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Lors de son budget 2022, le gouvernement fédéral avait annoncé l’ajout d’une taxe d’accise sur les produits de vapotage. Et le provincial a décidé de faire de même en exigeant une contribution fiscale, qui doublera le coût pour les consommateurs.

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Le ministre québécois des Finances, Eric Girard, a présenté jeudi une mise à jour économique, au Centre des congrès de Québec. L’ensemble des nouvelles mesures ajoutées au budget de mars dernier totalisent des dépenses de 13,9 milliards $ sur les cinq prochaines années.

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Cette nouvelle sortie d’argent est compensée par une augmentation des revenus autonomes de l’État de 14 milliards $ sur la même période, merci à… la hausse de l’inflation!

«Notre gouvernement a fait le choix de redonner aux Québécois, avec son bouclier anti-inflation, ces revenus additionnels générés par l'inflation. Cet argent, c'est l'argent des Québécois», a déclaré le ministre Girard, qui a tenu sa conférence de presse masqué et à bonne distance d'autrui puisqu'il se remet de la COVID-19.

Attention à la récession

Parmi leurs scénarios de prévisions, le ministre Girard et son équipe ont aussi identifié le «scénario pessimiste» de vivre une récession économique en 2023. Ce qui incite le gouvernement Legault à mettre 8 milliards $ de côté. Une première en importance en vue d'une récession.

Déjà, M. Girard voit la possibilité qu’un recul de l’activité économique en 2023 qui ajouterait 5 milliards $ en déficit. La prévision de croissance pour 2023 d’abord annoncée à 2 %, en mars, puis à 1,7 %, en août, se situe dorénavant à 0,7 %. Le scénario de récession la placerait plutôt en recul de 1 % sur l’ensemble de la prochaine année. Puis une reprise de 1,2 % en 2024, au lieu des 1,6% prévus.

«Le sommet de l’inflation est derrière nous», comme le clament les documents officiels du ministère des Finances, soit les 8 % atteints en juin. Mais le taux de chômage devrait remonter à 5% en moyenne en 2023 au Québec, après un creux historique de 3,9 % en avril dernier. Le scénario pessimiste fait même état d'un taux de chômage à 5,5 %.

Avec l'évocation d'un scénario «alternatif», le Québec fait écho aux exercices semblables réalisés récemment par les gouvernements du Canada et de l'Ontario. M. Girard estime qu'il n'était «pas pertinent» élaborer un scénario optimiste et que son «scénario de base» n'a rien d'optimiste.

Même si les économistes du secteur privé parlent en moyenne d'une croissance avoisinant plutôt 0,3 %, au lieu de 0,7 % comme le ministre. Qui se justifie en disant que le moment de sa prévision date de la mi-octobre. «Si je l'avais faite à la mi-novembre, je serais peut-être à 0,5 %», a-t-il reconnu, ajoutant que la différence s'avère marginale.

3178$ de plus

Le fameux bouclier anti-inflation mis de l’avant en campagne électorale par la Coalition avenir Québec (CAQ) coûtera donc 13,2 milliards $ aux contribuables.

8 milliards $ pour le montant bonifié en soutien aux aînés.
3,5 milliards $ en prestation de 400 à 600 $ à 6,5 millions de Québécois.
1,6 milliards $ en plafonnant les tarifs gouvernementaux à 3 %.

Cela sans compter la baisse d’impôt promise de 1 % aux deux premiers paliers d'imposition, dont l'application viendra dans le budget de mars prochain.

Pour les aînés de 70 ans et plus, la prestation maximale annuelle par personne en crédit remboursable passe de 411 $ à 2000 $, une promesse électorale phare de la CAQ.

C'est 398 500 personnes âgées de plus qui profiteront de ce crédit d'impôt, pour un total de 1,1 million de Québécois.

Tous les aînés qui ont un revenu familial de 50 000 $ et moins obtiendront 3178 $ de plus en 2023 que l’année précédente. Un couple de personnes âgées de 70 ans ou plus faisant jusqu’à 100 000 $ ensemble peut quand même obtenir un gain 968 $ en comparaison avec ce qu’il empochait auparavant.

Le gouvernement abolit toutefois le crédit d’impôt pour activités des aînés, où l’inscription à un cours de macramé ou une ligue de quilles ramenait au mieux 40 $ par année. Cette mesure touchait 40 000 aînés pour 1,5 millions $ par année.

Loi d'Okun et courbe de Phillips

La mise à jour économique comprend aussi une augmentation de 6,44% du régime fiscal et des programmes de base, comme les allocations familiales et les prestations d'assistance sociale.

On ajoute également 445 millions $ pour la construction de 3000 nouveaux logements sociaux et abordables. Tout comme 253 millions $ de plus pour l’embauche de 225 policiers et intervenants psychosociaux à Montréal. Deux mesures qui avaient déjà fait l'objet d'annonces par le gouvernement de la CAQ dans les derniers mois de son premier mandat.

Sans oublier le fameux crédit d'impôt remboursable versé en paiement direct de 400 $ à 600 $ à tous ceux qui gagnent moins de 100 000 $ par année. La distribution de ces «chèques» a commencé depuis quelques jours.

Le ministre se targue ainsi d'envoyer 80 % de l'argent de son bouclier anti-inflation aux Québécois à faible revenu.

Quant à l'hypothèse que l'envoi de ces montants pour une somme globale de 3,5 milliards $ afin de lutter contre l'inflation créerait une pression inflationniste additionnelle, M. Girard y voit «une tempête dans un verre d'eau.

À l'aide d'un petit cours d'économie 101 livré en quelques minutes aux journalistes réunis dans la salle du Centre des congrès, en passant par la loi d’Okun et la courbe de Phillips, le ministre a affirmé que cette intervention n'aura fait grimper l'inflation au Québec d'au plus un dixième de pour cent, soit de 6.4 % à 6,5 %.

Il ne rejette d'ailleurs pas la possibilité d'un nouveau «stimulus gouvernemental» en 2023 pour faire face au ralentissement économique. Mais ce ne sera pas un nouveau chèque, assure-t-il, pointant plutôt vers la baisse d'impôt annoncée.

L'objectif de revenir à l'équilibre budgétaire est maintenu pour 2027-2028. Mais sans le remboursement obligatoire au Fonds des générations, le Québec sera plutôt en surplus dès l'année financière 2023-2024.

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CE QU'ILS ONT DIT

«Le gouvernement se targue d'avoir mis de l'avant un bouclier pour défendre les Québécois et les Québécoises face aux assauts du coût de la vie. Mais on se rend compte que le bouclier est percé. Le bouclier de la CAQ ne ratisse pas suffisamment large et il a des trous.»

-Marc Tanguay, chef par intérim du Parti libéral du Québec

«On a connu la rigueur budgétaire de Philippe Couillard, aujourd’hui on a les baisses d’impôt et l’optimisation de François Legault. Qui va perdre sa job ? Quel programme va passer à la trappe ? Quel service aux citoyens va disparaître ? On ne le sait pas. On sait deux choses par contre : tous les Québécois vont perdre des services et 2 millions d’entre eux ne gagneront rien des baisses d’impôt, alors que 100% des mieux nantis vont en bénéficier.»

-Haroun Bouazzi, porte-parole solidaire en matière d’économie et d’innovation

«Il y a un manque d'ambition et de volonté politique sur la question des surprofits des pétrolières. Les pétrolières ne cesseront pas d'ambitionner sur les profits. C'est un vol qualifié auprès du consommateur. On réitère que ce qu'on devrait voir c'est une taxe sur les surprofits pour qu'on récupère ces sommes-là et qu'elles soient utilisées pour les banques alimentaires par exemple.»

-Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

«Avec cette mise à jour économique, le gouvernement aurait minimalement dû viser l’augmentation des revenus pour permettre à tout le monde de couvrir ses besoins de base. C’est le minimum nécessaire pour espérer vivre en santé. Grâce à la bonification du crédit d’impôt pour soutien aux aînés confirmée aujourd’hui, certaines personnes atteindront cette cible. Malheureusement, toutes les autres mesures mises de l’avant par le gouvernement pour faire face à l’inflation ratent la cible… et de beaucoup.»

-Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté

«Si les nuages semblent se dissiper autour de la situation budgétaire du Québec, le ministre Girard a bien raison de vouloir rester prudent. Tout indique que la hausse rapide des revenus gouvernementaux cette année demeurera une situation exceptionnelle, tandis que la hausse des taux d’intérêts est une menace qui continue de planer sur un gouvernement aussi endetté que le nôtre.»

-Renaud Brossard, directeur principal des communications à l’Institut économique de Montréal

«Nous accueillons la bonification du crédit d'impôt pour soutien aux aînés comme un pas dans la bonne direction. Pour nous, le revenu des aînés doit atteindre le revenu viable et pour y arriver, nous souhaitons une contribution financière de 4000 $ du gouvernement du Québec pour les aînés, et ce, à partir de 65 ans. Une partie du chemin est parcourue aujourd'hui et nous entendons bien travailler avec le ministre pour trouver des façons de parcourir le reste.»

-Pierre Lynch, président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées

«Le gouvernement continue de mettre en place son bouclier anti-inflation pour protéger les citoyens. Les dirigeants de PME vivent aussi très négativement les impacts de cette augmentation des coûts, et elle affecte davantage les petites entreprises. [...] Nos entrepreneurs méritent tout autant une attention de leur gouvernement sur cet enjeu. [...] Malheureusement, il n’a pas utilisé sa mise à jour pour agir ni sur l’un, ni sur l’autre de ces fronts, laissant les PME seules et sans protection.»

-François Vincent, vice-président pour le Québec à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante

«Face aux prévisions économiques incertaines, le CPQ salue le maintien de l’objectif de retour à l’équilibre budgétaire en 2027. Nous attendrons les détails contenus dans le budget 2023 parce qu’il sera décisif pour répondre, entre autres, aux enjeux de main-d’œuvre, de logements et soutenir les entreprises dans la transition verte.»

-Conseil du patronat du Québec

«Il faudra maintenant s’assurer que ces rentrées d’argent serviront aussi à soutenir nos réseaux publics et à bonifier les conditions de travail pour attirer et retenir du personnel dans un contexte de pénurie de main‑d’œuvre. [...] Le portrait démontre la capacité du gouvernement à répondre aux besoins des travailleuses et des travailleurs en éducation, au collégial et en santé. C’est de bon augure pour notre négociation. Espérons que ce soit garant d’un véritable dialogue social pour la suite des choses.»

-Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec

«Le gouvernement souhaite amoindrir l’impact de la hausse du coût de la vie sur la population. À titre de porte-parole des régions, nous souhaitons rappeler les importantes répercussions de l’inflation sur les municipalités du Québec. Sans aide, nos populations seront, notamment, confrontées à des augmentations de taxes. Il va sans dire que le gouvernement devra mettre en place de fortes mesures lors du budget 2023-2024 pour que les municipalités puissent continuer d’offrir des services de qualité aux citoyens.»

-Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des municipalités

«Dans un contexte où les États-Unis proposent des mesures costaudes et des incitatifs majeurs pour attirer les manufacturiers, le Québec doit agir et proposer des mesures fiscales attrayantes. Sinon, nos entreprises seront désavantagées et cela va affecter leur compétitivité face à ce qui fait chez nos voisins du Sud. De plus, cela va inciter nos entreprises à investir davantage aux États-Unis. Nous serons donc attentifs aux mesures qui seront annoncées en ce sens dans le prochain budget.»

-Véronique Proulx, présidente-directrice générale de Manufacturiers et exportateurs du Québec

«Cœur + AVC est heureuse d’apprendre la mise en place d’une nouvelle taxe sur les produits du vapotage. Cette taxe, mise en place lors de l’année à venir, aidera à combattre le vapotage chez les jeunes. [...] Cœur + AVC espère que le gouvernement mettra d’autres mesures en place prochainement pour protéger davantage les jeunes, notamment l’interdiction d’ajouter des arômes dans les produits de vapotage.»

-Carl Julien, vice-président principal pour le Québec de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC

«C’est une excellente nouvelle pour la santé des jeunes. L’instauration d’une taxe provinciale sur les produits de vapotage est une mesure que les groupes de santé réclament depuis deux ans et représente une action concrète et efficace pour réduire l’abordabilité pour les jeunes de ces produits hautement addictifs et vendus à des prix dérisoires.»

-Flory Doucas, codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac

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8 milliards $ aux aînés

Le montant maximal du crédit d’impôt pour le soutien aux aînés de 70 ans ou plus remboursable sera plus que quadruplé. Le ministère des Finances bonifiera le montant de 411$ à 2000$ pour les 1,1 million de personnes admissibles.