Celui qui a si bien dépeint le Plateau Mont-Royal et les premières émancipations de la société québécoise dans ses pièces de théâtres et ses romans s’évade en laissant courir les pinceaux sur le papier.
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«La première année que j’étais à Key West, j’étais en train d’écrire un livre et une amie qui est une grande aquarelliste est venue me visiter, raconte le célèbre auteur. Je la regardais dessiner et faire de l’aquarelle et je lui avais dit que j’enviais les gens qui peuvent faire des choses avec leurs mains.
«Moi, tout ce que je peux faire, c’est les promener sur un clavier d’ordinateur, je n’ai jamais été habile.»
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L’amie, le lendemain, lui amenait ses premières pastilles et le mettait au défi de se lancer, en petit format, puis sur des surfaces de plus en plus ambitieuses.
«Je me suis mis à aimer ça, parce que je me suis rendu compte que c’était une des seules choses qui me coupait complètement de mon travail d’écriture.»
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Lorsqu’il a un livre à la main ou les yeux sur un écran, ses histoires en chantier le rattrapent. «Tandis que l’aquarelle, comme ça ne m’est pas naturel – ce n’est pas un talent que j’ai, même après 30 ans –, ça me demande une concentration différente. Je me suis mis à aimer ça comme un fou.»
Michel Tremblay a d’abord flirté avec le pleinarisme, en allant peindre devant la mer ou les jardins de Floride, mais s’est rapidement mis à peindre les paysages qu’il avait emmagasinés dans sa mémoire ou des lieux imaginaires.
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Il s’est mis à marier d’autres techniques, fusain, pastel et encre de Chine, à ses surfaces de couleurs évanescentes.
Il est fier de dire que les quelques milliers d’aquarelles qu’il a fait en trois décennies ont allégé sa tête sans alourdir sa bourse. «Je peux me vanter de n’avoir jamais touché un sou, souligne-t-il. Ça va du Club des petits déjeuners à la Maison Marguerite. Quand on me sollicite, je dis toujours oui, toutes les causes m’intéressent.»
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Sa nouvelle activité a eu un écho dans son écriture. En 2017, il a publié Le peintre d’aquarelles, un roman consacré à Marcel, l’enfant rêveur, étourdi d’imaginaire jusqu’à la folie, né dans les Chroniques du Plateau Mont-Royal. Plusieurs aquarelles de Michel Tremblay sont d’ailleurs reproduites dans ce livre.
Collectionneur d’art québécois
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Dans son œuvre littéraire, Michel Tremblay évoque de nombreuses formes artistiques : la musique, le chant, le cabaret, le théâtre, le cinéma, l’humour. «Je ne m’en suis pas vraiment rendu compte, ce n’était pas planifié», dit-il en réfléchissant pour la première fois à la chose.
«Comme la musique et les livres sont arrivés assez tôt dans mon enfance, et les arts visuels, tard dans ma vie, c’était naturel qu’ils apparaissent un moment donné dans mes livres.»
À 80 ans, lui-même est pourtant un collectionneur de longue date. Il a acquis sa première œuvre, de l’artiste surréaliste française Leonor Fini, en 1971, pour fêter le succès de sa pièce À toi pour toujours, ta Marilou.
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«J’ai une collection assez importante de tableaux, une soixantaine, peut-être. Sauf le premier, ils ont tous ont été faits par des artistes québécois», expose l’auteur, qui possède un Jean-Paul Lemieux, un Riopelle, et plusieurs œuvres de François Vincent et de Mathieu Laca.
Pour lui, collectionner est une question de coup de foudre et d’engagement à la vie à la mort. «Il faut que le tableau me saute dessus, illustre-t-il. Ce n’est pas moi qui choisis, c’est lui.
«Quand on achète une œuvre et qu’on n’est pas spéculateur, il faut se demander si on a envie de passer le reste de ses jours avec elle.»
Ça le touche d’autant plus que des gens adoptent les siennes avec un enthousiasme tendre.
Le goût du théâtre
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Le dramaturge était à Ottawa la semaine dernière pour la présentation de sa pièce Cher Tchekhov, créée au Théâtre du Nouveau Monde au printemps dernier. «Ça représente à la fois un échec et un triomphe, parce que c’est une pièce que j’avais commencé il y a longtemps, une dizaine d’années, et que j’avais eu peur de terminer.
«Je suis heureux de l’avoir fait. C’est un spectacle splendide, d’une très grande beauté.»
Son prochain projet? Une autre pièce, qu’il commencera à écrire à Key West en décembre. Il n’en dira pas plus.
L’exposition des œuvres de Michel Tremblay est présentée jusqu’au 23 décembre au Centre d’exposition Louise-Carrier, au 33 rue Wolfe à Lévis. Une conférence de Serge Bergeron, spécialiste de l’œuvre de Tremblay, y sera présentée le 27 novembre, à 14h. Info : centrelouise-carrier.com