Fier ambassadeur de la région, Jean-François Tapp est derrière plusieurs événements sportifs de plein air de renom, dont certains comme l’Ultra Trail Gaspesia 100 qui attire des centaines d’athlètes d’une douzaine de pays différents. Cette course vient d’ailleurs tout juste de se mériter le prix pour la meilleure organisation de compétition (cross / trail / montagne) de la part de la Fédération québécoise d’athlétisme. Le Soleil en profite pour discuter avec celui qui a sa région tatouée sur le cœur.
Q: Au départ, d’où émanait cette idée d’organiser des événements sportifs en Gaspésie?
R: C’est un peu un accident ... On avait reçu jadis le mandat avec le Club Vélocipeg [le club local de vélo de montagne] d’organiser une course, mais à cette époque en 2012 on n’avait pas de sentiers et personne de Gaspé n’était sur le circuit régional. On a accepté, mais deux mois avant l’événement on a eu un peu la chienne d’organiser tout ça pour rien. Pourquoi les gens partiraient de Rivière-du-Loup pour venir à Gaspé alors qu’ils ne nous ont jamais vus chez eux et qu’on n’a pas de sentiers? On a fait un premier 5 km qui a été prêt 15 minutes avant le premier départ. On a aussi décidé de faire un petit festival cycliste, pour donner l’occasion aux gens de faire du vélo sur route le lendemain dans le parc national Forillon en se disant que ça allait peut-être devenir plus sexy pour les gens de se déplacer. En l’espace de deux mois, le Grand Fondo Forillon était né et aussi étrange que cela puisse paraître, des gens d’Ottawa et des Maritimes se sont présentés. Ç’a commencé à germer dans ma tête que peut-être on pourrait générer du tourisme avec des événements sportifs.
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Q: Où en êtes-vous aujourd’hui, 10 ans plus tard?
R: D’autres événements se sont ajoutés au fil des ans et ça devenait gros un peu pour Vélocipeg alors en 2016, j’ai créé Événements Gaspesia, un organisme à but non lucratif. En 10 ans, on a livré tout près de 40 courses avec des marathons, une série polaire l’hiver, de la course à pied en sentier ou sur route, du vélo de montage, un triathlon ... Mais l’idée, ç’a toujours été d’organiser des événements gaspésiens avant des événements sportifs. Dès que je trouve qu’il y a un potentiel visuel ou d’une expérience différente, l’intérêt d’organiser quelque chose se présente. C’est comme ça par exemple que l’idée est venue de faire un cross-triathlon à Percé. Il y a quelque chose d’unique et de spécial de nager devant le rocher Percé au lever du soleil. C’est notre marque de commerce de mettre en valeur la Gaspésie de façon différente. C’est avec l’Ultra Trail Gaspesia 100 qu’on a le mieux réussi jusqu’à présent. Ça dépasse largement ce qu’on pensait pouvoir faire avec plus de 1000 participants par année de 12 pays, sans aucune communication à l’international. C’est spécial comme aventure. On est rendus à entre 3000 et 4000 participants par année tous événements confondus, dont 80% proviennent de l’extérieur alors ça génère une belle petite activité économique dans la région.
Q: Vous dites avoir un mode d’organisation broche à foin de luxe. Que voulez-vous dire?
R: C’est l’expression que j’ai empruntée pour mentionner que la facture finale aux yeux des athlètes est toujours acceptable et similaire à ce qu’on retrouve ailleurs, mais toute la composition derrière pour en arriver à ce résultat-là est souvent pas mal moins élégante. Je compare souvent notre organisation à un cygne. C’est gracieux sur l’eau, mais en-dessous ça va dans tous les sens! On doit souvent faire avec les moyens du bord.
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Q: Parce que c’est plus difficile d’organiser des événements sportifs en Gaspésie qu’ailleurs?
R: Qu’on le veuille ou non, on a moins de ressources humaines, moins de ressources techniques et des équipements qui ne sont pas disponibles chez aucun locateur dans la région. Les budgets sont plus serrés que nos collègues des grandes villes et les municipalités ne peuvent pas nous aider autant que d’autres. Ça nous oblige à être créatifs pour pouvoir créer des expériences que les gens vont retenir. Des fois ça manque un peu de finition, mais on compense par l’approche humaine; les gens apprécient et en redemandent. On est chanceux d’avoir cette place dans le cœur des athlètes. On s’inscrit plus dans la tradition américaine des événements roots, très locaux et communautaires. Il y en a peu au Québec et on n’aspire pas à voir une facture très professionnelle. On fait des setups très simples dont les gens se rappellent toute leur vie comme un départ sur la plage des pêcheurs avec une simple ligne au sol tracée avec un bout de bois, ou bien un départ en ouvrant les portes de l’entrepôt de la microbrasserie Pit Caribou. On se permet de faire des trucs du genre.
Q: Est-ce qu’on peut vous donner le titre d’ambassadeur de la Gaspésie?
R: Ç’a toujours été mon objectif de faire parler de la région positivement. Je suis devenu un jeune adulte dans les années ’90 alors qu’il n’y avait pas grand-chose de reluisant en Gaspésie alors c’était clair que je voulais revenir ici pour contribuer au développement de la région. J’ai étudié en récréologie et mon secteur d’activités c’est le tourisme. Avec le Camp de base Gaspésie, il y a des limites à ce qu’on ajouter comme nouveautés. Avec les événements sportifs, on peut faire parler de nous régulièrement. Donc oui, on peut sûrement dire qu’à notre façon on est devenus des ambassadeurs au fil du temps, mais on le fait vraiment pour renverser la tendance lourde d’avant les années 2000 et je suis content de faire parler de la Gaspésie favorablement. C’est en fait ce que je voulais faire de ma vie. Il reste encore du travail à faire, mais on va continuer à contribuer dans les prochaines années!