L’industrie porcine se relève tranquillement

«Je crois que 2023 sera une autre année difficile, avec les effets de la pandémie et d’une possible récession, mais j’ai bon espoir pour 2024. On est capables de passer au travers», a affirmé Stéphanie Poitras, propriétaire d’Aliments Asta.

La filière porcine du Québec subit encore les secousses de la pandémie. Les exportations vers la Chine et les autres marchés ont repris, mais plusieurs obstacles demeurent. Le manque de travailleurs, l’inflation et les problèmes d’approvisionnement donnent toujours du fil à retordre aux entreprises spécialisées en abattage et transformation.


Près de 1 000 intervenants de ce secteur agroalimentaire, ‒ le deuxième en importance au Québec ‒, étaient rassemblés à Québec mardi et mercredi dans le cadre du congrès annuel Le Porc Show. L’heure était à la discussion et, surtout, à la recherche de solutions.

«Je crois que 2023 sera une autre année difficile, avec les effets de la pandémie et d’une possible récession, mais j’ai bon espoir pour 2024. On est capables de passer au travers», a affirmé Stéphanie Poitras, propriétaire d’Aliments Asta, une entreprise familiale du Bas-Saint-Laurent qui a récemment célébré ses 40 ans.

Des travailleurs étrangers et des robots

Mais avant, plusieurs défis doivent être surmontés. Le premier est celui de la main-d’œuvre. Les entreprises d’abattage et de transformation comptent sur le coup de pouce des travailleurs étrangers.

«Chez Olymel, ça fait plusieurs années qu’on reçoit des travailleurs étrangers temporaires provenant de pays francophones. Près de 75 % d’entre eux décident de rester et de s’établir avec leur famille. Pour nous, c’est l’une des solutions viables», explique Paul Beauchamp, premier vice-président d’Olymel.

Paul Beauchamp, premier vice-président d’Olymel

Dans le Kamouraska, l’entreprise de Stéphanie Poitras attend 150 travailleurs étrangers pour le printemps 2023. «Leur arrivée va nous permettre de diversifier notre production. La valeur ajoutée fait notre force au Québec; il faut y revenir rapidement», soutient-elle.

Lorsque les bras manquent, les robots prennent la relève. C’est le cas chez Conestoga Meats, une entreprise de transformation porcine située en Ontario.

«Notre industrie est habituée de se relever des crises et de s'adapter. On doit innover pour être prêt lorsque se pointe une tempête», a indiqué son président Arnold Drung devant les gens de l’industrie. Selon lui, l'automatisation et la robotisation de ses usines permettent à son entreprise de demeurer compétitive.

Il y a tout de même plusieurs freins à l’automatisation, nuance Paul Beauchamp, d’Olymel. Les coûts d’investissements sont énormes et les installations ne sont pas toujours conçues pour accueillir des robots. «Les équipements automatiques ne sont pas plus productifs que les mains des travailleurs expérimentés dans les salles de coupe», illustre-t-il.

C’est pourquoi il faut robotiser les postes les plus difficiles physiquement, renchérit Stéphanie Poitras, qui a récemment fait l’acquisition d’équipements automatisés.

Le Québec garde son avance

«Notre industrie est habituée de se relever des crises et de s'adapter. On doit innover pour être prêt lorsque se pointe une tempête», a indiqué son président Arnold Drung.

Malgré les obstacles, le Québec demeure performant, assurent les intervenants. La province est le plus important exportateur de viande de porc du Canada. Elle fournit environ 40 % des exportations canadiennes de viande de porc. Cela représente 2,15 milliards $ quant à la valeur des exportations.

Le Québec est en train de prendre de l’avance sur le reste du Canada, croit le vice-président d’Olymel, qui mise sur le retour de la Chine pour équilibrer les marchés.

«L’avantage de la Chine est qu’elle achète des coupes qui ne se vendent pas ailleurs. Pour nous, c’est un marché complémentaire», dit Stéphanie Poitras. «On vit encore avec la rareté et le prix élevé des conteneurs pour exporter nos produits, mais la situation s’améliore», poursuit-elle.

De plus, la production québécoise comble environ 40 % de la consommation canadienne et 80 % de la consommation québécoise. «Ici au Québec, l’acheteur s’est rapproché du producteur. Comme transformateur, on trouve notre place dans le marché local en proposant plus de produits frais à valeur ajoutée», dit Paul Beauchamp.

Le consommateur se soucie non seulement de la provenance de la viande qu’il achète, mais également du bien-être de l’animal et de l’empreinte carbone. «C’est également notre priorité, assure Mme Poitras. Les règles sont plus strictes et c’est un plus pour toute l'industrie.»

Certains secteurs sont en croissance. C’est le cas de la production de porc biologique, qui connait une progression depuis cinq ans. Au Québec, une vingtaine d’entreprises produisent du porc certifié bio. La majorité de ces entreprises sont petites et se spécialisent dans le commerce de proximité.

C’était la première fois depuis la pandémie que les intervenants de cet important secteur agroalimentaire se réunissaient, dans le cadre du 9e Porc Show, un congrès qui rassemble autant les producteurs, les transformateurs que les détaillants.

La filière porcine au Québec:

  • 31 000 emplois
  • 2e secteur agroalimentaire en importance
  • Retombées économiques annuelles de plus de 3,36 milliards $ au Québec
  • 5e exportateur mondial, fournissant à plus de 80 pays
  • Exportations évaluées à 2,15 milliards $