Bonjour! Kwe! : portrait des langues autochtones au Québec

Dans <em>Bonjour! Kwe!</em> Caroline Montpetit s’intéresse aux 11 langues autochtones parlées au Québec.

Le respect et l’intérêt de Caroline Montpetit pour les communautés autochtones ne datent pas d’hier. Et elle s’inquiète, à juste titre, du déclin des langues qui définissent ces peuples si profondément. En publiant l’essai Bonjour! Kwe!, l’autrice propose un survol de ces 11 langues parlées au Québec, à travers autant d’humains qui ont une histoire à raconter.


Journaliste au Devoir depuis une trentaine d’années, Caroline Montpetit avait été appelée à couvrir la crise d’Oka en 1990, « à une époque où les non autochtones découvraient la présence des autochtones ».

« J’ai toujours été fascinée par ces cultures qui sont persistantes, malgré l’indifférence générale depuis des siècles. J’ai toujours eu une certaine fascination aussi pour les langues autochtones », explique-t-elle.

Non, elle ne les parle pas. Elle connaît toutefois quelques mots de base qu’elle utilise par politesse pour ses interlocuteurs lorsqu’elle a l’occasion de les croiser. Kwe en est un, dont elle se sert pour dire bonjour en algonquin. Tout comme Wachiiya en naskapi, Waachiye en cri ou Qey en malécite.

Car les langues autochtones sont à la fois belles et poétiques, souvent descriptives. On y apprend, par exemple, que le mot cheval se dit « celui qui a un ongle par pied » et que girafe, par extension, devient « l’animal qui a un ongle par pied et un long cou » en algonquin.

Dans son livre, Caroline Montpetit s’intéresse ainsi à l’abénaquis, à l’algonquin, à l’atikamekw, au cri, à l’innu, à l’inuktitut, au malécite, au micmac, au mohawk, au naskapi et au wendat.

<em>Bonjour! Kwe!</em> a été lancé récemment dans le cadre du Petit Salon du livre de Sutton.

Sujet de reportages

Au départ, le sujet a fait l’objet d’une série de reportages publiés dans Le Devoir en 2017 pour « témoigner d’une réalité vivante, bien que moribonde dans plusieurs cas, des langues autochtones, à travers des gens qui la vivent ».

Le livre reprend les rencontres — mises à jour — qu’elle avait faites à l’époque, mais l’évolution constante de ce dossier l’a incitée à ajouter des informations plus fouillées sur les langues. Elle nous fait également le cadeau d’entrevues supplémentaires avec Joséphine Bacon sur la langue innue et Romeo Saganash au sujet du cri.

Tous témoignent des lourdes pertes culturelles que la colonisation leur a infligées, ce qui fait dire à Caroline Montpetit que « c’est le Québec lui-même qui a perdu la mémoire ».

On ne s’étonne pas, dans ce contexte, d’apprendre que les communautés les plus isolées, les plus éloignées des grands centres, ont mieux préservé leur langue. « C’est vrai pour l’atikamekw, c’est aussi vrai pour l’inuktitut et le cri, même si ces langues, d’un point de vue démographique, sont menacées. »

Comme observatrice privilégiée, son constat est pourtant assez positif. « Avec le mouvement Idle No More entre autres, il y a eu un regain d’intérêt face aux autochtones, et on voit aussi que ces peuples se réapproprient leur propre culture. Il y a beaucoup d’initiatives face aux langues autochtones. On les entend un peu plus », se réjouit-elle.

En publiant Bonjour! Kwe!, Caroline Montpetit espère mieux faire connaître ces nations et leur réalité au grand public. Son ouvrage se veut également un outil pédagogique simple pour initier les jeunes à la question des langues autochtones.

Bonjour! Kwe! a été lancé récemment dans le cadre du Petit Salon du livre de Sutton, où la dame possède une résidence secondaire depuis plusieurs années. Elle sera de nouveau présente au Petit Salon pour une séance de signatures le 10 décembre de 13h45 à 17h.