La Ville de Québec réclame de l'aide au gouvernement pour ses infrastructures

Au total toute, «la Ville devrait tendre à réaliser un programme d’investissements annuels de l’ordre de 240,9 millions $», notent les fonctionnaires.

Routes, trottoirs, bâtiments municipaux et réseaux sous-terrains : la Ville de Québec demande aux gouvernements supérieurs de continuer à contribuer au rattrapage du déficit d'investissements et au maintien de ses infrastructures.


Au moment de dresser l'état de santé des infrastructures sur le territoire de Québec, l'administration Marchand parlait mercredi d'une «saine gestion» ayant mené à un réseau «en bon état». 

Évalué à 13,9 milliards $, le parc sous la responsabilité du Service de l’ingénierie dispose de 90 % d'infrastructures considérées «en bon état». 

Mais il reste encore beaucoup à faire, puisque la valeur de l'inventaire «vétuste» s'élève à 1,57 milliard $. La Ville de Québec calcule qu'elles nécessiteront des investissements de 942 millions $ sur 10 ans pour éliminer le déficit de maintien.

Les conduites souterraines s'accaparent la part du lion. Plusieurs kilomètres sont devenus ou en voie de devenir ces années-ci en fin de vie utile. À elles seules, elles monopolisent une somme plus élevée que celle requise pour les chaussées. 

Pour le maintien de ses actifs, l'administration Marchand projette par ailleurs devoir injecter 146,7 millions $ par année, sur 30 ans. Le volume de travaux à réaliser pour conserver en bon état les réseaux de voirie, d’aqueduc et d’égout augmente sans cesse. En 2013, il était estimé à 100 millions $ annuellement. 

Au moment de dresser l'état de santé des infrastructures sur le territoire de Québec, l'administration Marchand parlait mercredi d'une «saine gestion» ayant mené à un réseau «en bon état».

Et plus les retards s'accumulent, plus la Ville doit puiser dans ses poches pour le résoudre.

Au total toute, «la Ville devrait tendre à réaliser un programme d’investissements annuels de l’ordre de 240,9 millions $», notent les fonctionnaires.

Même son de cloche à la Gestion des immeubles, pour lesquels on prévoit que les interventions nécessaires au rattrapage du déficit accumulé augmentent «de façon significative les investissements des 10 prochaines années».

Aide réclamée

Pour le combler, il faudra que les paliers de gouvernement supérieurs acceptent d'y contribuer, plaide l'administration Marchand. 

«Pour atteindre et maintenir ce niveau d’investissement, la Ville requiert l’appui des gouvernements supérieurs à un niveau similaire à celui des années 2009, 2010, 2013 et 2017», réclame-t-on. 

Depuis 2008, la Ville de Québec calcule avoir investi «massivement», soit un peu plus de 2 milliards $, dont 773 millions $ (38 %) étaient issus de subventions «essentielles pour les municipalités». 

«Même en poursuivant des investissements municipaux majeurs, un déficit d’entretien est toujours présent», exprime la Ville. 

Données «garrochées», selon l'opposition 

L'administration Labeaume avait l'habitude de faire grand bruit avec son bilan des infrastructures, profitant d'une occasion de formuler des demandes aux gouvernement supérieurs. Encore à l'automne 2019, l'ex-maire Régis Labeaume insistait pour qu'ils financent au moins 50 % des travaux pour les cinq prochaines années.

Or, il en a été autrement mercredi, alors qu'une séance du comité plénier se déroulait à l'hôtel de ville de Québec, en présence des élus. 

Le chef de Québec d'abord, Claude Villeneuve, n’a pas tardé à dresser des comparatifs sur le dernier exercice semblable tenu il y a trois ans. 

«Ça s’était fait à huis-clos, le maire Labeaume avait fait une présentation des faits saillants et des grands éléments du rapport. Là, ça nous arrive comme un gros paquet d’informations, il faut être prêts à poser nos questions alors qu’on n’a pas eu le temps de fouiller le document pour se faire une tête. C’est comme si on voulait se débarrasser de ça», déplore le chef de l'opposition officielle. 

Données «garrochées» aux élus et aux médias, «manque de respect pour les fonctionnaires», il ne manquait pas de qualificatifs pour décrire le déroulement de l'après-midi.

La multiplication des annonces par l’équipe du maire en parallèle du comité plénier et l’absence d’une présentation pour permettre aux élus de prendre connaissance des nombreuses données présentées n’ont pas fait décolérer Claude Villeneuve.

D’après lui, c’est surtout «irrespectueux pour les fonctionnaires mais aussi pour les journalistes qui courent d’une annonce à l’autre». Et s’il a refusé de se présenter comme «le président du syndicat des élus», M. Villeneuve n’en remet pas moins en question l’utilité de l’exercice.

Il en vient même à se questionner quant à savoir si l’administration «n’aurait pas des choses à cacher», même si au premier abord, les nouvelles du rapport lui semblaient «plutôt bonnes». 

Plus encore, l’élu remet en cause la transparence tant vantée par l’équipe du maire. «L’administration affirme sa transparence, qu’elle a atteint un niveau de transparence supérieur à celui de l’administration précédente. Je suis allé voir les précédents, et ça ne se passait pas comme ça».

De son côté, la deuxième opposition regrette que l'exercice, pour lequel les élus n'avaient pas pu se préparer, se soit transformé en «séance d'information». Le chef, Patrick Paquet, s'est dit «déçu par ce manque de collaboration».

«Nous avions demandé avant la rencontre de recevoir les présentations, ce qui nous a été refusé. L’administration Marchand doit garder en tête qu’un plénier ça demande de la préparation et il faut arrêter de les transformer en séance d’information», lâche-t-il.

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Les infrastructures de la Ville de Québec en bref:

  • 3649 km de chaussées et de trottoirs;
  • 6902 km de conduites pluviales, d’aqueduc et d’égout;
  • 468 km de réseau cyclable;
  • 355 stationnements;
  • 1253 ouvrages ponctuels (vannes, bassins, etc.);
  • 2078 ouvrages d’art (ponts, ponceaux, etc.);
  • 52 877 lampadaires;
  • 7 usines et 27 ouvrages majeurs de traitement des eaux;
  • 451 bâtiments municipaux.