Après deux ans de pandémie, des difficultés dans le monde de l’édition et une pénurie de main-d’œuvre qui a grugé l’énergie des troupes toujours en place, les objectifs du Salon du livre des Premières Nations (SLPN) sont fort simples : avoir lieu et célébrer la littérature.
La 11e année du SLPN se veut ainsi comme une grande fête.
«On doit s’adapter à de nouvelles réalités. Face aux changements climatiques comme la pénurie de main-d’œuvre. On sent la fatigue chez les artistes, mais aussi dans la population générale. On a eu envie de faire les choses autrement et peut-être aussi un peu plus joyeuses», explique au bout du fil Louis-Karl Picard-Sioui, directeur de Kwahiatonhk!, l’OBNL qui chapeaute l’événement.
Avec un thème comme la transformation, l’artiste souhaite également profiter de l’occasion pour «jouer avec les règles du jeu» et s’amuser autour de la structure même du salon du livre.
«[Plusieurs acteurs] sont en train de repenser certains aspects au niveau des salons du livre. Ce sont de vieilles bibittes qui roulent de la même façon depuis longtemps, qui ont été bâties à une certaine époque, quand l’industrie fonctionnait d’une autre façon. La culture change donc on se pose des questions.
«Nous [le SLPN], on occupe une place particulière parce que, comme on est plus petit, on a une souplesse que d’autres n’ont peut-être pas», ajoute Louis-Karl Picard-Sioui, qui a récemment publié un nouveau roman, Éveil à Kitchike : la saignée des possibles.
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Dès jeudi et jusqu’au 20 novembre, le public aura ainsi l’occasion de découvrir une programmation diversifiée qui s’installe, comme à son habitude, à la Maison de la littérature, au Morrin Center ainsi qu’à la salle Multi.
Les séances de dédicaces seront toutefois animées par des VJ qui mettront de l’avant la musique d’artistes autochtones. Une vingtaine d’auteurs seront présents pour rencontrer les visiteurs, dont Michel Jean, Isabelle Picard, Andrée Levesque Sioui, J. D. Kurtness et Maya Cousineau Mollen — qui vient tout juste de remporter le Prix littéraire du gouverneur général en poésie pour son recueil Enfants du lichen.
Les tables rondes porteront quant à elles sur des sujets littéraires comme l’histoire de la littérature innue, mais aussi sur des enjeux sociaux comme la revendication de l’identité autochtone par des francodescendants.
Cette année, l’organisation souhaite également mettre davantage de l’avant le genre de l’essai avec des ouvrages comme Indien stoïque de Daniel Sioui ou encore la biographie avec Ninanimishken – Je marche contre le vent de Florent Vollant et Justin Kingsley.
De façon générale, le SLPN a envie de mettre en lumière la richesse de la culture des communautés autochtones. Un objectif qui passe par la littérature, mais aussi d’autres formes d’art alors que l’hybridation entre les arts et les sous-genres prend forme de plus en plus.
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Des spectacles pour tous les goûts
Au bout du fil, Louis-Karl Picard-Sioui s’anime tout particulièrement lorsque vient le temps de parler des différents spectacles littéraires présentés tout au long du SLPN.
L’événement s’ouvrira notamment cette année avec Kwatendotonnionhk. Le projet, dont le titre signifie «Nos histoires», plongera dans les mythes anciens. Légendes, contes, poésie, chants et pièces instrumentales sont donc au programme aux côtés des conteuses Nicole O’bomsawin et Marjolaine McKenzie ainsi que des musiciens Frédéric Dufour et Rachel Aucoin.
Louis-Karl Picard-Sioui souhaitait instaurer une réelle progression dans sa programmation. Si ce premier spectacle a une formule plus classique pour bien enraciner le SLPN et montrer les origines de certains imaginaires littéraires, les autres amènent le public ailleurs.
Notamment dans le cas de Bienvenue, Alyson qui prend la forme d’un happening littéraire plus expérimental, mais tout aussi festif. Une soirée où l’on attend Isabelle Picard, Jocelyn Sioui, Dave Jenniss ainsi que des invités surprises.
Le Salon du livre des Premières Nations a lieu du 17 au 20 novembre 2022. Pour plus de détails, on peut visiter le site web de l’événement.