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Un charme.

Je n'irais pas jusqu'à dire un plaisir. Quel plaisir pourrait-il y avoir à payer pour garer une voiture? Mais je dirais une satisfaction à manier un outil simple et efficace.

Le contraire des conversations technologiques compliquées et frustrantes que nous imposent souvent les pouvoirs publics et les grosses entreprises.

Les génies de l'informatique conçoivent des systèmes adaptés à leurs besoins ou à ceux de leur organisation. Mais ils perdent souvent de vue la finalité de leur travail : servir le citoyen.

Le système de gestion de stationnement sur rue Copilote en était le contre-exemple. Une belle machine, conviviale et fiable, dessinée maison par des employés de la Ville.

D'où ma déception et mon inquiétude en apprenant que Québec va larguer Copilote.

Pourquoi réparer si ce n'est pas cassé? Quel intérêt à jeter un système qui fonctionne ?

J'ai posé mes questions. J’ai trouvé les explications de la Ville convaincantes. Je vous résume.

1- La Ville n'avait pas le choix

Le système Copilote a vieilli et ses coûts d’exploitation allaient augmenter. VISA comptait par exemple percevoir 0.15 $ US par transaction à partir de l'automne 2023. De plus, Copilote n'accepte pas toutes les cartes de crédit et le paiement sans contact.

Québec estimait ne pas avoir les ressources internes pour mettre à jour son système. Ou préférait mettre ses énergies ailleurs.

2- Technologie éprouvée

La technologie recherchée par Québec devra avoir été éprouvée dans d'autres villes.

Elle mise sur des paiements avec les numéros de plaques des voitures plutôt que sur des cases de stationnement numérotées. Westmount fut la première au Québec à y recourir (2016). D'autres ont suivi depuis, dont Rimouski.

Si de nouvelles avancées technologiques surviennent après l'implantation, le fournisseur devra les intégrer.

3- Paiement plus facile

Le prochain système permettra tous les modes de paiement : carte de crédit, carte de débit, monnaie, code QR et application cellulaire.

4- Système plus souple

Le système permettra de déplacer une voiture dans une même zone sans avoir besoin de payer à nouveau.

Le temps payé et non utilisé par un utilisateur pourra être crédité et servir lors d'un prochain paiement.

5- Plus facile pour les agents de stationnement

Je ne sais pas si c'est une bonne nouvelle, mais le prochain système, combiné à des caméras, permettra aux agents de repérer plus facilement les véhicules en défaut de paiement.

6- Tarifications modulables

La Ville pourra offrir des tarifs spéciaux dans des zones ciblées ou à des moments ciblés pour soutenir par exemple des événements de quartier. Ou pour offrir la gratuité aux vétérans, évoque le conseiller municipal Pierre-Luc Lachance. Copilote n'offre pas cette souplesse.

7- Déneigement plus facile

L'enlèvement des poteaux servant à numéroter les cases de stationnement facilitera le déneigement des trottoirs.

8- Davantage d’espace pour stationner

La disparition des cases numérotées pourrait permettre à plus de véhicules de stationner. À condition qu'il s'agisse de petits véhicules. La Ville évalue que 10 % à 15 % plus de véhicules pourraient trouver place le long des rues. Cela reste à démontrer.

9- L'Université Laval

L'Université Laval avait convenu d'implanter le nouveau système de la ville sur son territoire. Elle s'est retirée de l'entente à la dernière minute, mais pourrait y revenir.

10- Énergie solaire

Les trois quarts des futures bornes de paiement (143/200) fonctionneront à l'énergie solaire. Ça ne change rien pour l'utilisateur, mais c'est dans l'air du temps.

***

La Ville vient de lancer un appel d'offres pour trouver le fournisseur qui succédera à Copilote.

À une somme de 3 M $ a été réservée dans le budget.

L'objectif est d'implanter le nouveau système pour l'automne 2023. Sur papier, il ne semble y avoir que des avantages. Tant pour la ville que pour les citoyens.

Il me reste pourtant un doute.

Difficile de ne pas en avoir quand on parle de nouveaux systèmes informatiques.

Cela s'accompagne souvent de «bugs», de retards, d'oublis, de dépassements de coûts. Les «progrès technologiques» s'accompagnent souvent d'emmerdements supplémentaires pour les utilisateurs. J'espère qu'on retrouvera dans le prochain système la même convivialité que chez Copilote.

***

Je me méfie aussi parce que la dernière fois que la Ville de Québec a revu la mécanique de ses stationnements, c'était en 2014 à ExpoCité, peu avant l’inauguration de l'amphithéâtre. Un fiasco total.

L'administration Labeaume a fini par mettre le système aux poubelles en 2020, après y avoir investi 2,1 M $, dont 264 000 $ en services professionnels, installation et soutien.

Le système choisi ne répondait pas aux attentes.

«Le choix a été fait de bonne foi, mais ç’a été une erreur parce que les fonctionnalités ne sont pas adaptées aux besoins du site», avait constaté le président d’ExpoCité.

«Il n’y a rien qui justifiait de mettre un dollar de plus dans ce système», avait surenchéri le directeur général de la Ville.

ExpoCité avait finalement conclu que la meilleure façon d'assurer la fluidité du trafic au sortir de ses stationnements était de revenir à la bonne vieille recette avec des employés aux guérites.

Le nouveau système dont on parle aujourd'hui ne vise pas les mêmes objectifs qu'à ExpoCité et n'utilisera pas la même technologie. Reste à espérer que la Ville aura appris de ces ratés.

L’efficacité de Copilote rappelle que la technologie peut rendre de précieux services. Mais la technologie peut aussi conduire à des fiascos. Souhaitons-nous un bon pilote dans le siège de commande. Ou dans celui d'à côté.

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