{"accessibility":"AUTHENTICATED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm-v2.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fc53c42b1-63f9-45b6-b4b5-ad2df46854aa.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Chroniqueur"},"email":"sstlaurent@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm-v2.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9f25188d-57a7-43eb-b5c0-b2d5939ec06d.jpeg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Ottawa","name":"Sylvain St-Laurent","source":"Le Droit","twitter":"Syl_St_Laurent"}],"channel":"Sylvain St-Laurent","chapters":[{"position":0,"text":"

Je l’observais depuis un bout de temps, déjà. Le match venait de débuter quand je suis arrivé dans le repère des fans argentins, au centre-ville d’Ottawa. Je m’étais installé dans le fond de la salle. Je ne voulais surtout pas déranger.

J’ai vite repéré Nicolas, étant donné qu’il avait décidé tout comme moi de se placer à l’arrière de la salle. Il portait un maillot de Lionel Messi -- ce qui n’était pas très original. Il se distinguait parce qu’il était bien entouré. Il était soutenu par trois femmes. Une grande. Deux très petites.

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Sa femme Valeria Liljesthrom et ses deux filles, Eline et Iana, portaient le même maillot que lui.

«Tu m’observes tandis que je souffre», m’a-t-il lancé, sur un ton faussement agacé, après m’avoir serré la main.

J’ai fait mine de ne pas comprendre. Je vous rappelle que nous étions à la mi-temps de la finale de la Coupe du monde. L’Argentine menait alors par deux buts. La France semblait désorganisée, sur le terrain. Tout allait comme sur des roulettes.

Qui échappe une avance de deux buts, au soccer, dans les 45 dernières minutes de jeu?

Nicolas était incapable de profiter du moment. Il était incapable de se détendre.

Sa fille aînée, Eline, faisait pourtant de son mieux. Elle s’était placée debout, sur un banc, derrière son père. Avec toute la sagesse de ses sept ans, elle parlait en lui massant le cou.

«Elle me dit que tout va bien. Elle me rappelle qu’on est en train de gagner. Elle me dit que je peux me calmer», indiquait le père.

«Elle est beaucoup trop rationnelle!»

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Environ 200 Argentins étaient réunis à Ottawa, dimanche, pour regarder la finale de la Coupe du monde 2022 entre la France et l'Argentine.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Martin Roy","position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fd73cb263-ee5f-41cf-aa2a-764898ed62ae.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":4,"text":"

••••

J’aurais voulu vous dire que c’était complètement fou.

J’aurais voulu écrire que la rue Queen, au centre-ville, vibrait comme elle ne vibre jamais.

Ce n’était pas tout-à-fait ça.

Évidemment, à la conclusion du match, les Argentins ont célébré comme ils devaient célébrer. On ne gagne pas la Coupe du monde chaque jour!

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Mais à quoi cela tient-il ? Car Messi, l’un des meilleurs footballeurs de tous les temps, si ce n’est le meilleur, a pu croire que la malédiction qui le poursuivait dans le Mondial allait connaître un nouvel épisode.

Alors que les Argentins menaient 2 à 0 grâce à son penalty (23^e) et un but de son lieutenant préféré Angel Di Maria (36^e), l’autre vedette de ce Mondial, Kylian Mbappé a ramené son équipe à hauteur en quelques secondes (80^e, 81^e). Puis, Messi a vu le Français réussir son deuxième penalty de la soirée (118^e) alors que l’Argentin venait de redonner l’avantage aux siens et haranguait son public (109^e).

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Pendant que Lionel Messi triomphe, Kylian Mbappé, avec huit réalisations, doit donc se contenter du trophée de meilleur buteur du tournoi."},"contentType":"image","credits":{"fr":"AP, Frank Augstein"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F133ed8fb-5f34-4765-8eaa-d900fcf544fa.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

Mais après quatre échecs depuis 2006, cette fois, c’était le soir de celui qui ravit les amoureux du ballon rond depuis si longtemps. Pour un triomphe au bout du suspense, obtenu aux tirs au but face à une équipe qui refusait de perdre. Mais qui a vu Kingsley Coman et Aurélien Tchouaméni échouer dans leurs tentatives, lors de cette terrible épreuve dont le gardien Emiliano Martinez a été le héros.

Cette troisième étoile pour l’Albiceleste, après celles des équipes menées par Daniel Passarella (1978) puis Diego Maradona (1986), portera la marque de Messi, immédiatement désigné meilleur joueur du tournoi, pour le plus grand bonheur de ses millions de supporteurs dans le monde entier. Ils ont immédiatement commencé à chanter sa gloire, du souk de Doha à Buenos Aires où leur retour promet d’être incandescent.

Sainte Trinité

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"C'est un premier titre mondial pour Lionel Messi, auteur d'un doublé. "},"contentType":"image","credits":{"fr":"AFP, Anne-Christine Poiujoulat"},"position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F6ce7c122-641b-489a-aa92-4516115c3844.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":4,"text":{"fr":"

Avant ce sacre, l’enfant de Rosario, 35 ans, avait tout gagné en clubs, avec le FC Barcelone surtout. Mais avec sa sélection, il se contentait d’une Copa America (2021). Ce titre mondial le fait rejoindre dans la légende Maradona, «el pibe de Oro», couronné en 1986. Il surpasse aussi Pelé, avec treize buts en cinq éditions de la compétition reine du football, un de plus que le Brésilien aux trois titres mondiaux. Ce trio ressemble fort à une Sainte Trinité pour les amoureux du ballon rond.

Son sacre est «mérité», a réagi sur Instagram le Brésilien, qui a suivi le Mondial depuis son lit d’hôpital où il lutte contre un cancer du côlon. «Diego est certainement en train de sourire», a ajouté Pelé, un peu plus de deux ans après le décès de Maradona.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le président français Emmanuel Macron réconforte Kylian Mbappé."},"contentType":"image","credits":{"fr":"AFP, Jewel Samad"},"position":5,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F157953d8-2494-4c6c-b7de-811dd3281480.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":6,"text":{"fr":"

Messi a fait quelque chose que n’ont réussi aucun de ses deux aînés, ni personne d’autre : il a marqué en poules puis dans chacun des quatre matchs à élimination directe... dont deux fois en finale.

«Nous sommes champions du monde!» a-t-il lancé au micro, extatique, avant de rassurer ses fans : «Je veux vivre quelques matchs de plus» avec la sélection. «Qu’avoir de plus après ça? Cela m’est offert quasiment à la fin de ma carrière...» Les joueurs se sont offert un timide avant-goût de leur retour au pays avec une parade dans un bus à impériale dans les rues de Doha.

«Gloire éternelle à Messi» titre une chronique d'Olé, traduisant le sentiment général en Argentine, qui attendait depuis près de vingt ans, le sacre mondial de son célèbre numéro 10, qui rejoint Diego Maradona au Panthéon des dieux du football.

Le président argentin a aussi exulté sa joie sur Twitter, interpellant son homologue français : «Cher ami EmmanuelMacron! Vous nous avez rendu le match difficile, mais le meilleur a gagné. Immense joie en Argentine et dans toute l'Amérique latine. Nous sommes heureux et émus par cette merveilleuse victoire. Vive le football et l'amitié entre les peuples».

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Les joueurs argentins célèbrent après le but décisif aux tirs au but."},"contentType":"image","credits":{"fr":"AFP, Jewel Samad"},"position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fd84ef4c9-8b60-43bc-be8b-dfb5329f4faf.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":8,"text":{"fr":"

Pour la France, qui était tenante du titre, cette dernière marche était celle de trop. Malgré son joyau qui a grandement contribué à faire de ce match une oeuvre d’art.

Étincelant, brillant, immense aussi, Mbappé en est à douze buts en Coupe du monde, autant que Pelé à qui il avait fallu quatre éditions pour atteindre ce total. Son triplé en finale, une première depuis Geoff Hurst (1966) qui s’est fendu d’un tweet de félicitations, lui offre un lot de piètre consolation : le titre de meilleur buteur du tournoi (huit).

Le roi et son ami

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le Français Raphael Varane entre en collision avec l'Argentin Julian Alvarez."},"contentType":"image","credits":{"fr":"AFP, Odd Andersen"},"position":9,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F2388472f-3988-4dc8-8351-73d303fdd46d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":10,"text":{"fr":"

Résilients, les Bleus avaient jusqu’alors surmonté de nombreux vents contraires : des forfaits en cascades de cadres, Paul Pogba, N’Golo Kanté, Presnel Kimpembe, Karim Benzema, puis un virus qui a touché l’effectif la semaine de la demi-finale et de la finale. Admirables combattants, ils ont encore cru tordre le bras au mauvais sort dimanche.

Mais la France ne deviendra pas la troisième nation à conserver le plus grand des trophées du football, comme l’avaient fait l’Italie (1934 et 1938) puis le Brésil du «roi» Pelé (1958 et 1962). Celui-ci reste aussi le seul à avoir emporté deux titres avant de fêter ses 24 ans, ce que ne réussira donc pas celui qu’il a décrit dimanche comme son «ami», Kylian Mbappé.

Son sélectionneur Didier Deschamps dira début 2023 s’il continue ou s’il passe la main.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Sur ce jeu, l'Argentin Rodrigo De Paul tombe durement au sol."},"contentType":"image","credits":{"fr":"AFP, Kirill Kudryavtsev"},"position":11,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F706bd285-99f6-46a3-abff-6c27969fe0e7.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":12,"text":{"fr":"

Conclue sous les yeux d’Elon Musk, cette Coupe du monde fut un tournoi à nul autre pareil, un Mondial de la démesure, nécessitant entre 200 et 300 milliards d’euros d’investissements selon les estimations. Sept des huit stades ont été bâtis pour l’occasion, le dernier entièrement rénové.

C’est aussi le premier Mondial organisé dans un endroit aussi petit, avec tous les stades dans un périmètre de 70 kilomètres.

Il est venu interrompre les saisons de football professionnel, pour éviter les températures estivales insupportables de ce petit émirat gazier.

Les organisateurs ont été en butte à de nombreuses polémiques.

Record de buts

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Lionel Messi a marqué le troisième but des Argentins."},"contentType":"image","credits":{"fr":"AFP, Jewel Samad"},"position":13,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F7fd924ee-9ba6-42bd-ad55-6bb994dbc416.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":14,"text":{"fr":"

Il y eut d’abord les accusations de corruption pour obtenir en 2010 l’organisation de la compétition aux dépens des États-Unis, à la surprise générale. Des enquêtes judiciaires sont en cours dans plusieurs pays.

Le Qatar a également été critiqué sur la question des droits humains, notamment le traitement réservé aux travailleurs migrants d’Asie du Sud et d’Afrique. Il dément que des milliers d’entre eux aient trouvé la mort sur les chantiers du Mondial.

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Dans un entretien à l’AFP, le directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), Gilbert F. Houngbo, a expliqué que le bilan exact ne serait jamais connu. Il a toutefois assuré que «le Qatar (avait) mieux fait dans ce domaine que d’autres pays» et loué un «travail très positif» pour améliorer les droits sociaux à la faveur du tournoi.

Autre sujet de polémique en Occident, les droits LGBT+ dans un pays très conservateur où homosexualité et relations sexuelles hors mariage sont illégales.

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Les atteintes à l’environnement consubstantielles à un tel tournoi, avec notamment l’empreinte carbone des infrastructures nécessaires, ont également été pointées du doigt.

En termes de gigantisme, le prochain Mondial s’annonce plus démesuré encore, avec trois pays organisateurs, États-Unis, Mexique et Canada, seize villes distantes de milliers de kilomètres... Un total de 48 équipes y participeront, contre 32, soi plus de cent matchs (contre 64 actuellement). Et sans doute donc encore plus de buts : il y en a eu 172 au Qatar, soit un de plus qu’en 1998 et 2014. Un autre record pour lequel Messi et Mbappé ont joué un rôle crucial.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-12-18T13:11:12.324Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-12-18T13:12:14.050Z","free":false,"id":"aa3100e2ffb7074dcd047a2688cf781a","lead":"Une apothéose de légende pour un joueur de légende : l’Argentine de Lionel Messi a remporté dimanche la Coupe du monde en battant aux tirs au but la France (3-3, 4 tab à 2), au terme de l’un des plus grands matches de l’histoire du football.","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-12-19T04:34:07.207Z","publications":[{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"sports"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"sports"}],"slug":"2022/12/18/le-graal-pour-messi-et-largentine-aa3100e2ffb7074dcd047a2688cf781a","tags":[],"templateName":"article1","title":"Le Graal pour Messi et l’Argentine","type":"article","url":"global/contents/aa3100e2ffb7074dcd047a2688cf781a.json","visual":{"caption":{"fr":"C'est un premier titre mondial pour Lionel Messi, auteur d'un doublé. "},"contentType":"image","credits":{"fr":"AFP, Franck Fife"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F41a7b844-90a4-4d54-99a8-13d5ba98bace.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"C'est un premier titre mondial pour Lionel Messi, auteur d'un doublé. ","contentType":"image","credits":"AFP, Franck Fife","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F41a7b844-90a4-4d54-99a8-13d5ba98bace.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F41a7b844-90a4-4d54-99a8-13d5ba98bace.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}}],"position":5,"type":"content_block","photos":[]},{"position":6,"text":"

Pendant le match, par contre, c’était calme. On regardait le match en silence. La tension était à couper au couteau. J’ai eu une pensée pour les élèves de l’école secondaire publique Louis-Riel, avec qui j’ai regardé le premier match de l’équipe canadienne, dans le tournoi à la ronde. Eux, ils étaient survoltés. Ça n’avait absolument rien à voir.

Durant cette Coupe du monde, Eline a quand même pu voir à quoi ressemble la passion des Argentins pour le soccer.

Sa petite soeur Iana, un peu moins. À quatre ans, il y a des choses plus importantes et plus intéressantes qu’un match de soccer à la télé.

Nicolas et Valeria ont décidé de s’installer au Canada pour les études, au début des années 2010.

«C’est notre 11^e hiver», me dit-il.

«Les nouveaux Canadiens ont tendance à compter les hivers au lieu de compter les années.»

«Nous avons décidé de rester parce que nous avons adoré l’ouverture d’esprit des Canadiens. L’intégration a vraiment été facile, pour nous. Tout s’est fait naturellement. Nous avons été accepté, tout de suite. Nos filles sont nées ici. Grâce à elles, nous avons l’impression que nos racines sont désormais ici. Nous vivons de l’autre côté de la rivière. Nous parlons français. Nous nous sentons très Canadiens.»

Dimanche, cependant, la famille Falloir Liljesthrom se sentait proche de ses origines.

«Le football nous offre cette extraordinaire opportunité. Nous essayons de retourner en Argentine le plus souvent possible pour permettre aux filles de connaître la famille, mais ce n’est pas pareil. Aujourd’hui, les filles voient la passion et la fibre nationaliste qui nous caractérisent. Grâce au football, nous pouvons partager tout cela avec elles.»

«Les filles me voient souvent souffrir quand je regarde des matches de football. Je pense qu’elles peuvent déjà comprendre que pour nous, ce n’est pas qu’un jeu.»

Nicolas avait à peu près l’âge d’Eline, en 1986, lors de la dernière victoire de l’Argentine à la Coupe du monde. Il est donc drôlement bien placé pour comprendre que ces moments spéciaux ne passent pas trop souvent, dans une vie.

Il ne conserve pas un souvenir très net de l’événement. Il ne se souvient pas vraiment d’avoir regardé le match à la télévision. Il se souvient, par contre, des célébrations qui ont suivi la victoire. Il se souvient du party. Il se souvient de la fierté. Il se souvient du bonheur, partout.

On espère que, dans une vingtaine d’années, ses filles auront de bons souvenirs de 2022. Pour qu’elles sachent que le soccer n’est pas que souffrance...

••••

J’ai trouvé un fan qui se souvenait bien de 1986.

À Ottawa, ses amis l’appellent «Alex». Son vrai nom, c’est Alejandro Limbrunner.

«J’avais 16 ou 17 ans. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c’était spécial. L’extase. Un pays au grand complet sur le party. Nous sommes allés au centre-ville de Buenos Aires pour faire la fête. Il y avait un million de gens dans les rues. Vous avez déjà fait la fête avec un million de gens, monsieur?»

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Alejandro Limbrunner, Argentin vivant au Canada depuis 20 ans.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Martin Roy","position":7,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fb2eaf7c0-a932-4b31-b81f-17f7811f5c36.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":8,"text":"

Alex vit au Canada depuis 20 ans. En 2006, en tant que nouvel arrivant, il s’était rendu dans un pub de la rue Elgin pour voir son pays en direct, à la Coupe du monde. Il avait trouvé quelques compatriotes, là-bas. «On devait être une cinquantaine», se souvient-il.

Dimanche, je dirais qu’environ 200 Argentins étaient réunis à Ottawa. «Grâce aux réseaux sociaux, on communique de mieux en mieux. J’aime beaucoup ça.»

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