Une Française menacée d’expulsion pour un oubli mineur

Laura Viandier a oublié de faire certifier un document lorsqu’elle a rempli les papiers pour lui permettre d’allonger son visa au Canada. Plutôt que de lui signifier son omission, Immigration Canada a refusé net sa demande.

Une jeune professionnelle française établie depuis deux ans à Chicoutimi s’est vu refuser sa demande pour allonger la période de son visa à cause d’une formalité. Laura Viandier devra quitter le pays au plus tard le 20 juin si Immigration Canada ne revient pas sur sa décision.


Nous n’en sommes pas à la première histoire d’imbroglio chez Immigration Canada. Cette fois, c’est pour avoir oublié de faire certifier un document que la demande a été rejetée. Mme Viandier n’a reçu aucun coup de fil de la part d’un agent pour lui faire part de son omission. Elle a seulement reçu une lettre de refus.

« J’ai envoyé ma demande le 15 juin et j’ai reçu la réponse le 9 novembre me disant que d’un point de vue légal, je ne pouvais plus être au Canada », explique-t-elle calmement. Cet air impassible cache toutefois un stress énorme pour la jeune femme qui est prise dans un dédale administratif.



Depuis deux semaines, elle a peur de devoir quitter le pays et de laisser son conjoint derrière elle.

Rembobinons le film. Comme plusieurs Français, Laura Vivandier a voulu vivre le rêve canadien. Une amie qui résidait ici depuis un moment l’a convaincue de faire une demande de permis de vacances-travail, valide pour deux ans.

Elle s’est trouvé un emploi à distance et a commencé à bosser dans un restaurant de la rue Racine dès son arrivée en septembre 2020. Quelques mois plus tard, son copain est venu la rejoindre avec un permis d’études-travail en poche.

Comme tous les jeunes couples, ils se sont trouvé un appartement, une voiture et ils se sont intégrés à leur nouvel environnement. « Ça fait deux ans que je travaille. J’aime être ici parce que j’ai une meilleure qualité de vie qu’en France. Mon employeur veut que je sois là. Je n’ai commis aucune infraction », plaide-t-elle.



Voyant arriver la fin de son visa, elle a fait une demande de permis de travail ouvert pour allonger son visa jusqu’à la fin des études de son conjoint.

Ce qui nous mène au 9 novembre dernier. « Ça faisait deux semaines que mon employeur venait de m’offrir un nouveau poste comme commis comptable chez RL Énergies quand j’ai reçu cette lettre qui me spécifiait que j’étais devenue illégale. »

Son employeur l’a épaulée en faisant appel à une avocate qui lui a conseillé d’aller chercher une fiche du visiteur pour prolonger son séjour au Canada. « Il fallait se rendre à la frontière canado-américaine pour demander ce document. Nous sommes donc allés à Stanstead. On a traversé la ligne, fait demi-tour et demandé au douanier cette fiche. »

La jeune femme ne peut pas se résigner à quitter Saguenay comme ça. Elle a fait sa vie ici depuis deux ans.

Mme Vivandier a ainsi obtenu un sursis pour demeurer ici jusqu’au 20 juin, mais elle n’a plus du tout le même statut. En tant que « visiteuse », elle ne peut ni travailler ni fréquenter un établissement scolaire.

Elle se retrouve dans une impasse et ne peut plus aider son conjoint à payer les factures. « L’avocate m’a dit que pour refaire une demande de permis de travail, il me faut un certificat de sélection du Québec, qui prend environ six mois à obtenir. Et le permis pourrait prendre un autre six mois. »

Laura a cogné à la porte de son député fédéral, Richard Martel qui lui a dit que malheureusement, il ne pouvait rien pour elle. La jeune femme ne peut pas se résigner à quitter Saguenay comme ça. Elle se voit faire sa vie ici et avait même osé croire qu’elle aurait un jour sa résidence permanente.

« On entend que le Canada cherche des travailleurs, mais les démarches sont tellement complexes, d’abord pour venir ici, puis pour y rester », dit-elle encore visiblement sous le choc des derniers jours.