«C'est des commerces familiaux, des entreprises locales qui, jour après jour, veulent contribuer à notre économie, à qui on vient nuire dans une période qui est importante pour eux», a déploré mercredi le directeur général du Grand Marché de Québec.
Debout, au lutrin, devant une masse de marchands, Steve Ross faisait face aux représentants des médias dans le but avoué de défaire les perceptions qui circulent depuis quelques jours au sujet du Grand Marché.
Dans un «plaidoyer pour l'achat local», lui et la présidente de la commission d'ExpoCité, Mélissa Coulombe-Leduc, ont démenti les rumeurs qui courent au sujet du marché public.
«On entre dans une période critique pour les commerçants. Ce n'est pas le moment de tirer dans la chaloupe. Il faut qu’on se serre les coudes», a déclaré l'élue.
Au cours des derniers jours, la Ville de Québec a volé au secours du Grand Marché en revoyant à la baisse l'entente de partage des bénéfices et en lui octroyant une nouvelle aide financière de près de 45 000$. Le tout, pour «donner un peu d’air» aux gestionnaires, dont les finances ont été fortement ébranlées par deux ans de pandémie, a-t-on justifié.
Depuis, le Grand Marché fait couler beaucoup d'encre. À l'hôtel de ville, certaines oppositions n'ont pas hésité à critiquer son modèle.
Marché de «destination»
Après avoir pointé du doigt le prix de «12$ pour six» pommes, la cheffe de Transition Québec est revenue à la charge mercredi, insistant pour dire que le Grand Marché en est un de «destination», vendant des «produits de haute qualité au prix dispendieux».
Le matin même, Le Journal de Québec coiffait sa une avec un reportage comparant les prix des aliments vendus au Grand Marché et au supermarché Maxi. L'exercice a permis de conclure qu'une facture de 10 aliments était 75 % plus élevée au marché public.
«Le maire dit que le Grand Marché répond à un besoin alimentaire dans le district, mais c'est trop dispendieux pour les résidents», mentionne la conseillère municipale de Limoilou.
Pendant qu'elle octroie un soutien financier au Grand Marché pour contrer le «désert alimentaire» dans la Cité-Limoilou, ajoute Jackie Smith, la Ville de Québec fait l'«oreille sourde» aux besoins des banques venant en aide aux moins nantis. Le tout, selon elle, alors que les files s'allongent devant les banques alimentaires, dans un quartier où «30 % de la population est à faible revenu».
«Devant la période qui est normalement achalandée, on ne doit pas décourager les gens de venir en mettant de l’avant le prix de certains produits», rétorque Mme Coulombe-Leduc.
Pour elle, des «discussions» devront se tenir pour déterminer du sort du siège de Jackie Smith sur le conseil d'administration d'ExpoCité.
«On tape sur le mauvais clou»
Signe que les affaires ne vont pas si mal au Grand Marché, le nouveau directeur général du Grand Marché soutient que l'établissement génère une valeur de 18 millions $ entre ses murs, avec 200 commerçants permanents et saisonniers. «Ce n'est pas à tasser du revers de la main», juge-t-il.
Sur les 30 producteurs installés toute l'année, trois quitteront à la fin de cette année, pour un total de 14 % des locaux à renouveler.
Selon Jean-François Marcoux, président de la Coopérative des Horticulteurs du Québec qui gère le Grand Marché, la «perception négative» nourrie depuis quelques jours n'est rien pour aider à faire augmenter l'achalandage, déjà sous les objectifs.
«On avait réussi, au cours des 18 derniers mois, à renverser la tendance, à donner image positive du marché. Maintenant, on doit mettre notre énergie à travailler contre une perception négative, quand il y en a qui tapent sur le mauvais clou», déplore-t-il.