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Caisse scolaire, de l’éducation financière des petits et des grands

CHRONIQUE / Sur TikTok, je ferais moins un malheur avec mes histoires de rentes de retraités, il paraît. C’est ce que je conclus d’une hypothèse avancée par un collègue qui dit que la popularité du sujet chez le lectorat des journaux s’explique par son âge qui ne va pas en reculant.


Du même souffle, le collègue nous invite à poursuivre nos efforts pour attirer aussi de jeunes lecteurs.

Parlons de la Caisse scolaire, alors.

C’est la maman d’une fillette de 9 ans qui m’a orienté vers cette piste. Son enfant fréquente l’École de l’Étoile-du-Nord, un établissement tout neuf dans le quartier Saint-Émile, à Québec. Le comité de parents discute de l’implantation de la Caisse scolaire de Desjardins, je crois qu’il va aller de l’avant, comme dans beaucoup d’écoles de la province.

C’est un beau programme qui vise à développer chez les enfants le sens de l’épargne. Les bambins sont amenés à ouvrir un compte et à y déposer de petites sommes puis à constater le progrès de leur pécule. Comme dans mon temps.

Si j’étais cynique, je dirais qu’il s’agit d’un joli moyen de préparer de nouvelles cohortes de clients à qui on proposera plus tard des cartes de crédit à 20 % d’intérêts, des hypothèques, des produits d’assurance et des fonds de placement.

Mais je ne suis pas cynique. Enfin presque, ça dépend des jours. La Presse rapportait récemment que Desjardins avait charcuté les intérêts offerts aux plus jeunes épargnants, et pas juste un peu, alors que partout la tendance est à la hausse. À la fin de l’été, les taux sont passés de 1,1 % et de 1,05 % à, respectivement, 0,1 % et 0,05 %, selon le solde affiché au compte du petit.

Par tranche de 100 $ d’épargne, un enfant recevra désormais 10 cents ou 5 cents par année. Si l’objectif est d’initier les jeunes à la «magie» de l’intérêt composé, le travail s’annonce long et ardu.

Cependant, un enfant doué en mathématique pourrait conclure que, dans un contexte inflationniste, il vaut mieux se précipiter pour acheter une bébelle à 100 piastres aujourd’hui, avant qu’elle n’en coûte 105 $, dans 12 mois. Il sortira gagnant de 4,90 $.

J’ai l’air de dénigrer la Caisse scolaire, mais détrompez-vous. Desjardins a développé un site Internet plutôt charmant et assez instructif destiné aux petits et à leurs parents.

Surtout les parents.

Le site en question comprend des sections distinctes pour les enfants et leurs géniteurs.

La zone dédiée aux jeunes propose une calculatrice que je recommande aux adultes. On y trouve un personnage en forme de tirelire classique baptisé «Calculo». L’amusant cochon invite le visiteur à tester la faisabilité d’un projet de consommation, un «voeu».

J'ai testé, c’est formidable. On doit d’abord nommer son vœu, ce que j’ai fait : «Spa comme le voisin». Calculo demande alors d’inscrire le prix de la chose convoitée : 8000 $.

«As-tu pensé aux taxes?», intervient la tirelire. Évidemment non, le site le calcule pour nous. Le jacuzzi coûtera au total 9198 $. On doit ensuite préciser la somme dont on dispose pour satisfaire son envie (disons 2000 $, si on se retient d’aller au Mexique en février), puis indiquer la date à laquelle on veut passer à l’action : 1er mai.

Selon Calculo, on doit épargner 312,96 $ par semaine pour être équipé comme le voisin, à la sortie des tulipes.

«Penses-tu que ton objectif est réaliste?», demande encore le rigolo personnage.

Bien sûr que non, quoiqu’on peut toujours le financer à l’aide d’un prêt «Accord D» dont les intérêts, à 12,74 %, n’ont pas diminué ces derniers mois.

Vous aurez compris que l’éducation financière commence d’abord par l’exemple des parents.

Des forfaits bancaires qui bougent

Changeons de sujet, mais restons chez Desjardins. Des clients rapportent que l’institution financière les a fait migrer d’un forfait bancaire vers un nouveau, sans qu’ils le demandent.

L’ennui, c’est que sous leur ancien forfait, des membres devaient conserver 2000 $ dans le compte pour avoir congé de frais. Avec le nouveau, on doit désormais afficher un solde de 2500 $ pour profiter de la gratuité.

Rappelons qu’un forfait donne droit à un certain nombre de transactions au-delà duquel chaque opération supplémentaire est facturée à la pièce. La plupart des banques fonctionnent sur le même modèle, l’offre de la Banque Nationale ressemble beaucoup à celle de Desjardins.

Cette dernière explique qu’elle a réduit le nombre de forfaits offerts à ses clients, de sept à quatre, en 2019. Les membres pouvaient jusqu’à récemment conserver leur vieux forfait, même si ce dernier était passé à la trappe. Depuis le 1er novembre, les épargnants concernés sont poussés vers un des nouveaux forfaits, celui qui se rapproche le plus de leur ancien.

Ceux qui avaient adhéré à la formule «L’Alternatif» avaient droit à 25 transactions pour 6,95 $ par mois, ou sans frais s’ils maintenaient leur solde à 2 000 $. Maintenant, ils sont dirigés vers «L’intermédiaire», qui comprend 30 transactions pour 8,95 $ par mois, ou sans frais avec 2500 $ qui dorment dans le compte.

S’il vous plaît, ne déchirez pas votre chemise. Si cette migration vous paraît douloureuse, cherchez un peu, vous trouverez ailleurs des options qui n’exigent aucuns frais de transaction ni solde minimum.

Un bon nombre de lecteurs de journaux seront contents d’apprendre qu’ils n’auront pas à se donner cette peine.

Les clients de 60 ans et plus de Desjardins et de la Banque Nationale bénéficient de rabais ou de la gratuité, selon le forfait retenu.