Immigration: «N’entre pas au Canada qui veut», avertit une avocate

Il existe plusieurs programmes d’immigration au Canada et il peut être très facile de s’y perdre.

Immigrer au Québec est un grand projet de vie, avertit l’avocate spécialisée en droit de l’immigration, Diane Serres. Elle-même Française, elle connaît les défis auxquels sont confrontés les gens qui choisissent de venir s’installer ici. « Il faut avoir une vision stratégique dès le départ », explique-t-elle.


L’histoire de Laura Viandier, publiée en nos pages la semaine dernière, a suscité de nombreuses réactions. La jeune femme a raconté au Quotidien qu’en raison d’un oubli dans sa demande de permis de travail ouvert, elle risque de devoir retourner en France, même si elle vit et travaille à Chicoutimi depuis deux ans.

Diane Serres voit passer de nombreux dossiers sur son bureau. En fait, ils sont quatre avocats spécialisés dans ce domaine chez Cain Lamarre. « Bien souvent, les gens pensent à la première étape qui les amènera au Canada, mais ils oublient de réfléchir aux étapes subséquentes. Les statuts temporaires sont souvent problématiques et on ne sait pas comment faire la transition vers un statut permanent. »



L’idée de cette avocate n’est pas de casser du sucre sur le dos de Mme Viandier, qui vit des jours très stressants. Ce qu’elle souhaite plus que tout, c’est d’aider les immigrants à vivre plus sereinement les étapes les menant à une vie permanente au Québec.

Et des programmes, il y en a plusieurs : l’expérience québécoise, qui se divise en deux volets (études et travail), le programme régulier pour travailleurs qualifiés, celui pour les travailleurs étrangers temporaires. On ajoute à cela la liste des professions admissibles au traitement simplifié du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et la liste des professions en demande.

Au Québec, depuis 2008, et à Saguenay depuis 2011, l’avocate Diane Serres se spécialise en immigration. Elle a personnellement franchi toutes les étapes menant à la citoyenneté canadienne.

L’avocate ne cache pas qu’il est plus facile pour une personne âgée entre 18 et 35 ans d’obtenir un permis d’études. Il en va de même pour un jeune qui détient plusieurs qualifications en emploi.

Quelqu’un de plus de 36 ans qui n’est pas très qualifié aura plus de difficulté à immigrer au Québec. « On peut alors envisager un retour aux études », spécifie-t-elle.



Plus complexe encore au Québec

Autre avertissement : il s’agit d’un processus complexe et encore plus au Québec, parce qu’il y a les deux paliers de gouvernement.

« En termes de politique, c’est plus difficile aujourd’hui qu’il y a quelques années. On a un double discours avec le Canada qui veut plus d’immigrants et le Québec qui ne suit pas. Ce gouvernement veut davantage choisir et avoir la mainmise du dossier. »

Ainsi, les règles sont resserrées, notamment pour les gens déjà ici. « Prenons le Programme expérience québécoise (PEQ). C’est très dommage parce qu’on met des bâtons dans les roues de gens qui sont déjà au Québec. Certains ont un diplôme québécois et un emploi dans un poste qualifié, mais ils arrivent à la fin de leur permis de travail et ils ne cadrent plus dans les règles. »

Une responsabilité personnelle

Me Serres est elle-même passée par le PEQ, mais avant tout, elle est arrivée dans la province en 2008 avec un permis d’études d’un an. « Je participais à un échange étudiant pour la maîtrise en droit et rapidement, j’ai souhaité rester. »

Laura Viandier s’est vu refuser sa demande pour allonger son visa au Canada. Elle est maintenant menacée d’expulsion pour le 20 juin.

Conseillée par l’équipe en orientation de l’Université Laval, elle s’est inscrite au baccalauréat en droit et a obtenu un permis d’études de trois ans. Par la suite, un permis de travail post-diplôme lui a permis de rester trois ans de plus.



Très rapidement, elle a demandé sa résidence permanente, qu’elle obtiendra finalement en 2013. Mme Serres habite depuis une dizaine d’années à Saguenay et est maintenant citoyenne canadienne.

« Il y a une grande part de responsabilité personnelle lorsqu’on fait des demandes parce qu’Immigration Canada ne traite que les dossiers complets. Bien souvent, nous avons deux ou trois options quand vient le temps de faire une demande pour obtenir un deuxième permis. »

Bien qu’il ne soit pas obligatoire d’utiliser les services d’un avocat, d’un notaire ou d’un consultant en immigration, cela peut s’avérer très utile pour la stratégie à déployer. « Il n’y a jamais de garantie, mais une demande bien montée et présentée dans le bon programme a plus de chance de succès. »

Elle ajoute que le cadre législatif est toujours en évolution et que les formulaires sont bien souvent modifiés.