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L’absence d’informations n’aura malheureusement empêché tout plein de chroniqueurs, qui ne connaissent pas les intervenants, ni le milieu, d’émettre des commentaires tranchants.

On salue les efforts des journalistes du Globe and Mail, qui viennent encore une fois de lever - un peu - le voile sur cette soirée d’été 2018, durant laquelle des membres de l’équipe nationale junior auraient agressé une jeune femme.

Quelques nouveaux détails ont été dévoilés, dans un document d’enquête de 94 pages que les journalistes ont pu consulter.

Un détail, en particulier, peut sembler anodin. Ce détail m’apparaît au contraire très important.

Un des joueurs impliqués aurait utilisé un groupe de messagerie pour inviter ses coéquipiers dans sa chambre d’hôtel, durant la soirée, dans le but de se livrer à des actes sexuels avec la présumée victime.

On ne sait pas exactement combien de joueurs participaient à cette conversation. Et ce n’est pas si important, au fond.

À la fin du mois de septembre, j’ai passé une soirée au Centre Slush Puppie avec les joueurs des Olympiques de Gatineau.

Ce soir-là, la direction du club avait invité des intervenantes du Centre d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles (CALAS) de l’Outaouais à discuter du principe élémentaire du consentement. Elle avait aussi demandé à des policiers communautaires de parler des problèmes auxquels font face les auteurs de délits sexuels.

J’avais eu beaucoup de sympathie pour les dames du CALAS qui se démenaient pour trouver des façons efficaces de communiquer avec les jeunes hommes de 16 à 20 ans.

J’avais bien aimé l’outil de prévention, tout simple, qui leur avait été offert vers la fin de la présentation.

Les intervenantes avaient parlé de «veille masculine». Le boys watch, avaient-elles, insisté, pour ceux qui sont plus à l’aise en anglais.

Les intervenantes s’adressaient ici aux jeunes hommes qui savent se comporter. Elles s’adressaient à ceux qui ne sont pas des agresseurs.

Ces gens ont le droit d’intervenir. Ils ont le droit de dénoncer les mauvais comportements. Ils ont le droit de ne pas se taire. Même lorsque les gens qui errent sont des coéquipiers, des amis.

J’avais envie de croire qu’en 2022, on pouvait y arriver.

Visiblement, ce n’est pas si simple.

Il doit bien y avoir une demi-douzaine de bonnes façons de réagir, quand on reçoit une invitation douteuse, dans un groupe de messagerie. Ça peut être aussi simple que de poser une question.

Êtes-vous certains que c’est une bonne idée, les gars?

••••

Je travaille dans le monde du sport depuis 20 ans. Durant cette période, j’ai principalement écrit sur le hockey. J’ai rencontré des tas de gens, durant cette période. Je continue de côtoyer les intervenants, chaque semaine.

Tous les gens qui vivent dans le monde du hockey ont passé les huit ou neuf derniers mois à naviguer à travers les vagues causées par Hockey Canada. Par la force des choses, tout le monde s’est remis en question.

Alors que l’année 2022 s’achève j’ai l’impression de voir de plus en plus clair. Au fil des échanges, je suis convaincu que la «culture toxique» qui est dénoncée existe, bel et bien. Il y a des comportements à changer.

J’ai aussi l’impression que cette culture survit en raison d’une minorité d’individus.

C’est important de le préciser. Les gens qui oeuvrent dans le monde du hockey en sont conscients. Les gens qui vivent à l’extérieur ne peuvent forcément pas le savoir.

Si la veille masculine s’avère inefficace, il faudra chercher la solution ailleurs.

J’ai envie d’en proposer une. Elle est en phase avec tout ce que j’ai écrit, sur le sujet, depuis le début de l’année.

Dans les prochaines années, on pourrait travailler à détruire le mur qui sépare le hockey masculin et le hockey féminin.

Trente ans après le premier championnat mondial féminin, tout le monde comprend que des femmes sont capables de jouer à un très haut niveau.

Les matches opposant les équipes nationales du Canada et des États-Unis font courir les foules, même lorsque débute un nouveau cycle olympique. La fameuse ligue professionnelle dont les joueuses d’élite rêvent depuis toujours semble sur le point de se concrétiser. Les programmes de qualité se développent un peu partout, dans les universités, des deux côtés de la frontière.

Tout cela est bien. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut continuer de créer des opportunités pour les filles qui souhaitent jouer. Même lorsqu’elles sont très jeunes.

Quand les jeunes femmes seront plus nombreuses, dans le hockey, on pourra créer plus d’opportunités pour les femmes qui veulent faire carrière dans le hockey.

J’ai envie de croire que les problèmes de «masculinité toxique» qui existent dans le hockey s’effaceront, peu à peu, au fur et à mesure qu’on s’approchera d’une zone paritaire.

Je sais, c’est vague et théorique. Je ne propose pas de solutions dans l’immédiat. Tous les problèmes du monde ne se règlent pas en claquant des doigts.

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