Le dossier est sur le bureau du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, depuis le mois de mai.
Mais depuis samedi, le dossier est remonté sur le dessus de la pile. Juste avant l’ouverture quotidienne du centre de ski alpin, une gondole vide s’est détachée du fil pour s’écraser dans une pente. Il s’agit d’un énième incident qui démontre d’importants problèmes d’entretien à cette station dans les dernières années.
Depuis, la station est fermée jusqu’à nouvel ordre, sauf pour ses deux pentes-écoles. Une inspection de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) est en cours. D'ailleurs, le ministre du Travail, Jean Boulet, dont relève la Régie, «n’exclut rien quant à une enquête plus large».
Lui-même un skieur alpin, son collègue Fitzgibbon connaît bien la station. Il assure au Soleil qu’avec un rapport de la RBQ assurant la sécurité des lieux, il retournerait sur les pentes du Mont-Sainte-Anne dans les prochains jours sans inquiétude.
«Il y a eu une demande formelle déposée par le groupe RCR pour un investissement de 100 millions $ dans le Mont-Sainte-Anne pour les infrastructures, autant remontées mécaniques que les équipements d’enneigement. La demande de RCR est que le gouvernement devrait participer à la hauteur de 50 %, soit en prêt ou en subvention ou un mélange des deux», a révélé le ministre en entrevue, lundi.
Une entreprise de Calgary, en Alberta, Resort of the Canadian Rockies (RCR) est propriétaire de six stations de ski au Canada, dont celles du Mont-Sainte-Anne (MSA) et de Stoneham, dans la région de Québec.
RCR est seul propriétaire du MSA. Pour l’instant, le gouvernement n’y est ni investisseur ni prêteur. Mais ça pourrait changer, et bientôt.
«Aujourd’hui, nous sommes, le gouvernement, devant cette demande. La question qu’on se pose, et qu’on se posait encore la semaine passée, c’est : est-ce que c’est le rôle du gouvernement d’investir 50 millions $ de la population dans une infrastructure de centre de ski?» se questionne M. Fitzgibbon.
Pas d'expropriation
Il atteste que l’expropriation du MSA par le gouvernement, pourtant souhaitée par plusieurs observateurs, ne fait pas partie des solutions envisagées.
«Mais 50 millions $, c’est beaucoup, concède le ministre. La décision n’est pas prise encore. Mais on doit la prendre très rapidement», a-t-il poursuivi, sans garantir une réponse avant Noël.
Il est question d’évaluer les retombées économiques que peut rapporter au Québec une station de ski «de haut niveau», dixit le ministre.
«C’est une décision publique et politique. Quel est le rôle du gouvernement? Des gens vont dire que ce n’est pas au gouvernement de toucher aux centres de ski. Moi, je pense qu’on a un rôle à jouer, mais il faut définir ce rôle. Est-ce que c’est un pourcentage? Sur quelle base? Il faut définir ce rôle-là, explique M. Fitzgibbon.
«Ce qui s’est passé en fin de semaine demande qu’on revienne le plus rapidement possible à savoir ce qu’on est prêt à faire comme gouvernement et voir si RCR est prêt à investir comme ils l’ont proposé de le faire le printemps dernier», a résumé le ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec.
Il voit bien le gouvernement offrir de l’aide financière pour de nouveaux équipements plus modernes qui consomment moins d’énergie, par exemple.
Un éventuel nouveau programme à cette fin pourrait ensuite servir à tous les opérateurs de station de ski au Québec, assure le ministre Fitzgibbon.