L’Alliance, composée par le Conseil des Innus d’Ekuanitshit, la MRC de Minganie, la SNAP Québec et l’Association Eaux-Vives Minganie, dit s’inquiéter que le gouvernement de la Coalition avenir Québec «a récemment communiqué son souhait de construire de nouveaux barrages au Québec». L’idée a notamment été évoquée durant la dernière campagne électorale québécoise, au grand déplaisir de l’organisme.
En plus de la protection claire et nette de la Magpie, l’Alliance réclame aussi la création d’une aire protégée sur la majeure partie du bassin versant de la rivière. Pas de réponse de Québec dans les deux cas jusqu’ici.
«C’est clair qu’il n’y a pas d’engagement de leur part et on est déçus de leur position», a soutenu le préfet de la MRC de Minganie, Luc Noël. «Hydro-Québec dit que le projet n’est pas dans les cartons, sans plus, le gouvernement dit c’est pas moi, c’est Hydro. Une chose est claire, c’est qu’on ne veut pas d’un autre barrage sur la Magpie, on veut du développement durable, et leur inertie dans le dossier nous empêche d’en faire.»
L’Alliance Muteshekau-shipu, rappelons-le, a fait connaître son existence au début 2021, alors qu’elle a réclamé une personnalité juridique pour la Magpie, joyau de la Minganie. Cette démarche, faite avec l’Observatoire international des droits de la nature, accorde à la rivière le droit au respect de ses cycles naturels, le droit de maintenir son intégrité ou encore le droit d’intenter une action en justice.
Le regroupement fait plutôt la promotion «d’une rivière à l’abri du développement hydroélectrique, où la vocation naturelle de celle-ci, les usages traditionnels autochtones et les activités récréotouristiques sont mis de l’avant au bénéfice de nos communautés».
Luc Noël estime que «si le gouvernement veut aller dans le sens de ce que veut la population en matière de développement durable, c’est le temps de le démontrer» en affirmant haut et fort qu’il n’y aura pas de développement hydroélectrique sur cette rivière, renommée sur la planète dans le monde des activités en eaux vives.
«On va être là pour la COP15 et ce serait une excellente occasion pour le gouvernement de protéger la Magpie et d’accorder l’aire protégée. Pour nous, les deux vont de pair», a conclu le préfet.
La journée d’ouverture de la COP15, le 7 décembre, l’Alliance Muteshekau-shipu sera d’ailleurs peut-être en vedette car elle est finaliste pour l’obtention du Prix Droits et libertés 2022, accordé par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, pour son initiative de personnalité juridique pour la Magpie. La 15e Conférence de l’ONU sur la biodiversité se conclura le 19 décembre.