le risque zéro n’existe pas », prévient-elle.

D’ailleurs, Mme Desautels se console lorsqu’elle compare le Québec avec le reste des Canadiens. « Il y a plus de Québécois qui consomment de l’alcool, mais de façon plus modérée que le reste des Canadiens », estime-t-elle, ajoutant que son organisme œuvre dans le domaine depuis 30 ans.

« Une étude de l’INSPQ de 2019 démontre que 83 % des Québécois sont au courant des risques de la consommation excessive, versus 25 % dans le reste du Canada et 33 % en Amérique du Nord, continue-t-elle. Il y a toujours du travail et de la sensibilisation à faire, mais il faut honorer le chemin parcouru. »

Forme cardiaque

Un mythe affirme que de boire un verre de vin tous les jours est bon pour le cœur. « C’est une notion qu’il faut déconstruire. [...] Il y a des controverses dans la littérature. Oui, certaines études disent que ça peut avoir un effet positif, mais d’autres considèrent que les gens qui consomment de l’alcool quotidiennement sont souvent plus riches et déjà en meilleure santé que les gens qui n’en consomment pas », estime Dr Goulet-Lampron, citant en exemple quelqu’un qui suit des traitements de chimiothérapie et qui serait moins portée à consommer de l’alcool. 

Une légère consommation n’a pas d’impacts en ce qui a trait aux problèmes cardiaques. « Dès qu’on dépasse les deux consommations par jour, on voit les problèmes cardiaques apparaître et augmenter de manière assez importante. Plus on boit durant une longue période de temps, plus les risques vont augmenter », explique-t-il. 

Et les brosses ?

Est-ce donc mieux de prendre sept consommations en une journée et de ne pas boire pour le restant de la semaine ? 

« C’est pire de prendre une brosse par semaine, répond le médecin du tac au tac. L’impact est souvent sur les maladies aigües qui peuvent survenir dans ces situations. J’ai vu de jeunes patients en bonne santé arriver avec une pancréatite aigüe à cause de la consommation d’alcool. »