Encore des années riches en publicités du tramway à venir

Déjà depuis cinq ans, la Ville de Québec a dépensé plus de 3,8 millions $ en publicité et en campagnes de sensibilisation afin de promouvoir son projet de tramway, révélait <em>Le Soleil</em> mercredi.

Si vous trouviez que les publicités sur le tramway se sont multipliées, vous pourriez en voir encore davantage au cours des prochains mois. La Ville de Québec compte accélérer son offensive avec la mise en chantier du mégaprojet, en 2023.


Déjà depuis cinq ans, la Ville de Québec a dépensé plus de 3,8 millions $ en publicité et en campagnes de sensibilisation afin de promouvoir son projet de tramway, révélait Le Soleil mercredi.

Et ce rythme promet de s'accélérer. 

Depuis 2019, la Ville dit travailler à «mieux faire connaître le projet». Seulement en 2022, sous la nouvelle administration de Bruno Marchand, près de 1,2 million $ ont été injectés dans différentes offensives de communication, dans l'espoir de rétablir le défaut d'acceptabilité sociale du tramway.

Ces campagnes «portent fruit», rapporte la porte-parole municipale Wendy Whittom, dans un échange de courriels avec Le Soleil, évoquant des «mesures de retombées» réalisées. 

«Les résultats des sondages de 2022 ainsi que les évaluations de nos rencontres publiques d’information et des activités de consultation témoignent des résultats tangibles dans les quartiers où nous avons déployé davantage d’efforts», énumère-t-elle.  

Le plus récent coup de sonde de la firme Léger dévoilé lundi montre que les appuis au tramway sont figés à 42 %, une légère baisse depuis le mois de mai.

Années «chargées» en communication à venir

D'ici 2028, moment où il devrait être sur les rails, le tramway traversera diverses phases de communication qui se déploieront au gré des grandes étapes de son cheminement. À commencer par 2023, année qui marquera le début de sa construction. 

Québec ne s'en cache pas: «les prochaines années seront chargées en besoins de communication», explique Mme Whittom.

«Il faudra continuer à communiquer efficacement, particulièrement sur l’évolution des travaux sur les 19,3 km et dans les 13 quartiers traversés par le tramway, et ce, auprès des nombreuses clientèles comme les citoyens se déplaçant en ville, les citoyens résidant à proximité du tracé, les commerçants, les employeurs ou encore tout autre usager de la route», indique-t-elle. 

Une fois la mise en service du tramway complétée, les offensives ne prendront pas fin pour autant. Il faudra encore «sensibiliser les citoyens en termes de sécurité routière, puisqu’un nouveau mode de transport et une nouvelle signalisation prendront place dans nos rues». 

Pas de plafond public

Ainsi, la Ville de Québec ne communique pas de plafond quant aux investissements publicitaires qu'elle pourrait réaliser dans les années à venir. Comme les sommes sont puisées à même l'enveloppe totale de 4 milliards $ réservée au projet, elle assure toutefois avoir une «planification budgétaire pour tous les aspects, incluant les communications». 

Cette dernière, réalisée pour 2019 à 2028, est fixée en moyenne de 1,85 million $ par année. Un budget «conséquent» par rapport à d'autres grands projets ailleurs au Québec et dans le monde, compare-t-on. 

La porte-parole de la Ville précise par contre que «l’utilisation de ces sommes pourrait être moindre selon les opportunités de communication et de rayonnement qui se présenteront en cours de projet».

Trop cher, ou nécessaire?

À savoir s'il jugeait que ces millions $ étaient bien investis, dans un contexte où 42 % des citoyens se positionnent en faveur du mégaprojet, le nouveau ministre de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien, a commenté mercredi qu'il les considérait nécessaires. 

«L'appui des gens pour le tramway ça passe nécessairement par de la communication et je pense que la Ville de Québec fait un excellent travail là-dessus», s'est-il contenté d'affirmer. 

Quant à lui, le tout nouveau chef de la deuxième opposition à l'hôtel de ville est sans équivoque: ils sont trop chers payés. 

«On fait des reproches à une station de radio, mais on fait la même affaire. On manipule l'information, mais de l'autre côté», illustre Patrick Paquet, en référence à la campagne publicitaire mettant en vedette un animateur de radio fictif.

«Après avoir mis tout près de 4 millions $, il me semble qu'on devrait avoir des résultats qui sont plus éloquents» dans les sondages, pointe-t-il. 

Se présentant comme un «gars de chiffres», M. Paquet calcule qu'une meilleure répartition  des répondants dans les arrondissements aurait plutôt fait afficher «le plus bas taux d'acceptabilité depuis l'arrivée du maire Marchand». 

Au contraire, la cheffe de Transition Québec, Jackie Smith, juge que les différentes stratégies de communication au sujet du tramway sont «essentielles». 

«Si on laisse toute la place aux groupes anti-tramway, les craintes vont se propager. Il faut absolument communiquer et parler du projet», exprime la conseillère municipale de Limoilou. 

La seule incohérence qu’elle souligne: le montant versé en publicités du tramway pour la station CHOI Radio X. «C’est un peu absurde de donner de l’argent à une station qui fait de la désinformation sur le tramway. C’est juste contradictoire, donc pas nécessaire», soutient-elle. 

Le procès anti-tramway approche

Le groupe Québec mérite mieux, formé des principaux opposants au tramway, était de retour devant la cour, mercredi, en préparation pour le procès qui sera lancé le 5 décembre. 

Il était question des fameux documents avec les discussions du Conseil des ministres, concernant le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Me Guy Bertrand espère mettre la main sur son contenu, tandis que le gouvernement du Québec maintient que les discussions des ministres doivent demeurer confidentielles. Le juge Clément Samson a pris la question en délibéré et doit rendre sa décision écrite d’ici deux semaines. 

Concernant les millions $ déjà dépensés par la Ville pour toutes les communications publiques entourant le tramway, Québec mérite mieux estime qu'il s'agit de «gaspillage»

«J’espère que la Ville va finir par comprendre que son projet n’est pas accepté par la population. Elle a beau dépenser et faire des campagnes de promotion pour essayer de nous convaincre, avec des séances d’informations bidons et contrôlées, ça ne marche pas. Elle doit se rendre compte qu’elle ne peut pas convaincre la population», insiste Donald Charette, porte-parole du groupe. 

Il est d’avis que la majorité des citoyens de Québec rejette le tramway. Toutes les stratégies de communication «ne peuvent pas fonctionner» pour la faire changer d'idée. 

«Si je me fie aux déclarations du maire, il a l’air décidé à aller jusqu’au bout. Il n’a pas l’intention de reculer. On maintient donc notre pression en cour. Le dépassement des coûts arrête où?» ajoute M. Charette.