Marchand à la découverte du tramway de Paris

PARIS — Palissades créatives, aménagement d'une promenade urbaine, le maire Bruno Marchand a fait le plein d'inspiration devant des initiatives parisiennes samedi, lors de sa première journée dans la capitale française. À commencer par le tramway.


0:00Écouter la version audio

«C'est en plein comme ça qu'on le veut», s'est exclamé le maire de Québec à la vue du tramway qui encercle le centre urbain de Paris. 

Jadis doté d'un vaste réseau de tramway, jusqu'au milieu du XXe siècle, Paris l'a vu être démantelé graduellement avec l'implantation des lignes de métro, dans les années 1950. Puis, ce moyen de transport structurant est revenu, tout aussi progressivement, dans 15 dernières années.

Sur le site web Civitatis, qui répertorie les attraits touristiques de grandes villes du monde, on peut lire que le tramway de Paris compte 7 lignes et que ce nombre «devrait augmenter dans les années à venir, avec plus de 100 kilomètres de voies et plus de 180 stations.

Déjà d'anciennes voies automobiles ont été supprimées pour faire place au tramway, circulant en partie sur une plateforme végétalisée. La partie ouest demeure en construction, afin de compléter la boucle.

Au terme d'une longue journée de marche, le maire Bruno Marchand est ainsi tombé nez à nez avec des rames de tramway en pleine action tout près de lui. Il n'en fallait pas plus pour qu'il sorte son téléphone cellulaire et qu'il le filme fièrement. 

Ligne aérienne de contact, plateforme végétalisée sur une partie du tracé et qui ne coupe pas en deux les quartiers, il s'agit du modèle parfait duquel compte s'inspirer le maire de Québec.

Des chantiers plus attrayants

Lui qui a foulé le sol de Paris samedi matin, alors que son avion s'est posé peu avant 8h, heure locale, à l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, ne s'est pas arrêté là en quête de bonnes idées pour sa ville. Pour entamer sa première mission à l’étranger, Bruno Marchand s'est aussi attardé le long du chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en pleine restauration. 

En avril 2019, un incendie majeur avait ravagé le précieux bâtiment. 

Plus de trois ans plus tard, on s'affaire toujours à sa reconstruction. Tout autour du bâtiment, d'immenses murales de bandes dessinées d'artistes locaux ont été érigées afin d'informer, en photos et en mots, les passants des travaux en cours de réalisation. L'historique de l'édifice est également affiché sur les palissades qui trônent au pourtour de la cathédrale.

Cette initiative a suscité l'intérêt du maire de Québec. Entre autres pour le chantier du tramway, laisse-t-il savoir pendant sa visite, laquelle se tient avant tout dans un contexte «d'apprentissages».

«À Paris, on est capable de dire pourquoi on le fait, combien ça coûte, qui le fait. On est capable de dire ça va prendre combien de temps le faire, ce qui va arriver avec du visuel. On utilise les artistes à la fois pour expliquer, à la fois pour rendre aux gens l'information disponible pour comprendre où on est rendu», a-t-il évoqué, songeant à importer l'idée pour rendre les divers chantiers plus attrayants.

Ce modèle avait d'ailleurs été implanté à la place de l'Hôtel-de-Ville, en pleine transformation dans le Vieux-Québec, à sa demande, informe M. Marchand. 

«Il faut s'en aller vers ça, dans un an ou deux, avoir une réglementation qui nous oblige à dire ''voici ce qu'on va faire ici, voici combien de temps ça va durer"», s'engage-t-il.

Dans l'intervalle où la capitale devra composer avec ces grands travaux, le maire promet par ailleurs de les aborder comme une «opportunité de faire les choses différemment».

Une promenade verte pour Beauport?

Au menu du jour, samedi, figurait principalement une visite de la Coulée verte, une promenade verte aménagée sur 4,5 km dans la capitale française. Inaugurée en 1993 et aujourd'hui fréquentée par les marcheurs et les coureurs, elle remplace une ancienne voie ferrée, dont les ruines datent de 1859. Acquis par la Ville de Paris, le viaduc autrefois emprunté par le train a été converti en Viaduc des Arts, sous lequel une soixantaine des 74 arches se sont vues transformés en ateliers d'arts ou galeries d'artistes.

«C'est un endroit où, même si on est en plein coeur de Paris, on a l'impression de ne pas être dans une densité urbaine qui nous envahit, mais en respect de la forêt, de certains aménagements d'arbres et de verdure», a commenté le maire Marchand au terme de sa marche guidée par le conférencier naturaliste parisien Jacky Libaud. 

«C'est intéressant. Dans le secteur de Beauport, notamment, on a des choses qu'on pourrait faire. Il y a des requalifications intéressantes», fait-il planer.

Bruno Marchand est en mission à l'étranger jusqu'au 19 novembre.

+

LU

En vue d'un ravitaillement en eau, le petit groupe s'arrête près de distributeurs d'eau installés dans un parc urbain. Deux fontaines différentes y figurent, sur lesquels on peut lire que l'une distribue de l'eau régulière et l'autre... de l'eau pétillante!

VU

Nul besoin d'aller très loin pour constater que Bruno Marchand fait désormais bel et bien partie de la sphère publique. Dès ses premières minutes à l'aéroport de Québec, les gens le reconnaissent, certains lui demandent même une photo avec lui. Sitôt entré dans l'avion, en vue du départ, l'agente de bord semble se questionner sur l'origine de ce visage qu'elle peine à replacer dans son esprit. Jusqu'à ce que son regard descende et se pose sur ses réputés espadrilles colorées. Il avait en effet choisi les orangées pour entamer le voyage. 

ENTENDU

Pour se déplacer d'un bout à l'autre de Paris, le maire et les journalistes ont emprunté samedi le métro. Du moins tenté de le faire, car lors d'un embarquement, la voix résonnant dans les hauts-parleurs a commandé à tous les passagers d'évacuer en raison de pépins sur la ligne. 

Souvent remis en question par des opposants au tramway pour son choix d'opter pour ce mode de transport plutôt que pour un métro, M. Marchand n'a pas hésité à reprendre cet incident pour ironiser sur le métro. 

«J'hésitais avec un métro, mais les preuves sont maintenant faites» que le tramway est meilleur, a-t-il blagué.

Émilie Pelletier

Émilie Pelletier, Le Soleil

Journaliste au Soleil depuis 2020, Émilie Pelletier a fait ses premières armes à la santé, en pleine pandémie. Depuis l'élection du maire Bruno Marchand, en novembre 2021, elle couvre la politique municipale et ses enjeux au quotidien.