La crise cardiaque n’est plus ce qu’elle était

Grâce à la curiosité et au sens de la vulgarisation de l’animateur Laurent Turcot, la docusérie n’ennuie pas une seule seconde.

Jadis, à une époque antédiluvienne, saviez-vous que du pain blanc trempé dans un vin de qualité, pas de la piquette, était utilisé par les médecins pour réanimer la victime d’un arrêt cardiaque? Si le truc ne marchait pas, il fallait alors lui jeter de l’eau au visage, lui tirer les oreilles, crier son nom très fort ou, en dernier recours, le mettre sur un cheval dans l’espoir que les secousses le ramènent à la vie.


Des anecdotes de ce genre, qu’on ne verra jamais à STAT, merci la vie, la docusérie La folle histoire de la médecine en regorge. Diffusé sur ICI Explora à compter de la mi-décembre, chacun des 13 épisodes d’une demi-heure porte un regard à la fois divertissant et instructif sur ces maux susceptibles de nous frapper un jour ou l’autre, que ce soit l’arrêt cardiaque, l’asthme, les cataractes, les pierres aux reins, les brûlures ou les fractures. 

Rien toutefois sur quelqu’un qui se fait mordre par une chauve-souris porteuse de la rage...

Grâce à la curiosité et au sens de la vulgarisation de l’animateur Laurent Turcot, la docusérie n’ennuie pas une seule seconde. Le visionnement des deux premiers épisodes, portant sur l’arrêt cardiaque et l’asthme, a permis de se rafraîchir la mémoire et de s’instruire dans le plus grand plaisir. 

En plus de courtes entrevues avec des spécialistes, la réalisatrice Marie Carpentier insère ici et là des séquences d’animation, des effets sonores et des extraits d’archives revisitées sur fond de dialogues rigolos.



Originaire de Québec, Laurent Turcot n’a pas voulu d’une série axée exclusivement sur les spécialistes de Montréal.

Dans le premier épisode portant sur l’arrêt cardiaque, le téléspectateur a droit à un petit cours de réanimation cardiorespiratoire (RCR) sur un mannequin. Très utile puisqu’on ne sait jamais quand ça peut servir. 

Retenez ce truc: la pression sur le thorax avec les mains jointes doit se faire au rythme de la chanson StayinAlive des Bee Gees, autrement dit plus de 100 fois par minute. Ah! Ah! Ah! Ah! Stayin’ Alive, Stayin’ Alive…

Ce premier épisode offre également une rencontre avec un homme victime d’un arrêt cardiorespiratoire pendant sept minutes, lors d’un match de hockey. Ce sont des manœuvres de RCR prodiguées par des proches et l’utilisation d’un défibrillateur qui lui ont sauvé la vie. Cet appareil gagnerait à être disponible dans tous les foyers, où se produisent 85% des arrêts cardiaques.

Pas peur du ridicule

Laurent Turcot

Originaire de Québec, Laurent Turcot n’a pas voulu d’une série axée exclusivement sur les spécialistes de Montréal. Plusieurs médecins de la capitale sont mis à contribution, dont quelques-uns de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumonie. 

Il visite aussi le département de physique de l’Université Laval où des chercheurs travaillent sur une fibre capable de détecter les anomalies cardiaques.



«C’est là qu’on voit à quel point la recherche est fondamentale au Québec, explique Laurent Turcot en conférence virtuelle. C’est tellement impressionnant. Les chercheurs ont le désir de raconter (leurs recherches). Avec la pandémie, ils ont eu un déficit de présence dans l’espace public.»

L’approche ludique et jamais rasante de la série tient beaucoup au talent de communicateur et de vulgarisateur de Turcot. «Sa grande force, c’est son côté spontané. Il n’a pas peur de poser des questions parfois ridicules», mentionne Marie Carpentier. 

On le voit passer un test pulmonaire pour son asthme, dont il croyait être encore affligé. Heureusement, enfant, il n’a pas peu à boire les concoctions prescrites par les médecins d’autrefois, comme le sang de hibou ou le fiel d’ours...

Membres de sa famille

L’historien, rattaché à l’Université du Québec à Trois-Rivières, apporte une touche personnelle à la docusérie avec l’intervention de membres de sa famille qui œuvrent dans le monde médical, comme son frère médecin de Lévis ou son cousin chirurgien orthopédique à Shawinigan. Même sa propre mère, une ex-enseignante de biologie au cégep Limoilou, est mise à contribution dans le segment consacré aux allergies alimentaires.

Un œil dans le rétroviseur, un autre dans un futur qui se conjugue au présent, La folle histoire de la médecine a permis à l’historien de découvrir que les médecins de jadis n’avaient pas tout faux, contrairement à ce qu’on pourrait croire. «On pense que c’est une enzyme qui créé la dépression. Hippocrate pensait la même chose», il y a 2400 ans, sans avoir à sa disposition les moyens pour le prouver.»

La folle histoire de la médecine est présentée sur ICI Explora, les vendredis à 19h30, à compter du 16 décembre. Les cinq premiers épisodes seront disponibles gratuitement en raison du débrouillage de la chaîne.