Comprenons-nous bien, c’est toujours délicat de faire des associations entre des dossiers distincts, échelonnés dans le temps, et je vais essayer de ne pas tomber dans le panneau dans cette chronique. Il reste tout de même une réalité, celle que le hockey junior ressort affaibli des différentes révélations des derniers mois.
L’interminable crise qui a secoué Hockey Canada et les nombreux autres cas présumés d’agressions ou de viols, dont cette histoire rapportée mardi par Radio-Canada concernant deux anciens membres des Voltigeurs de Drummondville en 2016-17, ébranlent les colonnes du temple et salissent l’image de la Ligue de hockey junior majeur du Québec et des ses équivalentes de l’Ontario (OHL) et de l’Ouest (WHL).
C’est une bonne chose, me direz-vous, que le vérité soit dévoilée au grand jour, conclusion que j’applaudis sans ménagement. Je ne peux toutefois pas m’empêcher de me désoler en lisant toutes les histoires d’horreur qui minent le hockey junior depuis plus d’un an, un petit monde que je suis très attentivement comme journaliste depuis près d’une quinzaine d’années.
Est-ce que c’est choquant et révoltant? Aucun doute possible. On s’imagine tous comme père, conjoint, frère ou ami à devoir accompagner une victime d’agression ou de viol pour refuser tout écart en matière de violences sexuelles. La politique de tolérance zéro doit guider les différentes instances, même si elles travaillent avec des jeunes de 16 à 20 ans jouissant d’une grande popularité dans les différents marchés.
Des nuances
«La culture toxique du hockey», telle que décrite par la ministre fédérale des sports du Canada Pascale St-Onge, doit effectivement changer, même si je demeure convaincu que le mal ne soit pas répandu à grande échelle et toléré aveuglément en toutes circonstances et en tout temps.
Ce n’est pas, en tout cas, le hockey junior tel que je le connais en 2022, un univers qui fonctionne en milieu fermé et qui force des jeunes à s’éloigner de leurs familles et de leurs amis pour pratiquer un sport. Cette réalité soulève plusieurs enjeux d’encadrement, de surveillance et d’accompagnement des joueurs par les équipes. Tout cela n’est pas simple.
Le monde du hockey junior, c’est un microcosme de la société en général où le mode de vie et la discipline des joueurs sont très encadrés, parfois plus que bien des jeunes du même âge. Il ne faut pas l’oublier, même si les scandales des derniers mois projettent l’image de jeunes vedettes au-dessus des lois, ce qui est loin d'être la norme aux quatre coins du circuit.
Aller plus loin
La question la plus importante en ce moment est de celle de savoir si toutes les mesures prises par les dirigeants de hockey junior dans les derniers mois et dernières années sont suffisantes pour s’attaquer aux différents problèmes et enjeux qui concernent les joueurs actuels et futurs.
Est-ce que tout a été mis en oeuvre pour s’assurer que ces histoires ne se reproduisent plus jamais? Même si on sait que l’objectif est fort ambitieux pour certains et utopique pour d’autres...
Plusieurs mesures
Cet automne, la LHJMQ a lancé de nouveaux ateliers sur le consentement et les violences sexuelles, une initiative menée en collaboration avec la documentariste et réalisatrice Léa Clermont-Dion. La conférence sert à conscientiser les jeunes sur les impacts des agressions et de l’importance du respect dans les relations, des concepts complexes dont on devrait discuter dans toute la société, qu’on parle de hockey junior ou pas.
Cela s’ajoute au programme d’aide aux joueurs, au contrat d’engagement moral que les joueurs doivent signer en début de saison et à la formation obligatoire qui les renseigne sur les comportements inappropriés et des dangers qui les guettent dans leur quotidien de joueur de hockey. Je pourrais aussi parler de la présence de parrains-policiers qui accompagnent les jeunes dans les différentes activités sociales.
Est-ce suffisant? À la lumière des histoires publiées dans les médias depuis quelques mois, on peut être tenté de répondre non.
Qu'importe. Les dirigeants de hockey junior ont le devoir de redoubler d’ardeur et d'en faire plus, d'aller plus loin en sachant fort bien que le monde dans lequel nous vivons continue de changer, que leur clientèle se renouvelle rapidement, et que tout est toujours à recommencer.
Comme les cycles de hockey junior…