«Le but était de marquer le coup et pour nous il fallait le faire en fiction, raconte Arianne Maynard-Turcotte, l’une des scénaristes de la nouvelle websérie avec Maryse Paradis, Véronique Isabelle Filion et Guillaume Lacelle.
L’équipe d’auteurs a imaginé une histoire aux airs apocalyptiques. Le groupe écoterroriste REVERT revendique les nombreuses explosions simultanées dans les sites d’enfouissement et les centres de tri du monde entier ce qui suspend la collecte des ordures à Montréal. Et pendant que l’odeur fétide se répand et que les déchets s’accumulent, Judith (Alexa-Jeanne Dubé) tente de sauver son fils asthmatique (Iani Bédard). Déménager à Saint-Jérôme devient l’objectif ultime pour respirer l’air pur de cette ville verte. Pour y arriver, elle s’invente «bougeuse», ce service illégal qui promet de faire disparaître vos vidanges contre une rémunération très élevée.
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«Le but est vraiment juste de réaliser [à quel point nous sommes chanceux]que nos déchets disparaissent par magie, poursuit Arianne Maynard-Turcotte. On le sait que le recyclage, pour la plupart, n’est pas recyclé, mais on a bonne conscience en mettant notre bac sur le bord de la rue. Ce qui se passe après, on s’en fout un peu, de toute évidence. Si on était responsable de gérer nos propres déchets, c’est sûr qu’on changerait quelque chose.»
Vidanges, une dystopie? Oui, mais «pas tant que ça», ajoute-t-elle.
Ce projet d’école à l’École nationale de l’humour a mis quatre ans à voir le jour tel que présenté sur ICI Tou.tv. L’actualité a forcé à de multiples reprises la réécriture du scénario.
«Le travail était de faire un pitch à des producteurs pour recevoir la rétroaction et finalement le projet a été acheté. Ç’a vraiment évolué. C’est parti de sketches dans une cuisine de gens qui essaient d’être zéro déchet. […] On était censé tourner “prépandémie” et ç’a été retardé. Il y a des plastiques qui ont été interdits depuis, on avait des blagues de pailles qu’on a fini par enlever parce que l’actualité nous a rattrapés.»
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La réalité frôle drôlement la fiction avec cette websérie qui met en lumière les habitudes de consommation de plusieurs générations et pour qui réduire la surproduction de déchets n’est pas chose facile.
Vidanges illustre aussi les problèmes de santé qui découlent de cette surconsommation et l’écoanxiété de plus en plus grandissante chez les gens.
«Même si on sait qu’il y a des gens qui perdent leur maison tous les jours à cause des changements climatiques, c’est tellement loin de nous que ça ne nous marque pas. […] On a fait beaucoup de recherches pour que ce soit crédible. [Or,] il y en a eu, des crises de déchets, en Italie et au Liban entre autres... et les gens se sont mis à brûler leurs déchets.
«On s’était dit que si à Montréal c’est plein de déchets, c’est sûr qu’on va essayer de les amener dans les forêts donc on va mettre des barrages sur les ponts et on s’est fait dire que c’est impossible, les gens ne croiront jamais à ça. On a pensé au couvre-feu pour pas que les gens déplacent les poubelles la nuit. On s’est fait dire que jamais on n’allait empêcher les déplacements au Québec.»
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Tournage vraiment vert
L’équipe de tournage de Vidanges produite par Koze Productions a déployé une série de gestes pour réduire son empreinte écologique et créer un modèle de tournage vert et écoresponsable. La websérie a d’ailleurs remporté le prix Vivats 2022 et a été accréditée niveau Excellence du programme On tourne vert que chapeautent le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec et le Conseil québécois des événements écoresponsables.
«Ça aurait été ridicule de créer des vidanges pour Vidanges. Tous les déchets qu’on voit, ce sont les déchets que l’équipe de production a ramassés de chez eux, lavés et entreposés pendant plusieurs mois. Tout ce qui était sur le plateau a été réutilisé. C’était vraiment important d’être cohérent.»
Achat de crédits de carbone, covoiturage pour se rendre sur le plateau de tournage, traiteur zéro déchet, système de tri des déchets: Arianne Maynard-Turcotte y voit un exemple de ce qui peut mieux se faire dans l’industrie.
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«Il y a tellement de choses qui s’en vont aux poubelles. On reçoit un courriel pour apporter notre gourde, mais tu arrives sur le plateau et tu manges dans des trucs en carton avec des fourchettes en plastique. C’est une organisation de plus, mais une fois mise en place, c’est possible d’avoir un plateau vert. On l’a fait avec des contraintes de petit budget, les gros plateaux sont clairement capables de le faire.»
L’équipe de production a aussi collaboré avec Équiterre pour développer la série avec cohérence dans le traitement des enjeux liés à la surconsommation, particulièrement les termes, les définitions et le discours porté par Pascale (Cynthia Wu-Maheux), la responsable de la transition verte à la Ville de Montréal.
«Ils ont lu tous les textes et nous ont donné certains commentaires pour mettre en mots. La difficulté était de ne pas rendre ça trop croc barre. Ç’a été très pratique de les avoir et il y a des trucs qui étaient pires que ce qu’on pensait.»
Réalisée par Pierre-Luc Miville, la série met aussi en scène Jeanne Roux-Côté, Richard Fréchette, Sébastien Huberdeau, Ted Pluviose, Antoni Rémillard, Véronique Isabelle Filion et Anglesh Major. Les 12 épisodes de Vidanges sont disponibles sur ICI Tou.tv.