Chronique|

Ces congédiements inexplicables 

Steve Hartley a été l'entraîneur-chef des Voltigeurs de 2018 à 2022.

CHRONIQUE / Elles sont difficiles à suivre, parfois, les équipes sportives!


Prenons le cas des Voltigeurs de Drummondville qui ont remercié leur entraîneur-chef, Steve Hartley, au quart de la saison de la LHJMQ, mercredi.

Vrai, leur début (dossier de 10-9) laissait un peu à désirer, mais il y avait, en toile de fond, tout un contexte pour expliquer ce départ chancelant des Voltigeurs. 

Depuis le premier coup de sifflet de la campagne, Drummondville doit se débrouiller sans des éléments clés de sa formation, à commencer par Maveric Lamoureux et Justin Côté, dont je vous parlais récemment dans Le Soleil. Il y a aussi le gardien numéro un du club, Riley Mercer, un autre pilier de l’équipe du Centre-du-Québec.

Il y a un an à peine, en mai 2021, cette même organisation octroyait pourtant un renouvellement de contrat de cinq ans à son entraîneur-chef. Cinq ans! 

«Encore une fois, Steve a su démontrer qu’il est l’un des meilleurs entraîneurs du circuit en s’adaptant jour après jour», réagissait alors par voie de communiqué le directeur général des Voltigeurs, Philippe Boucher.

Une reconstruction

Quelques semaines plus tard, Xavier Simoneau, William Dufour et Francesco Lapenna pliaient bagage dans ce qu'on appelle dans le jargon du hockey, une reconstruction. Les Voltigeurs ont résisté aux fortes bourrasques, limitant leur dégringolade au classement.

Voilà qu’un an et demi plus tard, avec leurs meilleurs joueurs sur la liste des blessés, les Voltigeurs montrent la porte à leur pilote, deux fois finaliste au titre d’entraîneur-chef de l’année dans le circuit Courteau. 

Des chiffres implacables 

Depuis cinq ans, Hartley affichait le troisième plus haut pourcentage de points (57,1%) dans la LHJMQ derrière Jim Hulton (67,2%) et Stéphane Julien (63,3%).

Que pouvait-on lui demander de plus? 

Incompréhensible, c’est le mot qui me vient à l’esprit quand je tente de décrypter la décision prise par la haute direction des Voltigeurs. Pourquoi un changement de direction si soudain?

En conférence de presse, mercredi, le directeur général Philippe Boucher a bien essayé de prendre une partie du blâme, mais ce qu’on a compris, à la lumière des réponses, c’est que les pressions qui ont agité le couperet sont surtout venues du conseil d’administration des Voltigeurs.

À n’en point douter, ces dirigeants ont les moyens de leurs ambitions en limogeant un entraîneur avec trois années et demie à écouler à son contrat. Ils se doutent bien qu’Hartley se retrouvera du boulot rapidement, mais quand même!

Des gros sous

Quand on le compare à la situation des Raiders de Las Vegas, dans la Ligue nationale de football, l’audacieux pari fait par les Voltigeurs, c’est de la petite bière.

Résumons : le début de saison des Raiders sous Josh McDaniels (2-7) n’est clairement pas à la hauteur. Le problème actuel, c’est que la haute direction de l’équipe du Nevada n’a pas les moyens de limoger l’ancien coordonnateur à l’attaque chez les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

La situation loufoque dévoilée au grand jour par le columnist du Los Angeles Times, Bill Plaschke, dans les dernières heures.

Le lourd contrat de l’ex-pilote démissionnaire Jon Gruden — 40 des 100 millions $ sur dix ans qui lui ont été consentis avaient été mis en garantie — plombe les finances du club. Pris à la gorge, les Raiders ont donc confirmé à McDaniels qu’il serait de retour en 2023, peu importe ce qui se passera dans les prochaines semaines. Un non-sens pour toute équipe de sport qui se respecte. 

Depuis toujours...

Les histoires de congédiements d’entraîneurs font jaser depuis que le monde est monde. On a d'ailleurs souvent reconnu les grandes organisations par leur capacité à faire confiance en leur personnel en place, sans succomber à la tentation des coups de balais improductifs.

À ce chapitre, le hockey junior nous a souvent offert des cas rocambolesques d'amateurisme. Vous vous souvenez sans doute du congédiement de Patrice Bosch, annoncé en plein match…

Je ne sais pas si c’est vraiment pire que ce qui s’est passé lors de la plus horrible saison de l’histoire d’un club de la LHJMQ, la campagne 1977-78 des Dynamos de Shawinigan.

Quatre entraîneurs et trois victoires

Cette année-là, les pauvres Dynamos avaient eu plus d’entraîneurs (4) que de victoires (3) en 72 rencontres. C’est un des recruteurs, Michel Gélinas, qui a dû compléter la saison derrière le banc de la plus mauvaise équipe de tous les temps…

En se comparant, les entraîneurs peuvent se consoler. 

Parfois, ils finissent par se dire que c'est mieux de se faire limoger sur le champ que d’entendre son directeur général réitérer sa confiance sur la place publique, sachant très bien qu’il brûle sa dernière cartouche. Le supplice de la goutte peut être très pénible.

Un baiser de la mort?

C’est peut-être ce que vient de faire le DG des Sénateurs d’Ottawa, Pierre Dorion, avec D.J. Smith, dans les derniers jours. Il a rappelé que son entraîneur faisait du bon travail, qu'il pouvait gagner, qu'il allait continuer de diriger l'équipe... même si Ottawa éprouve son lot de difficultés.

Plusieurs voient dans ce vote de confiance l’équivalent d’un baiser de la mort dont l’entraîneur des Sénateurs est assuré de ne pas se remettre.

On a vu ça maintes et maintes fois dans l’histoire du sport. Le nom de D.J. Smith risque malheureusement de s’ajouter à une très longue liste. On ne sait juste pas quand. 

Ce congédiement, au moins, on pourrait le comprendre...