Habituée aux projets artistiques collaboratifs, la photographe et médiatrice culturelle Débora Flor n’a pas hésité très longtemps avant d’accepter de participer à Lumière sur l’art. L’artiste originaire du Brésil a vu en la huitième édition de l’événement d’art public un nouveau défi.
«La partie atelier, travailler avec le public dans le milieu communautaire, ça, je fais ça depuis des années. […] L’échange me plaît. Travailler avec du monde, voir qu’on peut toujours être en communication, être à l’écoute des autres, ça me nourrit beaucoup. C’est ce que je cherche à chaque fois», affirme Débora Flor en entrevue au Soleil.
Pour l’occasion, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) et la Société de développement commercial du quartier Montcalm ont jumelé la photographe à des artistes de Vincent et moi. Un programme d’accompagnement artistique, chapeauté par le CIUSSS de la Capitale-Nationale, qui soutient et diffuse les œuvres de créateurs vivant avec une problématique de santé mentale.
Si une quarantaine de personnes participent actuellement au programme, onze d’entre elles ont levé la main «avec enthousiasme» pour participer à Lumière sur l’art.
Pendant plus de deux mois, du 14 février au 25 avril 2022, Débora Flor les a rencontré au MNBAQ afin d’explorer différentes formes d’art. Elle a travaillé avec eux plusieurs notions dont la création de masques, l’écriture, le dessin, la performance et le théâtre d’ombres. Le tout accompagnée par la poète Hélène Matte, l’artiste interdisciplinaire Laurence Petitpas et l’artiste Fanny H-Levy.
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«Ils ont été généreux. Par leur passion, leur temps, leur dévouement au projet. Ils ont bien participé. Même s’il y avait parfois des défis avec certaines techniques artistiques», relate la photographe, qui a bâti au fil des semaines une relation de confiance avec le groupe.
Pour l’artiste Fanny H-Levy, qui est également responsable de la direction artistique et du développement chez Vincent et moi, cette huitième édition de Lumière sur l’art permet surtout de normaliser davantage les enjeux autour de la santé mentale.
«Plusieurs semaines après les ateliers avec Débora, on a rencontré les artistes qui nous ont parlé de ce projet, de comment ils ont évolué là-dedans.
«Ils ont acquis de la confiance en soi, un sentiment d’appartenance au groupe. […] Il y a quelque chose là de l’ordre d’une vraie transformation. Ça les valorise et les rend visibles», affirme cette dernière.
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À l’instar de Débora Flor, Fanny H-Levy croit amplement au pouvoir de l’art pour nourrir et cultiver notre santé mentale. Et ce, même si le processus de création nous force à nous remettre en question ou à creuser certains sentiments plus sombres.
«Je crois que c’est ça aussi qui nous attire dans l’art! Ça vient jouer dans ces tensions-là», ajoute-t-elle.
Les métamorphoses
Lors de chaque atelier, Débora Flor a guidé les onze artistes de Vincent et moi, les amenant tantôt à illustrer leur animal intérieur, tantôt à fouiller les concepts de transformation et de migration.
Au fil des semaines, la photographe a bâti une relation avec chacun d’entre eux, cernant leurs inspirations et leur personnalité. Elle a aussi capturé en images leur processus créatif, prenant des clichés de leurs dessins, de leurs performances, etc.
Ce sont leurs œuvres qui ont servi de matière première aux abat-jours que le grand public aura l’occasion d’admirer sur l’avenue Cartier.
Avec leurs créations, l’artiste brésilienne a réalisé des collages numériques auxquels elle a ajouté des «images graphiques». Elle a également utilisé le cyanotype, un procédé photographique qui lui a permis d’obtenir une «facture onirique» et une certaine transparence.
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Puisque son objectif est de mettre l’humain en avant-plan, les onze artistes auront donc chacun un luminaire à l’effigie de leur travail.
«Je voulais valoriser leur processus, pour qu’ils reconnaissent leurs œuvres sur les luminaires. […] Chaque duo d’abat-jour représente la création d’un artiste», explique Débora Flor.
Avec comme titre Métamorphoses, la huitième édition de Lumière sur l’art explore notamment la notion d’animal intérieur et extérieur, de la migration, de l’humanité et du mouvement.
«On a débuté les ateliers avec la notion d’animaux migratoires. Ça me parlait beaucoup parce que je suis moi-même immigrante. On a aussi débuté le projet à l’hiver, un moment où les réflexions sur ces enjeux sont beaucoup plus importantes chez moi. […] On traverse des moments de transition, de changements. Surtout durant cette saison», souligne la photographe.
Comme lors des éditions précédentes, des codes QR sont mis de l’avant sur les luminaires. Les curieux auront ainsi l’occasion de creuser davantage le processus créatif des artistes, la mission du programme Vincent et moi, la biographie des créateurs, etc.
On peut admirer les 34 abat-jours sur l’avenue Cartier.
Les onze créateurs affiliés au programme d'accompagnement artistique Vincent et moi ayant participé au projet sont Caroline Audet, Claudette Dallaire, GODAIN, Karine Labbé, Pauline Bolduc, Moody Swing, Raymonde Thériault, Mélissa Butler, Julie-Naomie, Rémy Gagnon et Papillon.
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